D’habitude, on perd face à l’Allemagne lors de la séance des tirs au but. Aujourd’hui, l’Olympique Lyonnais a renversé l’Histoire des aficionados entre nos deux nations. Elles sont deux à avoir réussi l’exploit : Sarah Bouhaddi, la gardienne tricolore. Saki Kumagai, la dernière tireuse. Saki Kumagai avait donné le titre de Champion du Monde au Japon en 2011, en marquant le dernier pénalty face aux USA, 1ère mondiale. Cinq ans après, à la date anniversaire de la seule victoire masculine d’un club français (Olympique de Marseille face au Milan AC), l’internationale japonaise, vice-championne olympique 2012, vice-championne du monde 2015, place le 5ème tir au but vainqueur au fond des filets de Schult et signe, pour la France, la fin d’un cauchemar : les séances de tirs au but perdues face à l’Allemagne.

Merci Saki. Merci encore.

Sarah Bouhaddi, de son côté, avait fait resurgir le spectre de la victoire allemande quand, percutée par Alexandra Popp sur son seul véritable ballon, on voit l’allemande user de toute sa force pour égaliser (1-1), sans avoir une seule véritable occasion à se mettre sous la dent. C’était la seule. Elle était allée au fond.

Egalisation à la 88′ (1-1) face à un club allemand. De quoi faire peur.

Pour une fois, le jeu et la règle demandaient les prolongations et les joueuses des deux camps s’essayaient à s’imposer à l’autre en ayant toujours à l’esprit de ne pas trop se livrer, au risque de perdre la partie. Chacune sachant que les moyens physiques allaient rendre la partie de plus en plus difficile. A la 92′, sur une action Dickenmann, Bussaglia, c’est Alexandra Popp qui a une superbe balle au second poteau qui finit extérieur. Immédiatement après, c’est Amel Majri qui fait courir un frisson à tous les supporters allemands. Son tir s’échappe devant les buts allemands (93′) et dans la continuité, Lotta Schelin s’échappe sur la gauche pour imposer un tir cadré (94′) et montrer ainsi que l’Ol est toujours devant au chapitre des occasions.

Les statistiques de l’UEFA le montrent bien. A la fin de la première mi-temps, on décompte 11 tirs lyonnais pour 5 cadrés quand Wolfsburg n’a qu’un seul tir à son actif. Extérieur.

La plus belle occasion sera celle de Louisa Necib qui frolera la lucarne (64′). Un tir magnifique de décision et de précisions. Quand  celle qui aurait pu aggraver le score lyonnais se construira sur une balle longue d’Amandine Henry qui trouvera Eugénie Le Sommer, pour un jeu à deux avec Ada Heggerberg, mettant l’internationale française seule face à Schult qui sortira l’action française d’une main ferme (26′).

Pauline Bremer sera la joueuse du match en se situant très haute à droite, laissant la place de latérale à Amandine Henry, dans une défense à trois que Wolfsburg n’arrivera jamais à contrer ou à inquiéter, sauf en fin de rencontre (88′, égalisation d’alexandra Popp).

La jeune allemande trouvant là, certainement une motivation bien franche, elle qui avec Potsdam subissait plus que de raisons, la supériorité de Wolfsburg. Là, la vengeance est nette puisque son opposante directe ira « manger la poussière » de la magnifique pelouse italienne quand elle perforera sur la droite et trouvera une Ada Hegerberg opportuniste qui marquera son 13è but, à la manière d’un Bernard Lacombe. Tout en intuition.

A la mi-temps, Gerard Précheur demandera à ses joueuses de continuer à jouer, sans réfléchir aux conséquences, mais en s’imposant face à leurs adversaires. C’est ce que fera le groupe lyonnais et chacune trouvera le moment et la volonté d’aller de l’avant, de telle manière qu’il semble impossible à Wolfsburg de revenir.

Sauf qu’à la 88′, les allemandes reviennent. Comme elles sont revenues face à l’équipe de France lors du quart de finale de la Coupe du Monde (83′). Comme elles ont marqué lors de la finale de 2015 face au Paris Saint Germain (92′). Comme on pouvait le craindre quand Schult arrête le premier tir au but lyonnais : celui de la buteuse Ada Hegerberg, meilleure buteuse du championnat de France. Meilleure joueuse lors des trophées de la Fédération.

Tout semble aller à l’encontre de l’Olympique Lyonnais puisque Alexandra Popp, Kerschowski et Peter mettent trois tirs au but imparables quand lotta Schelin et Wendie renard ne se laissent pas déstabiliser par le jeu de Schult qui laisse volontairement un espace très grand à sa gauche pour attirer le tir lyonnais.

On est toujours a 2-3 pour Wolfsburg et rien ne laisse penser que la machine peut se retourner. C’est l’Allemagne dans nos esprits français.

Sauf que Nilla Fischer, capitaine de Wolfsburg, suédoise internationale, s’approche pour tirer. 10 minutes après une crampe qui l’a laissé sur la pelouse, en difficulté. Elle cherchera la sécurité et Sarah Bouhaddi bloquera ce tir égalisateur juste après que Wendie Renard, la capitaine lyonnaise, soit allée la voir pour l’encourager.

On est à égalité parfaite puisque Griedge Mbock équilibre les comptes avec un 3-3 pour la quatrième série.

Elise Bussaglia s’élance, les deux joueuses se connaissent parfaitement. L’internationale française prendra le même côté et Sarah Bouhaddi ira chercher cette balle qui lui offre la finale européenne. La française en est à son deuxième arrêt de la soirée et on ne peut que se souvenir de son magnifique arrêt (pénalty) en février 2015, face à Abby Wambach, qui avait donné la première victoire française face aux USA depuis plus de 15 ans.

Reste que si la gardienne tricolore a fait plus que son travail. C’est à Saki Kumagai de le valider. Incroyable sort de l’histoire, c’est elle qui avait donné le titre au japon, en 2011, lors de la finale de la coupe du monde face aux USA. On la voit nettement souffler et la balle aller, sereinement, au fond des filets.

L’Olympique Lyonnais se transforme en un volcan de bonheur. Le troisième titre européen est pour la ville de Lyon. Jean-Michel Aulas retrouve le titre royal. Gérard Prêcheur, venu pour la gagner, savoure un bonheur réel. On voit les larmes de bonheur de Lotta Schelin qui quitte l’OL sur un triplé historique et Louisa Necib se demande si elle doit vraiment arrêter sa carrière après un tel bonheur.

L’Olympique Lyonnais monte sur le toit de l’Europe. Avec la plus grande des légitimité. Et peut crier : « Nous sommes les championnes d’Europe ! »

Respect. Joie et Bonheur.

Un nouveau titre. Un second triplé historique après celui de 2012, voici 2016 ! Lyon est sans contestation, la meilleure équipe d’Europe.

William Commegrain lesfeminines.fr