La capitaine de l’équipe de France semble être née pour s’inscrire dans les statistiques du football féminin.

Là voilà, en ce jour anniversaire de ses 26 printemps, avec 77 sélections pour le record international de 18 buts marqués (*), quand elle se trouve, depuis le début de sa carrière, au milieu de la ligne arrière, trônant comme l’Empereur allemand qu’était Beckenbauer, mais plus près d’une Pirate de la Défense comme la Guêpe Laura Flessel, venu du haut d’un mat avec un sabre pour d’une quinte, retourner le bras armé et le désarmer, cherchant toujours avec intelligence, à utiliser bien plus son esprit que son corps pour prendre le dessus sur un adversaire, dont je ne sais même pas, si l’une d’entre elles a pu dire qu’elle avait été blessée par une intervention de la tricolore !

En fait, Wendie Renard a aussi du Marius Trésor en elle. Celui qui a inventé le tacle propre. Celui fait quand l’attaquant a les 50 centimètres d’avance, laissé ou non par le défenseur, et que ce dernier se lance et non pas se jette, pour d’une pied ferme, faire envoler ce ballon sans toucher le joueur. Trésor ne touchait jamais le joueur. C’était comme un interdit. Il fallait faire les choses proprement.

Elle a ce côté longiligne et precis comme une Marie-José Pérec qui pouvait couper d’une épaule, la course en vainqueur, revenue de loin. Du diable vauvert.

Wendie Renard fait les choses proprement. Mais comme « Imité ka détenn. » (Imiter fait déteindre) Wendie Renard, a crée sa propre marque dans le jeu féminin. Regarder, comprendre, agir, prendre, s’imposer et proposer aux autres. Accepter l’erreur pour mieux la maîtriser et ne pas la renouveler. Le duel aérien perdu en Coupe du monde face à Abby Wambach, personne ne peut dire qu’il l’a revu une seconde fois. Il ne le reverra pas.

Mais elle possède encore plus de choses. Elle regarde.

C’est incroyable de voire cette fille porter son regard sur un match. Le sien. Celui des autres. Elle semble planer comme le font les ailes au-dessus d’une proie. Impassible. Dans l’attente d’un moment, le bon. Et tout d’un coup, il s’annonce. Alors, c’est un vol de certitudes qui amène la capitaine tricolore a réaliser son action. La sienne. Pas celle des autres. Elle est partie et tout le monde sait, dans l’équipe, que cette Histoire est à Elle.

Elles la regardent. La servent. Et attendent le résultat.

Wendie Renard a la modestie des gens qui travaillent. Elle sait tout cela mais ne le revendique à aucun instant dans les mots. Elle sait qu’elle a la force de le faire vivre dans ses actes et c’est toute sa vérité. Une vérité qui vient de loin. D’une culture, d’une éducation, d’un passé qu’elle entretient, protège, valorise, pour un jour le redonner, jour après jour, à d’autres.

Être et prouver.

Le football lui a apporté cela. Cette capacité à grandir et évoluer et étant réellement ce que l’on est. C’est la magie du sport de haut niveau. Elle le sait. En cela, elle sera toujours reconnaissante au football mais elle sait aussi que c’est Elle et personne d’autre qui réalise la Performance. Qu’à trop reconnaître l’apport des autres, on peut en oublier le sien.

« Tout Tan ou ni lajan ou ni zouti » dit le proverbe créole de la Martinique. « Tant qu’on a de l’argent, on a des outils ». Associer à un autre, plein de vérités : « Pa pranw on mouch pou léfan » « Ne prends pas une mouche pour un éléphant » dit que la trajectoire de la martiniquaise ne s’arrêtera pas là.

Ne cherchez pas chez la jeune capitaine Tricolore l’exercice des valeurs qui la rendrait « proie facile ». Loin s’en faut. Elle sait comme tant d’autres et peut-être plus que toutes autres défendre son intérêt et il va s’en dire que le silence n’empêche pas de savoir dire « non ». Il met juste en valeur la force d’un « oui ».

Alors avec tout cela, et bien d’autres choses qui sont à Elle, Elle part pour les JO de Rio 2016. C’est sa 5è compétition internationale (Coupe du Monde 2011, JO de Londres 2012, Euro 2013 2013, Coupe du Monde 2015). Pour la seule lyonnaise 10 fois championnes de France, 6 Coupes de France, 3 Coupes d’Europe.

Si elle est d’accord de laisser le porte-drapeau à d’autres qui le justifie plus.

Pour LA MEDAILLE. C’est à personne qu’elle ne la laissera.

26 ans. « Bondié pa ka domi« . (Le Bon Dieu ne dort pas). Traduction : La justice s’impose tôt ou tard

William Commegrain lesfeminines.fr

PS :

  • J’oubliais. Il parait qu’elle est grande (1m87). Souvent la plus grande des participantes. Mais cela, elle a réussi à en faire un détail.
  • (*) la défenseuse qui doit avoir marqué le plus de buts en matches internationaux.