Itw fait en mars 2016

Est-ce qu’il n y avait pas toujours un noyau, une base de joueuses?

Linda Bresonik. Si on regarde bien, combien de matches Marie-Laure Delie, ou combien de matches Laure Boulleau ont joué ? Delie a passé son temps sur le banc. Shirley Cruz a de grands problèmes avec son genou, elle va, je pense arrêter sa carrière. Dans les matches peu importants on l’a ménagé. Pour moi elle est largement la meilleure joueuse.

La capitaine, Sabrina Delannoy, huit ans capitaine, elle ne l’est plus. Tout cela ce sont des choses qui ont un certain goût et qui font que les joueuses sont mécontentes et que des joueuses n’ont pas de grande confiance en elles-même.

Je crois que, malheureusement, le projet va échouer à cause de cela. Puisque en trois ans, c’est maintenant la quatrième année, pas une fois on est devenu champion, on n’a pas gagné la coupe, et pas une fois on n’a gagné la Ligue des Champions. On n’a rien atteint. Pas un titre. Et on a dépensé beaucoup d’argent. Je crois que le projet sera fini cette année, parce qu’il y a beaucoup de contrats qui touchent à leur fin. Le club ne va plus beaucoup investir dans la section féminine.

L’équipe tricolore, les « Bleues » – elles sont devenues très fortes ces dernières années, mais elles sont restées sans titre. Comment voyez-vous le développement de la sélection française ?

Linda Bresonik. C’est absolument positif. À mon avis la sélection française est une des meilleures équipes. Elles ont fait des progrès énormes. Elles ont des joueuses excellentes qui jouent ensemble depuis des années. Pour moi c’est l’équipe techniquement la plus chevronnée, elles jouent un très beau foot et c’est l’équipe la plus intelligente.

J’en suis complètement enthousiaste, comme on peut remarquer. Les françaises sont trop faibles mentalement. Avant un match important elles n’avaient pas les nerfs solides. Exemple typique : lors de la Coupe du monde elles ont été éliminées lors des tirs au but par l’Allemagne. Je ne sais plus si c’était un quart de finale, où elles ont échoué complètement.

Dans le match elles avaient été largement supérieures, mais elles ont perdu aux tirs au but, parce qu’elles avaient les nerfs fragiles. Les françaises ont échoué à cause de cela ces dernières années, mais je crois que sélectionneur actuel les a mises sur la bonne piste, aussi mentalement. Il les a consolidées un peu. Elles me paraissent plus consolidées et pour moi elles sont absolument prétendantes au titre pour les Jeux Olympiques.

De nouveau vous évoluez dans le championnat allemand. Après trois ans en France est-ce que vous avez remarqué en Allemagne des choses qui ont changé, des différences?

Linda Bresonik. La saison passée j’ai joué en deuxième division, cela a été pour moi une toute nouvelle expérience. Le niveau est nettement plus bas par rapport à la première division. J’attendais une deuxième division plus forte. Ce que j’ai remarqué dans la Bundesliga, ce qui n’existe plus tellement, ce sont les vrais outsiders, comme on les avait avant. De plus, au milieu du classement les clubs de Hoffenheim, Fribourg, Essen, et Sand sont plus proches l’un de l‘autre mais c’est le FC Bayern München qui a vraiment fait un grand saut avant.

Quand vous avez assumé la tache d’aider à ce que le MSV Duisburg se retrouve en première division , est-ce que vous avez cru que cela serait si facile ?

Linda Bresonik. Me retrouver en première division était absolument mon objectif numéro 1. Je ne pouvais pas estimer la vraie situation de la Bundeliga 2, et pour cela je n’avais plutôt aucun pressentiment. J’ai trouvé la plupart des matches plutôt faciles. L’équipe adverse que j’ai trouvé forte, à ma surprise, c’était le FSV Gütersloh. Après avoir gagné les six premiers, sept matches, pour moi tout était clair. Après les matches aller j’ai dit : « Maintenant nous allons monter, mais je ne veux perdre aucun match, je ne veux même pas perdre un point ».

