Jackie Groenen. Au début du championnat 2015/2016 on a vu votre retour dans le championnat allemand. Vous évoluez au 1. FFC Frankfurt. Lors de matches à domicile on entend des spectateurs entonner ‘Jackie, Jackie’, le public vous montre ses sympathies. Comment avez vous été accueilli à Francfort?

Tout à fait super ! J’avais toujours l’idée de revenir en Allemagne, et cela m’a surpris que je sois si bien à Chelsea. Cependant, quand j’ai reçu le coup de téléphone de Francfort, j’ai su tout de suite, que je voulais accepter. Quand j’étais enfant, j’ai souvent été à l’école de foot (en été) et c’était toujours une sorte de rêve pour moi de pouvoir jouer pour ce club. Moi même j’avais de hautes attentes envers Francfort et je dois dire que le public est extra. L’accueil a été si positif.

Moi, je m’étais donnée six mois, peut-être un an pour bien m’intégrer dans l’équipe, mais cela s’est passé plus vite. Tout s’est passé si bien, je suis très heureuse ici. La chose la plus importante, c’est qu’on se sent bien dans un lieu, alors on joue mieux et pour moi c’est le cas. J’ai vite trouvé des copines qui déjà me tiennent beaucoup à coeur. Le public est génial, il y a quelques uns qui sont même venus aux Pays-Bas pour le tournoi de qualification des Jeux Olympiques. Elles avaient emporté leur drapeau avec mon nom dessus et ils m’ont vraiment surpris, c’était magnifique.

Cette saison, quelles sont les chances de Francfort?

C’est difficile à évaluer, puisqu’il s’agit d’un championnat très fort, mais notre équipe est aussi très bonne. Nous avons de très bonnes joueuses et une forte cohésion au sein de l’équipe. À mon avis, l’équipe est capable de beaucoup .. si nous y croyons. Nous pouvons aller loin. Nous devons encore travailler beaucoup. En tant qu’équipe, nous avons fait une bonne partie de saison pendant les six derniers mois. C’est maintenant la phase importante, nous devons être performantes, c’est important.

Et la Ligue des Champions?

Dans la demi-finale notre adversaire est une des équipes les plus difficiles [VFL Wolfsburg], mais ce n’est pas grave. En plus si tu veux aller jusqu’en finale, tu ne peux pas savoir quand tu auras des adversaires difficiles et je dis clairement : nous en sommes capable. Nous avons de super joueuses comme Maro [Dzsenifer Maroszán], Simone [Laudehr]. Nous sommes une des meilleures équipes du monde et nous devons le montrer aussi. C’est important que nous le faisions, les matches seront des matches difficiles, mais nous aurons des chances. Si nous en profitons, nous pouvons gagner.

Où est-ce qu’on s’entraîne plus, à Chelsea ou en Allemagne?

Je dirais qu’en Allemagne les entraînements sont plus durs. Ce que les allemands aiment beaucoup c’est : courir, courir, courir, les sprints. On tient beaucoup à l’entraînement athlétique en Allemagne, et en Angleterre c’est très différent.

On s’entraîne plus avec le ballon?

Oui, par exemple à Chelsea lors de la phase de préparation nous n’avons presque pas couru. Nous faisons beaucoup plus avec le ballon. C’est une autre philosophie. Mme Emma Hayes, entraîneur chez Chelsea, a toujours mis le jeu au milieu. Elle est partie de l’idée que, quand on joue 11 contre 11, la puissance et l’endurance se développent automatiquement.

Je dirais qu’en Allemagne c’est plus difficile. Les unités d’entraînements sont plus épuisantes et plus longues. Chez Chelsea nous avons aussi deux entraînements par jour. Le matin c’était plutôt pour la gym, à la piscine ou n’importe où, et l’après-midi sur le terrain de foot. On fait aussi attention qu’il y ait un alternance : le sport et la détente, le rythme était : sport – repos – sport – repos, alors qu’en Allemagne on se concentre sur l’endurance, la persévérance. À mon avis, c’est aussi un point d’une grande importance, comme ça se montre souvent, quand des équipes allemandes arrivent à gagner juste dans les dix dernières minutes ou même la dernière minute d’un match.

Est-ce que le championnat anglais est plutôt équilibré ou est-ce qu’il y a un petit nombre d’équipes très fortes et un grand nombre d’équipes faibles?

