Dans la savane, ce sont les lionnes qui chassent quand le lion dort.

Les « fenottes » viennent à Paris chasser ce 10ème titre consécutif féminin et permettre à l’équipe masculine, éloignée de son objectif, de se repaitre de cette performance unique dans le football féminin comme masculin.

Cadeau de chasse donné à son Président Jean Michel Aulas, lui déjà sur une autre planète, avec ce stade aux mille couleurs et projets, baptisé Grand Stade au sein du Parc Olympique Lyonnais, comme s’est crée le Parc d’Eurodisney dans la région parisienne.

Dans mon interview de Gilles Agniel en cours de publication, le coach du Nîmes Métropole a répondu ainsi à l’une de mes questions. Dans cette découverte de la D1, quelles sont les joueuses qui vous ont impressionné, comme athlètes, en vous disant tout simplement : « tiens, je suis content d’avoir vu cela » ? Sa réponse a été la suivante :

– « Lyon est une équipe très bien huilée. A l’intérieur de ce collectif, il y a des individus qui sont des rocs. Wendie Renard est très compliquée à passer, Lotta Schelin prend l’espace et se place très bien. Enfin, il y a Ada Hegerberg qui est un « pittbull », une tueuse devant le but -rajoutant-, un peu comme à l’image de la corrida de Nîmes nous connaissons bien .. lorsque « cela sent le sang », elle est là et cela c’est super impressionnant. 25 buts au 2/3 de la saison, elle trouve toujours le moment où il faut etre presente pour marquer une, deux, trois fois. Elle va finir peut etre à 40 buts.  Et il y a une fille comme Louisa Necib avec une justesse technique extraordinaire. Voilà à Lyon ce qui m’impressionne.

A Paris ils ont plutôt des individualités et une somme d’individualités avec des joueuses à qui on n’apprend pas le football ».

Dans cette réponse vous avez beaucoup du contexte du match. La France du Sud de la France va être pour l’Olympique Lyonnais. La France du Nord va pencher pour le Paris Saint Germain. Ce qui est certain, c’est que dans ce match, les féminines du PSG sont les outsiders. Ce n’est pas grave, elles adorent cela.

PSG-OL_ J15- D1 féminine. Crédit composition william Commegrain. Lesfeminines.fr

PSG-OL_ J15- D1 féminine. Crédit composition william Commegrain. Lesfeminines.fr

Les parisiennes adorent être des outsiders. 

A chaque fois qu’il a fallu faire un exploit, les parisiennes l’ont réalisé. Principalement face à l’Olympique Lyonnais. D’abord le 18 janvier 2014 avec ce résultat (0-1) à Gerland, au contenu incroyable avec un but pas si courant de Laura Georges à la 43′, défenseuse centrale, qui venait juste de quitter les bords du Rhône, pour ensuite faire une seconde mi-temps à l’énergie et à la défense des couleurs parisiennes, pourtant portées par plus d’une internationale étrangère. Un match référence, un match souvenir. Un résultat qui a fait le tour de la planète du football féminin en mettant un terme à plus de quatre ans sans défaite.

La seconde fois, toujours à Gerland, c’est en remportant la victoire en 1/8è de finale de la ligue des Champions, un soir de Novembre 2014 sur un but de souris de l’allemande Fatmire Alushi, qui a glissé un petit pointu « de derrière les fagots » pour remporter ce match qui a éliminé l’OL quand la défaite du PSG était annoncée.

En effet, l’aller avait été signé (1-1) à Charlety. But à l’extérieur lyonnais qui avait répondu à celui de la même joueuse, aujourd’hui d’ailleurs en congé de maternité. Normalement, la qualification était signée. Sauf qu’en zone mixte, Jean Michel Aulas avait eu la certitude « refroidie » à l’opposé de Farid Benstiti, le coach parisien, qui communiquait un sourire d’été bien loin des affres du mois de Novembre. Ne prendre qu’un but face à l’OL, c’était un signe de performance.

Effectivement, les lyonnaises avaient été éliminées.

Enfin, pour quitter les confrontations franco-françaises et aller sur un autre terrain. Celui tant redouté des allemandes. Peu avait donné une chance aux parisiennes face à Wolfsburg (double champion d’Europe) dans cette demi-finale de la Womens Champions League 2015. Pourtant, les parisiennes ont certainement réalisé le match le plus abouti de leur histoire avec une victoire (0-2) en Allemagne qui n’avait souffert d’aucune contestation pour craquer à Charlety (1-2) en fin de rencontre.

Les parisiennes adorent être des outsiders. Les lyonnaises adorent être des favoris. Le match ne sera pas un Clasico, ce sera un derby. J’avais souvent libellé cette opposition comme un « clasico » dès l’éruption volcanique du nouveau PSG. Là, je pense plutôt à un combat. A un derby.

La première note a été salée pour le PSG (5-0) à Gerland. Il suffit de se rappeler les images de Farid Benstiti pour savoir que le match est attendu des deux côtés.

Deux faunes sauvages vont s’affronter, avec toutes, une éducation au mot « victoire ».

S’il y a une caractéristique commune aux joueuses des deux équipes ; particulièrement maintenant, c’est qu’elles ont toutes le goût prononcé de la victoire. Non pas comme un rêve en début de rencontre, non pas comme un espoir dans la rencontre, mais comme une finalité à atteindre. Gagner son adversaire. Tout simplement. Et si le combat est intense, et qu’il faudra faire l’impossible, elles seront capables d’aller mettre leur corps sur sa ligne de but pour la défendre et glisser un pointu du pied contraire ou du genou pour que cette balle franchisse la ligne blanche en attaque.

Les vingt deux joueuses comme les trente deux sont tout simplement éduquées au mot « victoire ».

Ce n’est pas faire offense aux autres que de dire qu’il n’existe que deux clubs en France avec cette dimension partagée par tous et toutes. C’est pourquoi, c’est un derby. On est pour l’un ou on est pour l’autre.

Dans ce match, il n’y aura pas d’autres enjeux. Seule la victoire comptera. Ensuite, elle déclenchera des conséquences quasiment certaines.

L’Ol l’emporte à Charlety et Le 10è titre de l’Olympique Lyonnais sera sur orbite. « C’est quand une chose est impossible qu’il faut la tenter et la réussir » a dit Jean Michel Aulas. Une victoire du PSG, et c’est la seconde place européenne pour le Paris Saint Germain quasiment en poche et une confiance nucléaire pour le club qui l’amenera très fort pour les échéances de coupe qui l’attendent.

Dans le cas contraire, la défaite lyonnaise ouvrira un peu la porte au titre pour le PSG. La défaite parisienne donnera des ailes à Montpellier et Juvisy pour une possible seconde place européenne.

Ces enjeux impliquent des certitudes : il y aura du monde qui regardera le match retransmis par France 4 et Eurosport. Début de l’opposition. 18h45. Vendredi 5 février 2016. Stade Charlety. Paris 13è.

Une belle ouverture pour la 3ème édition des 24 heures du sport féminin. Sans oublier de rappeler l’idée d’augmenter les retransmissions féminines : donner envie de pratiquer du sport de 7 à 77 ans, pour vous, Mesdames comme pour tous, de venir le voir. Sans critiquer, mais des fois, les slogans s’éloignent des messages.

William Commegrain lesfeminines.fr