Qu’est ce qui pourrait distinguer un animal d’un être humain avant de réaliser une performance, si ce n’est la confiance ?

L’animal non dressé ne se pose aucune question sur l’interrogation. Il laisse aller son instinct qui lui commande d’agir et le temps entre l’un et l’autre qui est l’action pourrait se compter en nanoseconde.

L’être humain prend un temps infini entre l’instinct d’agir et l’action. Au milieu de ce parcours intérieur, un moteur nous accélère : la confiance.

La confiance qui peut venir de tellement de situations différentes. Fragile, si elle en est, toujours prête à s’échapper si on n’y fait pas attention et si difficile à revenir, tant il existe de barrières pour l’en empêcher. La confiance est une arme. Elle est aussi une faiblesse qui peut nous aveugler et nous faire tomber, dans un Monde où cette matière unique suscite de la convoitise et de la jalousie.

Trop de confiance et la sanction tombe. Pas assez de confiance et la performance s’éloigne, s’échappe.

LES PARENTS

Ils sont là, depuis souvent. Depuis longtemps. Quelquefois absents pour justifier d’un amour raisonnable. Jamais toujours, car là, sous leurs yeux, leur enfant est en train de se battre pour réaliser une performance. Savent-ils le privilège qu’ils ont à pouvoir voir, au quotidien, l’expression de leur enfant quand tant d’autres parents ne peuvent en humer que les quelques mots qui peuvent égayer un repas, ne mesurant jamais réellement, la puissance de l’expression de cet être humain qu’ils ont bâti et qui s’est bâti avec eux : leur enfant.

Le sport de haut niveau offre ce privilège rare : que les parents puissent voir l’expression du talent de leur enfant.

Qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus fort à ressentir quand, parents, on voit soudain, notre enfant réussir à s’imposer dans son chemin de vie ? A avancer, quelquefois d’un pas hésitant car la performance est fluctuante, un peu à l’image de ce que les souvenirs nous laissent, de ces premiers pas de bébé réussi qui font autant sa joie que la nôtre.

Sauf que là, l’enfant est grand. Quelquefois plus grand. Quelquefois très grand. Et qu’il est « Lui, Elle ». Dans son expression. Dans ce qu’il est, et non plus dans ce que nous pensions de Lui ou d’Elle. A nos yeux, c’est une vérité qui s’exprime. Des fois, un diamant.

C’est bien une particularité du football féminin. Ces stades où, camouflés sous une couverture ou chantant sous le soleil d’un printemps marqué, il est courant de voir en D1, pas si loin du cri des supporters, le regard des parents qui voient là, sous leurs yeux, l’interprétation de ce que fait leur enfant.

Une forme d’aboutissement. Un bonheur particulier, suscitant quelquefois une larme de joie, d’autres fois une larme de peine.

Inutile de revenir sur l’image d’Epinal que le football féminin a dans l’esprit de la plupart. Une fille qui joue au football. L’intensité qu’elle a dû produire pour qu’on l’accepte. Les quolibets « masculins » de ceux qui ne jouent pas pour la plupart. Les regards entendus des autres parents qui voient leur fille aller dans une direction plus académique. Tout ce qui peut faire mal ou a pu faire mal quand on possède une différence.

Mais là, dans ces instants, la vérité joue sa partie. Il est, Elle est.

Aucun enfant ne sait ou ne peut mesurer à sa juste valeur le regard des yeux ou du coeur de ses parents. Pour lui, pour elle : « il est, elle est », sans passé sans fondation autres que ses intentions. LES SIENNES, puisqu’il agit. Il a, à l’évidence, raison.

Sauf que. Au moment où il deviendra parent. Alors, il saura un peu plus, beaucoup plus, qu’il est beaucoup de lui-même, mais aussi beaucoup d’autres : ses parents, « ses images de parents » qu’il a pu aussi se créer avec d’autres rencontres. Une des sources de la confiance.

La confiance est comme le lait sur le feu. Elle peut vite déborder. La confiance doit s’accompagner de valeurs. C’est son canalisateur.

En ce début d’année 2016, c’était un mot pour tous ces parents qui s’asseyent sur des bancs « au cul froid » des stades de France. Pour donner confiance à leur enfant, constructeur de performances, sans oublier leurs valeurs.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : quelques bébés sont né(e)s dans l’environnement du football féminin. Belle et longue vie à Eux.