L’Euro 2016 est lancé et le train du football va prendre sa vitesse de croisière avec un second match pour chaque équipe qui donnera le droit – ou non – d’espérer de sortir du groupe pour entrevoir de jouer au jeu « du tout est possible » dans les matchs à élimination directe qui vont suivre, à compter des huitième.

La seconde journée qui commence aujourd’hui pour se terminer le 18 juin va vite nous faire oublier la première qui pourtant n’est pas neutre en enseignements.

Il n’y a plus de petites équipes.

Cette phrase que les Guignols de l’Info pourraient à satiété faire répéter aux icônes du football, à l’exception de celle de Zlatan qui ne correspond pas au personnage, trouve toute sa réalité avec le résultat de l’Islande face au Portugal (1-1) d’une part, mais pour éviter toute blague « franco-portugaise » mal à propos sur l’habituelle ritournelle de la sélection lusitanienne en compétition, peut d’autant plus se justifier par les scores serrés qui ne dépasse jamais le 2-0, résultat qui nous parait dithyrambique, après ces quelques journées de football européen.

L’Italie a fait une partie offensive incroyable.

Dans les années 80, pour justifier des défaites françaises, on utilisait le catenaccio comme justification d’une « clean sheet » italienne et la culture tactique des azzuris était telle que nous avions l’impression d’être devant une montagne à chaque opposition avant que Michel Platini et sa bande n’ait réussi à trouver les premiers, le passage.

La finale mondiale de 2006 (France Italie) n’en avait pas été autrement et on cherche encore les occasions italiennes quand on se souvient de la tête de Zidane sous la barre que Buffon avait détourné privant la France d’une seconde couronne, vexé que ce dernier avait ouvert la marque française sur un geste critiquable, en finale, devant un milliard de spectateurs : une Panenka. Au final, c’était une quatrième étoile qui était venue orner le maillot italien.

D’habitude, l’Italie pour gagner fait simple : elle joue mal ses premiers matches et finit en trombe.

Pour cet Euro 2016, l’Italie, 12è FIFA, a joué un match offensif d’une rare qualité face à la Belgique, classée n°2 mondial, même si personne n’est capable d’expliquer et de justifier d’une telle place sur le podium mondial pour les belges.

Leonardo Bonucci : « On a été excellents en attaque, mais on aurait pu gagner sur un plus grand écart en étant un petit peu plus précis. Cette victoire vaut ses 3 points, mais ce n’est pas fini. On veut surprendre tout le monde. Demain, on va commencer à penser à la Suède. »

On a rarement vu autant de débordements sur les côtés, de tirs cadrés, de centres qui ont trouvé la tête de Pellé et Thibaut Courtois a fait une partie incroyable, sinon le score aurait été, certainement bien supérieur à trois unités.

Les deux buts italiens sont justes superbes de qualité technique et de contrôle devant le but et je ne suis pas certain que les azzuris soient capables de renouveler une telle performance de maitrise et de certitudes.

LA LECON ITALIENNE

J’ai vu deux choses que les autres pays n’ont pas utilisé. La première, c’est la volonté d’amener très rapidement la balle dans les 35 mètres adverses en cherchant long, un joueur démarqué sans qu’il ait le risque de se faire prendre le ballon. L’idée n’était pas la rupture à l’anglaise, c’était la certitude italienne. Pour cela, les transversales croisées ont été nombreuses et l’excentré, s’est à chaque fois démarqué, pour se proposer sans risque et il a pu poser ainsi, le jeu haut de l’équipe italienne.

Les latéraux belges sont restes dans leur zone. Sans adversaire. Les 2 excentres des 5 milieux sont restés disponibles pour recevoir le ballon comme des « quaterbacks » de football américain.

Le premier but vient d’ailleurs d’une passe longue, d’une incroyable Justesse technique, de Chiellini  (défense centrale, 33 ans, Juventus) pour Giaccherini (31 ans, Bologne).

C’est juste énorme de prendre un but en 2016 sur ce genre de mouvements. Les passes longues dans le football actuel, avec le physique des joueurs, il est impossible de les avoir et encore plus d’en faire un but. Voyez le nombre de fois où le défenseur prend le dessus sur l’attaquant. Là, la passe est longue, dans l’espace. On ne cherche pas l’appui mais l’action offensive et surtout la passe qui empêche le duel statique « défenseur-attaquant ». La Belgique fera exactement le contraire, et elle s’engluera dans la défense italienne, à part une seule fois, où Lukaku (23 ans, Everton) a bénéficié d’un espace de contre, servi en une touche par Kevin de Bruyne (Manchester City, 24 ans), « qu’il vendengera » à l’extérieur des buts vides.

Le second but italien constate l’expérience et le calme qui vont avec les italiens. Il est fait d’un mouvement d’Immobile qui porte mal son nom, auteur déjà d’une première frappe qui inquiétera Courtois, pour apporter le jeu à son opposé et permettre, là encore une passe croisée que Pellé (31 ans) reprendra d’un geste superbe qui aurait pu finir dans les étoiles, mais qui restera cadré et au fond. Incroyable d’application dans son geste. Une maitrise totale devant 40.000 spectateurs pour un but obligatoire et qui sera marqué.

Il faut avoir le coeur bien accroché, car des reprises de volée hollywoodienne, on en a vu plus d’une ! Là, il ne pense qu’à une chose. Fermer son geste juste après l’impact pour que la balle parte droite. L’expérience et l’application, voilà la seconde leçon que j’ai reçu des italiens.

L’Italie a été la meilleure équipe de cette première journée. Elle est faite de joueurs d’expériences dont des trentenaires nombreux. C’est peut-être un signe pour aller dans le dernier carré.

Plus loin ? Moins évident car les statistiques ont montré leurs vérités avec l’Angleterre Russie (1-1 à la 92′) renvoyant les anglais à leurs principes habituels, défaites ou matches nuls dans le premier match de leur compétition.

Quand l’Italie commence mal, elle gagne. Quand l’Italie commence bien, elle finit en quart ou en demi-finale.

Quel a été l’enseignement Italien ? Amener immédiatement le ballon dans le camp adverse, par jeu long, croisé sans risque, et attaquer en étant appliqué dans les moments cruciaux.

Dans le milieu de la seconde mi-temps, l’Italie oubliera ce principe. Elle aura beaucoup de pertes de balles et jouera « la tête dans le guidon », luttant avec des duels de milieux de terrain, pour se reprendre en fin de match.

L’Italie, une bonne défense, certes mais quelles qualités offensives sur ce match  !

William Commegrain lesfeminines.fr