« Rien ne m’empêchera de vivre ma passion ! » voilà ce que j’ai entendu récemment de la part d’une jeune joueuse internationale associant cette passion à celle de sa formation, déçue de la réaction de sa directrice de stage. « Jouer la D1 est un bel argument de recrutement » me disait Christine Aubère Présidente d’Issy FF, il y a quelques saisons déjà. « Pourquoi voulez-vous que l’on investisse plus quand les places gratifiantes sont prises et bien prises par le PSG et l’Olympique Lyonnais ? » argumentait Hervé Didier, coach de l’AS Saint-Etienne, à l’éternelle question de l’investissement des clubs professionnels masculins dans le football féminin ..

Et oui, tout cela concoure à la réalité du paysage français : des sportives passionnées dans le jeu et en même temps une hégémonie de trois, quatre clubs pour les titres. Est-il possible de se faire une aventure dans cet ensemble ?

Un état d’esprit commun.

Pourtant cette Coupe de France féminine s’offre bien plus facilement que son homologue masculine aux joueuses et au club qui possède, sur un match, ce qui est du domaine du rare : « le swing ».

Beatrice Barbusse, ex Présidente de l’USI handball, élite D1 section masculine, l’a fort bien décrit lors d’un entretien où la passion la laissait libre pour répondre de ses émotions et souvenirs, en se souvenant, de l’année 2007 et du sacre retrouvé de l’US Ivry hand-ball masculin, pour un des clubs les plus titrés de ce sport (8, l’avant-dernier étant tout de même de 1983) : « on était tous dans la même dynamique, sur le terrain, hors du terrain ; forts d’une certitude collective incroyable ». Finissant : « Oui, j’ai vécu le swing ».

Ils, elles, avaient tous le sentiment d’être essentiels à l’équipe, au club, d’être encore plus fort en le ressentant -ensemble-, non pas comme des mots mais comme une vérité qui existe sur le moment. Sur le moment, ne se racontant seulement que bien après. Sandrine Mathivet, s’en souviendra aussi, le regard dans le vague, laissant défiler les souvenirs : « Une année, on a été imbattable ». Pour Patrice Lair, ce sera le jour de la finale de la Coupe du monde non-officieuse à Tokyo, gagnée face à un club japonais, alors que dominé dans le jeu et au score (1-0) pour finir par une victoire (1-2), assurant à l’Olympique Lyonnais, les quatre titres pouvant être en jeu pour un club : championnat de France, Coupe de France, Coupe d’Europe, Coupe du Monde des clubs. C’était en 2012. « Je suis allé dans les vestiaires, seul, pleurer cinq minutes ».

Le swing, se sublimer ensemble.

Le swing, une force incroyable. 

Le swing, c’est ce mouvement collectif unique des barreurs en aviron, dans le grand huit, quand vous les voyez avancer, d’un même mouvement, dans un même souffle, avec une force décuplée par le collectif et par l’unité, chacun à fond dans son exercice et pourtant, si emmêlés aux autres, avec les autres, qu’on a l’impression d’une seule unité qui passe, quand on la regarde précisément, indifférente aux autres, concentrée ensemble pour, ou prêt à aller à une vitesse impressionnante. Vraiment impressionnante.

Le swing, c’est aussi ce mouvement individuel de golf qui ne doit jamais s’interrompre et se termine bien après l’impact. Un mouvement d’horloge qui peut être un souffle soulevant une feuille comme celui d’un orage sortant tel un obus du fût d’un canon et dont la seule vérité est, en plus de sa force, sa destination : précise. Un truc mental. Un truc physique et mental. Le miroir de ce que l’on est à l’impact. Et surtout après l’impact. Certitude(s) ? Incertitude(s) ? De ce qui fait notre équilibre, à chacun avec sa formule.

La Coupe de France, c’est le moment du swing.

Dans un championnat, où les places sont prises. La Coupe de France, donne la possibilité d’être gagnée avec cet état d’esprit rare de l’être humain quand il agit ensemble : « se créer un swing collectif ». Etre ensemble, fort dans l’adversité, au même moment. Là, pendant 1h30. Un peu plus souvent avec l’extra-time. Jamais un peu moins.

Un but suffit. Un but de plus que l’adversaire diront ceux qui veulent mettre plus de vérités dans ces mots. Mais surtout, ne rajoutez pas : « cela dépend de l’adversaire .. ». Car là, vous n’aurez pas la confiance nécessaire au mouvement, vous n’aurez pas le swing.

Avoir le swing, c’est de ne pas se comparer. Juste exister. Plus fort. Encore plus fort. Et quand c’est tous ensemble, alors .. « la balle est ronde pour tout le monde » a l’habitude de dire Bruno Bini. Ce n’est pas faux.

En fait, on fait du sport de haut niveau pour cela. Se souvenir. D’avoir gagné souvent, et une fois au moins, avec du swing.

Boris Mahon de Monaghan ne disait pas autre chose en se souvenant de l’incroyable force qu’avait eu l’US Créteil (2013) en devenant le club ayant gagné le plus tôt le droit de monter en Ligue 2 (19 avril) finissant la saison avec 76 points et l’explosion d’un joueur qui fera le bonheur d’Angers en 2015-2016 : Cheick N’Doye. « On marchait sur l’eau ». Le Red Star de cette année n’en est pas loin. Le swing.

Ce week-end, il n’y a que cela à souhaiter. Aux équipes d’avoir cette force collective : d’avoir le swing et de gagner. Quel souvenir !

William Commegrain lesfeminines.fr

Quart de finale de le Coupe de France féminine :

  • Rodez Aveyron – Guingamp (Samedi 15h30)
  • Paris Saint Germain – Metz (Samedi 17h00)
  • Olympique – Lyonnais – Dijon (Samedi 17h00)
  • Montpellier – VGA Saint Maur (Dimanche 28 Février 15h00)