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Il y a quelques joueuses allemandes qui évoluent en France, par exemple Pauline Bremer à l’Olympique Lyonnais, les autres au Paris Saint Germain, tandis qu’il n’ y a qu’une seule française qui actuellement joue en Bundesliga, Elise Bussaglia du VFL Wolfsburg. Est-ce que les joueuses allemandes qui évoluent en France sont plus prêtes parce qu’elles ont plus de confiance, tandis que les françaises semblent hésiter? Quelle est la raison, qu’est-ce que vous pensez?

Linda Bresonik. Si on veut avoir une bonne joueuse française, il faut regarder auprès de l’Olympique Lyonnais. C’est là que joue presque toute la sélection française. Je crois que c’est difficile de les rémunérer mieux ici en Allemagne, parce qu’elles sont très bien payés à Lyon. Elles y jouent depuis des années, ont des conditions excellentes et se sentent très bien là-bas. Ce sont les raisons pourquoi il est bien difficile d’attirer une bonne joueuse française.

Pour nous, les allemandes, c’est déjà plus intéressant d’aller en France, puisqu’en Allemagne il n’y a pas vraiment un club comme l’Olympique Lyonnais. En Allemagne les meilleures joueuses sont toutes un peu réparties dans les différentes équipes, parmi d’autres, c’est aussi une raison. Cependant le fait que Pauline Bremer ait rejoint l’OL m’avait très surprise, je ne m’y attendais pas.

Les français sont toujours intéressés à avoir de jeunes joueuses, mais beaucoup de jeunes joueuses en fait ne sont pas prêtes à s’engager à l‘étranger. Alors, elle a été une des premières jeunes joueuses à avoir le courage de faire ce pas. Pour les allemandes – et heureusement – l’école ou la formation, les études sont plus importantes que de gagner quelques Euros de plus en France. Nous savons toutes qu’après le foot nous devrons encore exercer un métier.

Quels conseils est-ce que vous donneriez aux joueuses allemandes qui auraient intérêt à jouer en France?

Linda Bresonik. Moi-même je suis de l’avis qu’il faut toujours entendre et regarder les propositions qui sont faites. En tout cas il faut avoir de la patience. C‘est la mentalité, tout va un peu plus lentement et on souvent on attend. Il y a des choses qui ne passent pas par deux bureaux, mais par huit bureaux. Je tiens à donner cette information.

Sur le plan du foot, le niveau en Bundesliga est plus élevé. Il faut s’y attendre. Il faut aussi savoir que parfois on joue dans de vieux stades où il peut aussi arriver qu’il n’y ait point de confort.

C’était une super expérience, parce que j’aime bien les français. J’ai passé du très bon temps là-bas, très positif, et j’ai fait la connaissance de beaucoup de gens avec lesquelles je suis toujours en contact. Et je parle couramment le français ce qui me plaît beaucoup. Pour tout cela, ces trois ans en France étaient magnifiques pour moi, je ne peux pas dire autrement.

De ces trois ans qu’est-ce que vous avez particulièrement retenu?

Linda Bresonik. Des expériences positives comme par exemple la dame qui m’a loué mon appartement qui était très gentille. Elle habitait directement dans l’appartement en face, elle était comme ma mère. J’ai passé beaucoup de temps avec elle, presque tous les jours j’ai déjeuné avec elle. Quand j’étais chez moi, elle faisait toujours la cuisine pour moi.

Elisabeth avec sa copine Brigitte, à Paris, étaient les personnes les plus importantes pour moi. Elles m’ont aussi déjà rendu visite ici en Allemagne et je suis toujours en contact avec elles. Ce temps et ces rencontres m’ont vraiment marqué. En plus la beauté des vieux bâtiments et chaque semaine je suis allé au marché. Aller à un marché en France, ce n’est pas comme chez nous. C’est différent, ils ont des choses magnifiques. Et la qualité de vie est vraiment très, très élevée.

Est-ce qu’il y a encore un match où vous avez un souvenir spécial?

Linda Bresonik. Oui, une belle expérience. Le match à domicile contre Juvisy dans le stade Charlety. C’était dans ma première année, le score était 1 : 1 et j’ai marqué 2 : 1. Le but décisif avec mon pied gauche, on peut encore le voir quelque part sur youtube. C’était un des plus beaux moments pour moi à Paris.

Merci pour cet interview. Lesfeminines vous félicite pour cette montée en Bundesliga.

Gerd Weidemann et William Commegrain. Lesfeminines.fr