Actuellement cela est en plein développement. Au début on avait une situation qui montrait une image très différente. Deux clubs qui étaient les meilleures dans la saison, ont été reléguées la saison suivante. Maintenant les différences entre Manchester City, Chelsea et Arsenal deviennent plus claires, mais Liverpool devient mieux aussi, Sunderland est une nouvelle équipe qui a eu une saison excellente, je crois que le championnat va mieux se développer et le championnat aura huit équipes d’une très bonne qualité.

Chaque match est important, comme aussi en Bundesliga, où face à des équipes comme Köln ou Werder Bremen [derniers du classement] on ne peut plus être sûr de gagner. Malgré les différences, chaque match doit d’abord être gagné. En Angleterre le niveau est déjà un peu équilibré et il y a plusieurs clubs qui investissent beaucoup d’argent. De grandes sommes sont investies dans le foot en Angleterre et dans le foot féminin c’est la même tendance. Le championnat anglais va se développer et dans quelques années, peut-être en dix ans, ce championnat sera un des plus grands championnats au monde.

Est-ce que vous faites encore autre chose à part le foot?

Je fais des études de droit dans les Pays-Bas, des études à distance. Pendant les vacances de Noël, par exemple, ou en été je fais 5 ou 6 examens et j’essaie d’avancer dans mes études. L’année prochaine j’aimerai bien faire mon Bachelor et dans deux ans un Master.

Dans la jeunesse vous avez été dans la sélection néerlandaise et cette année on vous a sélectionné à nouveau pour le Team Oranje. Dites-nous, s’il vous plaît, comment ça s’est passé.

J’ai joué en équipe des jeunes. Vers la fin de l’année dernière l’entraîneur des gardiennes de l’équipe nationale était venu me voir pour le match de la Ligue des Champions Francfort contre Lillestrøm et il a parlé avec moi. Ce jour il ne savait pas encore que j’avais aussi un passeport néerlandais et après il a compris, que je pouvais aussi jouer pour la Team Oranje. Trois, quatre semaines après que le sélectionneur est venu regarder un match, j’ai reçu le premier coup de téléphone. On m’a invité à participer au camp d’entraînement en Turquie et j’ai joué lors du tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques. Cela a commencé maintenant et j’espère que je vais devenir de plus en plus importante pour notre équipe. Je suis très heureuse d’en faire partie et cela me rend très fière de pouvoir jouer pour mon pays.

Comment voyez-vous la sélection néerlandaise et comment est-ce qu’elle va se présenter lors du Championnat d’Europe dans votre pays?

Le foot dans les Pays-Bas se développe très vite, c’est énorme. Quelques joueuses jouent pour les Pays-Bas, mais elles jouent dans beaucoup d’autres pays. En Angleterre, en Allemagne, en France aussi, Anouk [Dekker], par exemple, évolue à Montpellier.

Avant il y avait deux, trois joueuses qui jouaient à l’étranger et maintenant toute la sélection se retrouve dans des championnats étrangers. Je ne sais pas si c’est bien pour le championnat néerlandais mais pour le développement de la sélection, c’est sans doute le cas.

L’équipe est très jeune, il y a de nouvelles joueuses tel que Vivianne Miedema [Bayern München] et Danielle von der Donk qui évoluent en Angleterre. Elles sont toutes de très bonnes joueuses. Nous avons une équipe très bonne sur le plan technique, le niveau est bon. Je crois que si nous restons ensemble plus longtemps, cela se passera très bien. Pour le championnat d’Europe l’année prochaine (2017), je suis très curieuse.

Vous connaissez aussi le championnat belge?

Ma soeur a longtemps joué en Belgique. C’est un foot différent, son style se rapproche un peu du championnat anglais, il est très physique. En Belgique il y a un grand nombre de joueuses qui travaillent dur, tandis que dans les Pays-Bas on se concentre plus sur la technique. La Belgique cela signifie courir, se battre, duels sur le terrain.

Le championnat me plaît beaucoup, elles sont toutes très ambitieuses et souvent, lors des trêves, j’ai pu m’entraîner à Lierse en Belgique quand le championnat en Angleterre était fini. Pendant deux, trois mois je pouvais m’entraîner là-bas, pour moi c’était une situation géniale.

Après la fin de la BeNeLeague, qui avait réunie la Belgique et les Pays Bas, le championnat belge poursuit son développement, cependant cela va encore durer quelque temps, plus longtemps que le championnat anglais. Elles ont moins d’argent à leur disposition, mais des clubs comme Anderlecht par exemple s’engagent de plus en plus en faveur du foot féminin. Elles ont fait venir des joueuses d’autres pays. Aussi en Belgique le développement continuera, je ne peux que louer leur travail. C’est très bien ce qu’on fait en Belgique.

