Le 14 avril, les douze équipes féminines connaitront leurs adversaires de groupe. Pour les JO, les USA pourraient créer leur surprise.

La fédération américaine pourrait très bien être dans une impasse.

Il paraitrait – disons-le à voix basse – que les joueuses ne soient pas mal payées, mais surtout souhaiteraient la même rémunération que les hommes de la sélection nationale américaine. Souhait étant un terme diplomatique puisqu’elles ont entamées une démarche judiciaire auprès d’une commission, en charge des questions de discrimination salariale, dans le droit américain.

Une vraie différence de rémunération

Difference de remunération entre les joueuses américaines et américains. lesfeminines.fr

Difference de remunération entre les joueuses américaines et américains. lesfeminines.fr

Le droit n’est pas la réponse.

Si, sur le plan du droit, je ne vois pas comment la situation peut être entendue et obliger la fédération américaine, employeur des joueurs et joueuses, puisque pour qu’il y ait discrimination faut-il que l’homme puisse se substituer à la femme comme la femme à l’homme pour réaliser un même travail qui ait la même qualité et performance, ce qui dans le domaine du sport est impossible et le reconnaître judiciairement reviendrait alors à discriminer et baser sa décision sur la reconnaissance d’une infériorité des femmes par rapport aux hommes ce qui est totalement contraire à tous les principes de droit et aux principes sociaux de toutes les sociétés développées ;

La solution se trouve dans l’accord.

A l’inverse, sur le plan de la négociation, le terrain est totalement libre. Il engage les parties dans ce qu’ils auront bien voulu convenir dès lors que les termes ne dépassent pas le cadre de la loi. La formule est connue : « le contrat est la loi des parties ». Si elles désirent s’imposer telles règles, le juge y est autant tenu qu’elles et il n’a à intervenir que pour vérifier que les engagements ont été faits de bonne foi, dans le cadre de la loi et dans le respect des termes convenus.

Rien ne bouge

Les cinq joueuses internationales crient hauts et forts qu’elles veulent recevoir la même rémunération que les hommes. Elles le crient d’autant plus fort que rien ne bouge depuis qu’elles se sont manifestées aux yeux du monde. Et visiblement, rien ne semble vouloir bouger. La fédération américaine s’est fendue d’un beau courrier montrant tous ses efforts passés, présents et à venir. Une vraie complainte qui ferait verser les premières larmes au comptable des caisses américaines.

Beau cadeau fédéral.

Les femmes sont ingrates. Elles n’en ont cure. Visiblement, elles semblent même légèrement en colère. Pas contentes qu’on ne prenne pas plus au sérieux leurs revendications.

Visiblement, le monsieur n’a pas compris le message.

C’est compliqué. Il a des championnes en face de lui. C’est compliqué. Elles ont du caractère. C’est compliqué. Elles ont tous les titres qu’ont peut imaginer. C’est vraiment compliqué et c’est d’autant plus compliqué que c’est la fédération qui a fabriqué ces joueuses avec ce mental et ces titres. Pas facile à avaler. Les femmes sont ingrates. Voilà ce que pense le président de la fédération américaine, la tête entre les mains. Vingt trois femmes contre lui. Même la coach.

Quelles autres solutions que le boycott ? 

Les américaines n’ont pas cinquante solutions. Elles ne peuvent et ne doivent que gagner. Reculer après une telle médiatisation serait se ridiculiser. Impossible avec un tel statut pour les américaines.

Il est évident que si elles n’arrivent pas à s’entendre avec la fédération ; elles n’iront pas aux JO si c’est la menace qu’elles brandissent. Le calendrier ne permet pas d’autres moyens de pression et d’actions. En effet, après les JO, il n’y aura plus rien avant le Mondial 2019. Nous sommes en 2016, c’est loin, très loin. Impossible pour elles dans le futur d’avoir la moindre pression à exercer.

C’est donc aujourd’hui ou jamais.

Pour moi, je pense qu’il y a de fortes chances qu’elles boycottent les JO. Elles y gagneront autant en renommée de par le monde qu’un nouveau titre olympique qui ne leur apporteraient rien de nouveau, elles qui ont récolté quatre titres (1996, 2004, 2008, 2012) et une médaille d’argent (2000) sur les cinq olympiades du football féminin.

Si elles gagnent leurs revendications, elles seront mondialement connues. Si elles ne les gagnent pas et procèdent à un boycott, elles le seront tout autant. A l’inverse, si elles n’obtiennent rien et vont aux JO, elles seront ridicules.

Il y a de fortes chances que les joueuses américaines boycottent les JO de Rio. A moins que le Président de la fédération américaine ne leur octroie ce qu’elles demandent.

Dans les deux cas, cela sera une vraie bombe dans le football féminin.

Déjà, imaginez les JO sans les USA. Là, cela va décoiffer pour le titre olympique. Ou, imaginez les futures revendications salariales auprès de chaque fédération ou clubs .. là ça va décoiffer pour les comptables.

Mediateur; où es-tu ?

William Commegrain lesfeminines.fr