Olivier Echouafni est un homme de football et de télévision.

On ne va pas réécrire la trajectoire football d’Olivier Echouafni. En tant que joueur, il a été un sacré joueur de L1. A 43 ans, titulaire du BEPF depuis 2012, le joueur habitué de la Ligue 1 (OGCN et Marseille), est devenu un entraîneur de Ligue 2 reconnu par le FC Sochaux (2014-2015) après une reprise en mains d’Amiens (2013) en National à la place du renommé Francis De Tadeo qui bloquait à la 17è place, malgré sa rondeur et sa pédagogie : environnement physique, tactique, technique et psychologique.

Un premier banc avec un résultat honorable. 

Il a réussi son contrat avec Amiens pour qui c’était impossible à envisager pour un club qui, dans cette division, faisait figue de favori pour la montée en Ligue 2 avec le plus gros budget (6 millions d’euros). Olivier Echouafni finira à une honorable 6è place. Montée qui se fera pour l’US Orléans de l’ancien cristolien Olivier Frapolli, le Gazelec du mythique Président d’honneur Fanfan et l’inattendu Luzenac qui fera l’actualité dans la foulée : montée refusée pour raison administrative.

En une soirée, Genghini repart avec deux noms qui deviendront sochaliens (2014)

Le football masculin est fait d’opportunités. Lorsque le Paris FC reçoit Amiens (le 11 avril 2014), Bernard Genghini, le recruteur du FC Sochaux est dans « les tribunes » du stade de la Porte de Montreuil avec le Président Ferracci et son directeur sportif Alexandre Monier.  Il vient pour superviser Karl Toko Ekambi, jeune camerounais qu’Alain MBoma (2011-2012) a lancé dans le bain quelques saisons auparavant.

L’ancien de 82 n’aura pas fait le voyage pour rien puisqu’il repartira avec deux noms qui deviendront deux recrues. D’abord Karl Toko Ekambiqui rejoindra les rives du Doubs pour jouer une place en Ligue 2 que peu lui auraient attribué, tellement le joueur à cette époque, était fluet et mince. Et, sur le banc à proximité, il notera le coaching d’Olivier Echouafni pour Amiens qui deviendra le coach du Fc Sochaux.

Pourtant le match aura été terne et se terminera sur un (0-0). C’est loin mais je m’en souviens bien. Un match de National où chaque équipe gomme ses défauts, en espérant que l’adversaire se « lâche » une fois. Rien d’intéressant si ce n’est le calcul habituel des fins de saison en zone mixte, avec les dirigeants parisiens et Laurent Pruneta, à calculer les points pris par les autres, pour ce PFC revenu de l’enfer (relégation sportive annulé la saison précédente) et qui pointait son nez pour une montée en Ligue 2 que Christophe Taisne validera l’année suivante.

Olivier Echouafni lance le fluet Karl Toko Ekambi en neuf en Ligue 2. 

Le jeune camerounais, revenu de blessures, gagne sa place de titulaire en Ligue 2. C’est Olivier Echouafni qui lui a donné. Quand vous voyez les profils des défenseurs de Ligue 2. Ce n’était pas garanti d’avance. D’autant plus que, dans ce match, c’était plutôt Bonguigui qui avait flambé et j’ai en mémoire un centre parfait que l’avant-contre convoité du PFC avait réussi à mettre de côté, d’une tête impardonnable à manquer, à ce niveau de la compétition.

Depuis Karl Toko-Ekambi est maintenant au SCO d’Angers (Ligue 1). Il est devenu international camerounais. Pourtant fin comme un oiseau et placé en neuf. Poste soumis à bien plus d’un regard.

Pour qui connait vraiment le football autrement que dans un canapé, ou en train de toucher simplement une balle qui rebondit en se disant : « je connais le football », c’est cela Olivier Echouafni. Tenter et réussir à mettre en valeur un joueur qui ne paraissait pas avoir le physique pour (essentiel en Ligue2). Aujourd’hui en Ligue 1. C’est une performance.

J’écris cela car je trouve les commentaires dubitatifs. Même peu élogieux. En football masculin, tu gagnes tu es le meilleur. Tu perds, tu es le plus nul. C’est très simple. Sauf qu’il n’y aura jamais un coach gagnant en football masculin qui viendra s’occuper d’une équipe féminine. La différence est énorme. C’est un gouffre. Il faut dire un petit peu de vérités quand même si on veut que les gens produisent une réalité d’efforts. Ce football féminin ne vit qu’avec des miroirs déformants autour de lui.

A l’inverse, celui qui perds en football masculin peut très bien gagner le lendemain. La frontière est minime. Très fine entre la victoire et la défaite. Les coaches perdants sont d’excellents coaches. Sauf qu’ils ont perdu avec cette équipe.

Vasseur a été excellent avec Créteil. Il a été perdant avec Reims. Il est bon pour les gens de Créteil. Nul pour ceux de Reims.

Les règles des coaches professionnels.

Après, il a subi les affres des intérêts de la Ligue 2 quand l’attente dépasse les résultats et que l’environnement prépare la planche qui fera faire un « salto arrière » au coach du moment. C’est ainsi qu’il se retrouve « sorti » du sérail des coaches en poste. Un Pôle Emploi qui est rempli d’ex-titulaires prestigieux comme anonymes bien qu’ayant de nombreuses compétences.

Le football féminin

Il lui restera à intégrer toute la dimension féminine du poste. Celle visible mais surtout celle invisible qui ne se verra qu’avec le temps. Les différences de niveaux, quand une équipe comme Juvisy qui se présente comme seconde du championnat de France, après un mois de préparation et qui perd (1-3) face à une équipe de U16 garçon de Montrouge ??!