Y-at-il des joueuses belges qui évoluent à l’étranger?

Plutôt peu. Elles sont encore au début, comme les Pays-Bas se trouvaient au début il y a trois, quatre ans. Elles ont de très bonnes joueuses et elles vont progresser et dans deux, trois ans aller jouer dans d’autres championnats. Pour le moment il y a déjà, par exemple, Tessa Wullaert, qui évolue à Wolfsburg, une joueuse forte. Il y a encore Janice Cayman, qui évolue en France au FCF Juvisy, elle aussi une joueuses très forte. La Belgique a encore besoin d’un peu de temps, comme chaque championnat en a besoin au début, mais elles ont un objectif qu’elles veulent atteindre, elles vont y arriver. Le championnat allemand n’est pas venu tout de suite un grand championnat.

C’est en 2011 que vous avez commencé à jouer dans la Frauen-Bundesliga, comment voyez-vous aujourd’hui le développement du foot féminin en Europe et son avenir?

Je crois que le foot féminin va toujours progresser. Le foot féminin a tendance de s’approcher du foot masculin, ce qui, à mon avis, est bien. Dans le foot masculin on vend des joueurs, pour des sommes importantes, on prête des joueurs, tout cela est en train de se développer. À mon avis l’argent est très important dans le foot féminin. Le fait qu’il y a des joueuses qui comme moi peuvent s’occuper que du foot toute la journée va encore hausser le niveau de plus en plus.

Le fait que c’est déjà le cas dans plusieurs pays est très important pour l’Europe. En Angleterre on doit déjà s’entraîner deux fois par jour, ici en Allemagne on s’entraîne deux fois par jour, et en France aussi il y a des joueuses professionnelles.

Je regrette presque un peu que je n’ai pas pu commencer à jouer au foot dix ans plus tard, parce que je crois que dans dix ou quinze ans le développement aura encore beaucoup plus progressé que maintenant.

De l’autre côté je suis aussi très contente de ce que je suis ici maintenant, parce que je peux voir comment le foot se développe et que le foot féminin devient de plus en plus important. Je donne un exemple: La sélection néerlandaise a joué dans le stade Ado, guichets fermés, je crois il y a cinq ans on n’aurait pas entendu que cela soit possible dans le foot féminin. Pourtant il y a toujours des gens qui restent critiques, mais avec la critique on peut aussi en tirer de bonnes choses et continuer à se développer.

Votre club, le 1. FFC Frankfurt, est un club uniquement foot féminin, est-ce que vous voyez cela comme avantage pour l’avenir?

Et oui clairement, le fait qu’il n’y a que des filles est à mon avis un avantage.Le club existe pour les filles et femmes qui y jouent et c’est quelque chose de spécial. Le Bayern München est un bon club aussi, mais les femmes se retrouveront toujours au second plan à cause du foot masculin. Chez nous, il y a des filles qui jouent en U-17, qui ont 16 ans qui se concentrent sur l’équipe première et qui viennent regarder le match. Moi-même j’aime bien aller voir l’équipe réserve. Le FFC Frankfurt c’est comme une famille, tu connais chacun et toi-même, tu es plus important, parce que tu fais partie de l’équipe la plus importante du club. Dans un club du foot masculin il y a toujours au premier plan les hommes et seulement au second plan les femmes. Il semble qu’ici au FFC Frankfurt le club est un bon club, sans les hommes. Je n’ai pas dû réfléchir longtemps, quand Francfort m’a appelé.

Où est-ce que vous vous voyez personnellement dans cinq ou six ans?

Actuellement je me sens très bien ici à Francfort, je vais voir comment cela se développe, mais j’ai l’objectif de gagner le championnat. Pour moi c’est un des plus grands et plus importants objectifs de ma carrière. Devenir vainqueur dans la Ligue des Champions, j’aimerais bien, c’est la prochaine étape. J’ai déjà atteint beaucoup, je suis encore jeune et je crois que j’ai encore beaucoup de possibilités. Et puis il y a encore la sélection. J’espère tout simplement que nous en tant que sélection des Pays-Bas pouvons progrésser et dans quelques années, peut-être quatre, cinq ans, arriver à nous imposer et rendre la vie difficile à des sélectionbs comme la sélection allemande. Je crois, que nous y arriverons là. Tous mes objectifs sont des objectifs qu’on peut atteindre, je peux m’imaginer cela, et je veux aussi y arriver.

De la part de lesfeminines.fr on vous souhaite Bonne Chance pour vos objectifs!

Gerd Weidemann – William Commegrain lesfeminines.fr