Les féminines parisiennes ont le sens marqué de l’objectif. C’est le propre des sportives de haut niveau et notamment de celles qui ont pris pour habitude de gagner. Le dernier objectif qui leur restait à assumer était celui de renouveler leur place européenne pour la quatrième de fois de rang. Elles l’ont fait avec cette victoire 4-0 face à la Roche sur Yon et en zone mixte, chacun des propos des parisiennes commençaient par cette idée là : « nous avons rempli cet objectif européen ».

Ce qui n’était pas aussi certain en début de saison avec la superbe cavalcade de Montpellier, à la seconde place pendant une dizaine de journées.

D’un autre côté, la déception européenne fleurissait au propos de Shirley Cruz et l’impact de cette élimination en demi-finale européenne face à l’Olympique Lyonnais semblait encore tant dans les esprits que dans le coeur.

Ces filles ont besoin de challenge, de vivre pour vaincre et le constat d’une impossibilité à le faire, à avoir un titre, est pour moi, l’argument essentiel qui pourrait les faire changer d’aventure. Ces filles sont à part. C’est le challenge qui les anime et l’impossibilité d’en avoir un les désunis plus encore que le reste.

Certaines sont nées pour être boulangères, comptables, actrices. Certaines filles du PSG sont nées pour gagner et challenger. C’est ainsi et c’est flagrant.

Sur ce match, les filles du Paris Saint Germain n’ont eu aucune question à se poser tant elles ont fait le siège de la surface de réparation adverse, notamment lors de la première mi-temps. C’est très souvent par l’intermédiaire de Kenza Dali que le débordement s’est fait à droite, lui donnant plus d’une fois la possibilité d’un duel avec la gardienne des visiteuses Romane Bruneau, auteur d’une très bonne partie, qui sortira trois ballons « chauds » en cinq minutes, à la manière des gardiens de hand. Du bout du pied, dans une sortie « Kamikaze ». Ca passe ou ca casse. C’est passé.

Cela n’a pas empêché la jeune Katoto d’inscrire ce premier but (11′, 1-0) suite à deux arrêts consécutifs de Bruneau sur Dali, pour finir par pousser cette balle dans les filets, venue en en deuxième rideau. Le second but s’inscrira de la même manière par Marie Laure Delie (16′, 2-0) mais sera venu d’un beau une-deux entre Shirley Cruz et Kenza Dali pour voir la franco-costaricienne trouver le poteau d’un extérieur du droit qui s’offrira à Marie Laure Delie, venue en second rideau.

Caroline Seger et Shirley Cruz trouvent des passes longues « plat du pied » qui donnent une autre géométrie au jeu parisien en cassant des lignes inattendues sans que cela ne se matérialise au score et c’est Shirley Cruz, dans un style qui lui est propre, avec une maitrise du ballon, petite enjambées et fausses pistes, gauche – droite, devant – derrière, pour finir par revenir du zig pour aller dans le zag et marquer, d’un superbe gauche, un troisième but d’école (3-0, Cruz).

Du côté de la Roche sur Yon, il est impossible de rivaliser et je note deux incursions dans le camp adverse tout en me disant que les jeunes joueuses de la Roche, ce qui est la caractéristique des matches de semaine puisque les obligations professionnelles ne permettent pas à toutes de venir jouer le mercredi, doivent se dire qu’elles sont en face de joueuses qui sont toutes internationales et dont la quasi-totalité font partie du Top 5 mondial quand, elles, l’an dernier, étaient en D2 féminine.

A ce titre, quand les équipes se quittent à la mi-temps sur le score de 3-0, rien n’est dramatique. Chacun joue sa partie.

Paris Saint Germain assure sa seconde place européenne. La Roche sur Yon ne prend pas la vague au score et reste dans les clous pour tenter l’aventure sportif et mathématique du maintien. Si elles gagnent leurs deux prochains matches (Saint-Etienne et Saint Maur) et que Guingamp perde les deux siens (Juvisy et Rodez) alors elles devraient se maintenir au goal average général, le goal average particulier mettant les deux équipes à égalité.

La seconde mi-temps se jouera sur un tempo plus calme. La présence parisienne est tout aussi forte mais elle aboutie moins dans la surface adverse, et quand elle le fait, ce sont huit joueuses de la Roche qui s’y trouvent, pour dégager du gauche ou du droit, une balle à qui elles ont interdit d’y être.

Elles ne pourront rien sur la superbe percée de Gexoro, suite à un faux appel de Caroline Seger, qui entrera dans les seize mètres cinquante comme une furie pour servir, en retrait, la jeune Anissa Lahmari, seule pour porter la marque du match à 4-0 (66′).

Les choses sont actées et le score ne bougera plus. On retiendra que Paris a marqué sur ses perforations, souvent en second rideau quand la Roche sur Yon est partie de Charlety, machine à calculer en main, en se disant que ce rendez-vous parisien, n’était pas si mauvais après coup. La Roche sur Yon et Guingamp se trouvait à égalité parfaite au goal average général.

Je quitterais le stade parisien avec l’esprit interpellé par les anecdotes du football en général : il n’y a que deux femmes coaches en D1 féminine, Sarah M’Barek (Guingamp) et Malika Bousseau (La Roche sur Yon) et l’une des deux va éliminer l’autre.

Cela pourrait être une écriture mais l’expérience de ces quelques années passées à fréquenter le milieu actif du football féminin revient vite en mémoire. Elles s’en foutent. Ce seront les dernières à faire ce constat. Pour elles, hommes ou femmes, ce sont des adversaires. Et, quand elles étaient joueuses, éliminer des adversaires féminins, par essence même, elles n’ont fait que cela.

Le bilan est là. On est en fin de championnat. Le Paris Saint Germain est européen pour la quatrième fois consécutive et La Roche sur Yon a encore une opportunité de maintien à jouer face à Guingamp qui a sa chance. Voilà les faits.

Ah, j’oubliais, j’ai vu une très bonne Perle Morroni. Incroyable le nombre de latérale gauche du même format que sort le championnat français (Sonia Bompastor, Laure Boulleau, Sakina Karchaoui, Perle Morroni). Il doit y avoir un truc ! Dire qu’avant, les gauchers, on leur demander d’être droitier.

Reste quel sera l’avenir du Paris Saint Germain ? Là, visiblement, c’est en pleine gestation.

William Commegrain lesfeminines.fr

PSG : Kiedrzynek ; Houara d’Hommeaux (Karchouni 46′), Delannoy, Erika, Morroni ; Seger (cap.), Geyoro ; Cruz (Lahmari 53′) ; Dali (Hamraoui 60′), Delie, Katoto.
Banc : Dahlkvist, Berger
La Roche : Bruneau ; Marchadié, Coudrin, Cosson, Chabrat ; Deluca, Ripoche (cap.) (Pugnetti 79′), Lemarchand (Vrignaud 62′), Ravon ; Lebreton, Fragoli (Matéo 68′).
Banc : Nicolas, Nerbonne