Patrice Lair. Série 1. Une progression tactique intéressante mais il faudra encore s’améliorer. Consultant sur Eurosport, double Champions d’Europe avec Lyon (2011 et 2012), une finale européenne de perdue (2013) pour un triplé historique qui n’a toujours pas été fait par les autres équipes. Un « hat trick » unique (Coupe, Championnat, Coupe d’Europe en 2012). Le coach lyonnais, venu de Montpellier, a donné les titres européens à Lyon qui lui manquait. Il a continué à maintenir les titres en championnat que Lyon commençait à conquérir. Il a redonné à Lyon la Coupe de France pour mettre l’équipe lyonnaise en orbite pour une série maintenant continue. Certains l’ont encensé ; d’autres l’ont détesté. J’ai toujours apprécié sa vérité et sa compétitivité. Actuellement conseiller à Montpellier actuellement second du championnat, assis sur une place européenne ;

C’est un vrai plaisir que d’échanger avec lui sur la performance et le football féminin. 

1 heure de conversation Lundi dernier (Lundi 14 décembre) en plusieurs articles, sur le football féminin et l’ambition sportive. Quel est son avis ?

Bonjour Patrice. Je voulais d’abord avoir ta vision du football féminin. Est-ce qu’il y a des choses qui ont changé depuis un an et demi voire deux ans ?

L’arrivée de certains clubs au niveau de la D2 qui arrivent comme Lille, Bordeaux. D’autres qui viennent petit à petit comme Nantes et Reims. il y a des noms qui arrivent dans le football féminin avec des clubs professionnels. Le gros problème reste de savoir si on investit un petit peu pour avoir une équipe de bon niveau et pouvoir concurrencer les équipes solides de la D1.

C’est pas facile car il y a un problème d’élite quand même !?

C’est pas évident mais d’un autre côté les présidents se rendent compte de l’intérêt d’avoir une section féminine pour donner une bonne image et pour mettre en avant le football féminin qui petit à petit commence à prendre son envol.

Au niveau de l’élite, as-tu le sentiment de voir arriver une touche masculine forte dans la tactique qui change le jeu ?

Bien sûr, au niveau des entraîneurs, on voit une avancée des entraîneurs masculins même si à la Roche sur Yon on a une femme, et je souhaite qu’il y ait un maximum de filles qui arrivent à entraîner au niveau de la D1 féminine comme, qu’il y ait d’autres filles qui arrivent à faire, de l’autre côté, ce que fait Corinne Diacre à Clermont (coach de L2 masculine). C’est une bonne chose.

Tactiquement les équipes ont progressé ?

C’est mieux. Après, c’est une qualité de talents sur le terrain. Je prends l’exemple de l’équipe de la Roche sur Yon, face à Montpellier cette année, j’ai trouvé que c’était une équipe qui progressait et qui tactiquement ressemblait vraiment à quelque chose. Un 4-4-2 qui se déplaçait bien, peu d’espaces entre les lignes et deux lignes de 4 intéressantes. Ce sont des choses que l’on ne voyait pas les années précédentes par rapport à des équipes qui montaient et qui arrivaient « la fleur au fusil « et qui, techniquement, n’étaient pas costauds.

Cette équipe là va peut être arriver à se maintenir. il y a vraiment quelque chose d’intéressant dans le jeu. Avec un bon collectif, on peut se permettre de se maintenir en D1 contrairement à d’autres équipes qui essaient peut être plus de se renforcer. Et là, cela démontre que, par le jeu, on peut arriver à faire quelque chose.

On risque de ne plus voir des 10-0 mais il va falloir regarder le football féminin différemment.

J’espère que l’on va arriver à cela mais il y a vraiment des équipes qui sont encore au-dessus. Il y a Lyon qui est toujours la grosse cylindrée. Paris qui reste une bonne équipe. Il y a vraiment une progression. J’ai vu la deuxième mi-temps l’autre jour face à Juvisy. je l’ai trouvé intéressante dans le jeu ce qui leur a permis de faire la différence et de gagner largement. Même si ce week-end, cela a été difficile pour le PSG à Rodez (0-1).

Nous à Montpellier, je pense qu’en étant un petit peu plus ambitieux dans le jeu, à un moment donné on arrivera à se servir peut-être un peu mieux des joueuses offensives. Mais ce qui est intéressant, c’est cette progression tactique. Cela, ça vient grâce aux coaches et aux formations aussi qui aident à avoir cette expérience et ce côté tactique qui permettent de faire progresser son équipe.

J’ai des réserves par rapport à cette tactique car avec la possession et le décalage qui permet de gérer les temps forts et faibles, les filles ont moins la possibilité de faire la différence que les garçons notamment lorsque le niveau est homogène et on se retrouve avec un match fermé niveau DH ou CFA. Cela fait perdre un peu de la subtilité spécifique au football féminin.

Oui peut-être. Après ce sont les talents et les joueuses. Quand on voit certaines joueuses offensives comme Ada Hegerberg, Lotta Schelin, Cristiane. Il y a des joueuses qui font la différence mais il faut pouvoir se les avoir.

D’un autre côté, il y a toujours cette différence qui sera plus prononcée que dans le football masculin avec les balles arrêtées parce qu’on a toujours ce problème de gardiennes. C’est un peu mieux mais il va falloir continuer à progresser de ce côté là. Je pense qu’il y a trop de ballons qui fuient dans la surface avec la présence d’une gardienne qui doit sortit pour couvrir des problèmes défensifs. Ca, c’est dans la formation qu’il faut améliorer.

Donc, du spécifique à certains postes qu’il va falloir améliorer comme aussi sur le plan physique quand on voit des joueuses comme Bremer (All, OL), Ada Hegerberg (Norvège, OL) qui arrivent très jeunes avec une puissance physique impressionnante contrairement à nos joueuses qui sont peut être plus prêtes tactiquement et techniquement mais à qui il manque quelque chose au niveau puissance et on le voit au plus haut niveau international avec les américaines qui arrivent à maitriser tout cela : c’est à dire, le physique, la tactique et la technique. Il manque peut être encore quelque chose de ce côté là.

C’est un ensemble, il faut progresser, se poser les bonnes questions pour améliorer tout cela dans la formation.

Il y a aussi l’aspect psychologique ?

C’est vrai. Mentalement elles sont peut être plus fortes que nous mais je reste persuadé que motiver un groupe, c’est possible, c’est même plus facile de le motiver que de le corriger dans certains domaines techniques voire tactiques. Il suffit d’avoir les bons mots. il suffit de savoir ce qu’il faut pour pouvoir se sublimer.

De son côté là, on peut intervenir mais je pense qu’il faut continuer à s’améliorer à certains postes pour pouvoir trouver un équilibre très costaud.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • 1/5 Patrice Lair. Le football féminin s’améliore tactiquement. Il faut chercher à s’améliorer. Toujours chercher à s’améliorer.
  • 2/5 Patrice Lair. A Montpellier, je leur dis : « Il faut que vous existiez ! ».
  • 3/5 Patrice Lair. Puisque Lyon est devant. La 1ère place, c’est mission impossible. Mais comme Montpellier est second, alors, il faut aller chercher la 1ère place.
  • 4/5 Patrice Lair. Un moment exceptionnel où j’ai pleuré : la MOBCAST. Une joueuse extraordinaire : Shirley Cruz.
  • Patrice Lair 5/5. Retrouver le terrain pour de l’adrénaline et la force de se surpasser.