Il y a une forme d’inconstance et un regard qui doit être différent du monde des hommes. C’est certainement le plus difficile à acquérir. Les jeunes femmes n’acceptant pas la critique de cette différence et pour un joueur qui a connu les exigences du très haut niveau masculin, il faut ramener tout cela à l’échelle du football féminin tout en comprenant qu’il est le meilleur en terme de production.

Il y a une seconde difficulté, c’est que l’EDF gagne tous ses matches facilement et ne perd que rarement, … seulement ceux qu’il ne faut pas perdre. Tout en jouant bien. Ce n’est pas simple.

La France a le record du monde de rupture de contrats ? 

Il est là, au minimum pour deux ans. Quoi que, dans le football féminin, la France a la médaille d’Or des sélectionneurs qui sont remerciés avant la fin de leur contrat. Bruno Bini. Philippe Bergerôo. Il semble que les joueuses ont leur mot à dire. L’environnement aussi. Impensable dans un univers masculin. Très développé dans l’univers féminin. Bien trop. Le fameux Girlpower.

Et puis cette éternelle étoile : un titre. Quand nous sommes les seuls à ne pas en avoir.

Un bon choix.

Normalement, il a toute la « gnac » pour ramener un titre pour la France. Il est jeune ; son style est agressif. S’il impose son point de vue, la France va prendre du tonus et sera au niveau de la mentalité de John Herdmann (bronze Canada Olympique 2012 et 2016) ou de l’anglais Mark Sampson (bronze mondial 2015).

L’Euro 2017 parait bien placé pour cela. Toutes les nations ont eu leur lot de récompenses (Allemagne Or Olympique, Suède Argent Olympique, Angleterre Bronze mondial, Norvège vice-championne d’Europe 2013). Aucune ne condamnera le titre français. Même mieux, toutes l’applaudiront. Personne ne comprend pourquoi la France n’a encore eu aucune récompense.

2019 sera une autre paire de manches. 2019 intégrera des jeunes. Et pour l’instant, ces jeunes sont l’inconnus. Il reste que tout cela est loin et que le chemin se fait match par match.

A titre personnel, en prenant une équipe féminine, aussi prestigieuse que l’équipe de France (3è Fifa) avec beaucoup d’attentes fédérales au regard de la Coupe du Monde que la France organise en 2019 ; le nouveau patron des « bleues » prend un sacré risque. On a encore jamais vu un avenir « féminin » redevenir un « présent masculin ». Patrice Lair, Farid Benstiti, Bruno Bini peuvent le confirmer.

La seule qui a réussi : Corinne Diacre. Comme d’habitude.

Je serais à sa place : je la jouerais perso et n’entrerais pas dans les réseaux. Deux ruptures de contrat. Il y a mieux comme corbeille de mariage. Surtout que les ruptures entraînent l’anonymat définitif. Encore plus quand cela vient du monde féminin où les possibilités d’embauche ne tiennent sur aucune main ! Il faut créer souvent un 6è doigt. Il va être très sollicité et très vite labellisé « football féminin ». Un monde à part. Il ne faut pas oublier que le poste a essuyé de nombreux refus. Ce n’est pas sans raison.

L’homme connaît les médias.

Intervenant auprès de Bein sports (2012-septembre 2013) ; intervenant sur l’émission « les spécialistes » et « jour de foot » sur Canal +, l’homme connaît tous les princes et les princesses de la télévision française qui font le A et le E des notes et des commentaires.

Habitué des médias avec la couverture d’Eurosport en Ligue 2, il est le meilleur candidat à ce poste comme aurait pu l’être un Jean-Luc Vasseur.

C’est une superbe garantie pour la fédération. Les matches sont facilement gagnés. A moins d’un tsunami, l’équipe de France va reprendre des couleurs en 2016-2017.

Les conséquences à court terme

Sans nul doute, la nomination d’Olivier Echouafni remet en selle Gaetane Thiney, elle même intervenante dans « les spécialistes », qui n’a plus été sélectionnée, à tort, depuis le 26 juin 2015 et le quart de finale de la Coupe du Monde face à l’Allemagne (1-1).

Puis-je me permettre d’avoir été un de celui qui en a fait le plus tôt l’écho ? Et de continuer quand tout le monde s’était arrêté. Accordez moi d’avoir écrit des choses excellentes qui avaient pourtant disparu du club de la Présidente qui pourtant l’avait sollicité ! Incroyable, on vous demande quelque chose, et tout cela disparait « sous la neige » des envies d’opportunités d’autres constituées de mensonges pour qu’ensuite, on vous re-sollicite ?

Lorsque l’on fait cela, c’est que la personne a été mauvaise dans sa mission. Ce n’est pas du tout le cas. J’ai été plus que parfait. J’ai réalisé de vraies performances pour ces jeunes filles et pour les autres. Alors il y a d’autres raisons. A charge pour ceux qui les dirigent de les rechercher. On travaille avec des gens qui se ressemblent. Mon temps est malheureusement, comme pour tous, compté.

Si on connait le football, on sait déjà que l’homme va amener un jeu percutant qui est la nouvelle marque des coaches masculins dans le football féminin, à l’instar du canadien John Herdmann (Canada, bronze 2016 à Rio) et de l’anglais Mark Sampson.

Le Fcf Juvisy se repositionne dans cet ensemble. Pour ma part, je ne changerais pas d’un iota. Mes raisons sont fortes. J’ai encore en mémoire les larmes téléphoniques d’un homme qui m’avait appelé. Pour qui se prennent ces gens du football féminin ?

A l’évidence, il faut s’attendre à ce que les sites internet aient bien moins de tolérance et la communication passera par « les médias traditionnels et ceux acceptés ».

William Commegrain lesfeminines.fr

  • France – Brésil au Stade des Alpes Vendredi 17 septembre – 21 heures /
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