William Commegrain : « Bruno Bini, c’est un vrai plaisir d’être là-bas ! »

Je suis en France depuis une semaine, je suis content d’être en France. Je vois la famille et tout mais l’équipe me manque. C’est que tu prends des habitudes (rires).

Je pense que les chinois encadrent bien, car il peut y avoir le problème de la langue. A un moment donné, il faut avoir confiance dans les gens avec qui tu collabores.

J’ai un interprète qui est « tip-top ». Le gars travaille dans une région, au service d’une fédération régionale. il est en formation. il travaille au département international de la fédération régionale et il parle français et anglais couramment. Et en plus, comme il est en train de passer l’équivalent du BE1 en ce moment, donc il connait bien les mots du football et quand je suis sur le terrain, c’est facile. Très, très facile.

Après je parle l’anglais, les filles parlent anglais mais je commence à apprendre quelques mots de chinois. Les mots courants. A droite, à gauche. Avance, recule. Frappe. Bravo. je me suis fait un petit éphéméride. Je me débrouille quoi. Et j’arrive à connaître toutes les filles par leur prénom même si pour quatre ou cinq, c’est compliqué. Je leur ai donné un surnom avec leurs accords. Que ce soit plus facile.

Comme elles sont joueuses dans leur football et que toi, tu aimes le beau jeu, cela ne peut donner que de la flamme tout cela.

Cela doit fonctionner normalement.

Et quel temps fait-il là-bas ? Tu sais que pour nous, la Chine actuellement, c’est Pékin et la pollution.

Tu sais, les chauffages collectifs, beaucoup sont chauffés au charbon. Tout le monde le sait que du 15 novembre au 15 février, c’est compliqué Pékin. Nous, pendant ces périodes là, on est à Canton en stage. On sait que les gens travaillent beaucoup pour diminuer cela mais cela ne peut pas se faire en un mois. Il essayent de trouver des solutions, mais cela prend du temps.

D’un autre côté, une des qualités auxquelles les chinois aspirent : c’est le bien être personnel. Etre bien dans sa tête, être bien dans son corps. C’est un truc important. Tu vois le matin, à 7h, sur des grandes places, tu vois des gens, sans complexe, sans rien, une dame de 80 ans comme un jeune de 18 ans, ils font de l’exercice ensemble. Et puis après, ils vont au travail. C’est assez surprenant et en même temps, c’est assez sympa.

C’est l’intérêt d’avoir des cultures différentes car tu apprends beaucoup en les regardant et tu te dis, tiens, c’est pas mal. 

C’est comme dans tous les pays. il y a des choses qui sont bien. D’autres moins bien, mais cela fait partie d’un paquet et j’ouvre grand mes yeux et mes oreilles. et en général, comme d’habitude, je me tais.

Dis moi, est-ce qu’il y a un rêve ? Est-ce que c’est possible que la Chine fasse la surprise en 2019 en France ?

Je te dirais tout de suite, c’est un rêve oui, mais il n’y aura rien de surprenant. Parce que si en septembre on se décide de faire un truc en trois ans pour préparer une équipe, on n’aura pas les problèmes administratifs que l’on peut avoir en France par exemple.

Là, en deux jours, ils ont changé le championnat de Ligue One (c’est à dire de D2). Elles étaient en plateau tous les mois et demi. C’étaient un problème pour les joueuses de D2. Des fois, pendant quinze jours elles ne s’entraînaient pas. En deux jours, ils ont dit « non ». On passe en championnat. Nous en France, il faut deux ans pour faire cela. Il faut faire une réunion des Présidents de clubs, de ligues, de districts. L’assemblée fédérale pour la saison d’après.

Si comme je le pense, ils ont déjà décidé de se lancer pour 2019 -après le ballon est rond pour tout le monde- cela serait tout sauf une surprise que la Chine fasse un gros truc.

On a quand même déjà, même  si ce n’est que des matches de préparation et amicaux, déjà cogné : l’Angleterre et les Etats-Unis. Même si les Etats-Unis, c’est passé vraiment incognito en France, mais bon, c’est parce que ce n’est pas la France qui a gagné aux Etats-Unis. Quand même, pour mémoire, cela faisait 11 ans et 104 matches que l’équipe des Etats-Unis n’avait pas perdu chez elle. Il y a juste des titres qui sont scandaleux. 

J’ai de plus en plus de distances vis à vis de la presse. Moi je suis dans mon truc là-haut. Je ne lis pas les journaux, car c’est trop compliqué pour moi. Je ne vais pas sur les réseaux sociaux non plus. J’ai pas de comptes, si il y en a ce sont des comptes qui ont usurpé mon identité. J’ai d’anciennes joueuses qui me donnent amicalement de leurs nouvelles et c’est clair entre nous, je ne veux pas savoir ce qui se passe en équipe de France. Elles me donnent des nouvelles de leur famille, de leur vie et cela me fait plaisir. Enfin, il y a quand même plein de personnes qui ont salué le fait que nous ayons gagné aux Etats-Unis. Ce sont les personnes qui m’aiment bien.

Ce but est magnifique de détermination et d’efficacité face aux Etats-Unis. J’ai compté seulement quatre ou cinq présences dans la surface adverse.

On a tiré trois fois au but je crois.

En même temps, la 11 quand elle marque, elle y croit. Elle ne vient pas pour tirer, elle vient pour marquer.

Tu vois, le gros truc avec les filles. On est 17è mondial. On a perdu le premier match (2-0 face aux USA). Il n’empêche que les filles n’avaient pas peur. Elles n’avaient pas d’appréhensions. Elles étaient décontractées mais concentrées. Et cela, je pense que c’est dû à la préparation que l’on a faite. Moi j’essaye tout le temps de dédramatiser les matches de foot et cela c’est un domaine où on va bosser encore.

Même après le premier match, elles ont dit « c’est bizarre », on a pas peur quoi. Et quand tu n’as pas peur, tu joues ton foot. Tu joues pas en dessous ou tu ne fais pas ton match avant. A la mi-temps, (0-0), on leur a dit, on va peut être avoir une ou deux occasions. Donc si vous sentez qu’il peut y avoir un bon coup, il faut y aller à fond. Il n’y en aura pas dix.

La fille attaquante côté gauche quand elle entre, c’est vrai, elle entre pour marquer. Le truc est magnifique avant. A trois, où on va cadrer. Il y a Han qui passe devant pour récupérer le ballon. C’est bien. Puis ton attaquante à droite qui prend de vitesse la latérale. Ce qui n’est pas rien. Mais le ballon est bien donné en profondeur aussi. (Pensif). La numéro 9, notre attaquante. C’est la classe quoi.

Finissant : « même si je n’y pense pas trop. Mais si on se qualifie pour les Jeux .. ! »

C’est juste énorme face à un tel groupe. 

Merci Bruno, pour cet échange. Pas besoin. A bientôt et bonnes fêtes. 

William Commegrain lesfeminines.fr

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