C’est un Paris Saint Germain en deux temps qui s’est défait des roumaines de Cluj sur le score le plus important de cette 1ère journée (9-0) des 16è de finale de la Ligue des Champions 2016 qui a donné son information : l’élimination du champion d’Allemagne, le Bayern de Munich (2-2) face à Twente qui a connu la même mésaventure que le PSG lors de sa 1ère qualification de l’ère du nouveau PSG, mais là, face au futur finaliste, Tyresö.

Première mi-temps.

La première mi-temps s’est jouée sur un tempo « pianissimo » (2-0) avec un pénalty de Sabrina Delannoy (20′ 1-0) pour une faute sur Anjà Mittag, que l’interessée a souhaité ne pas tirer, nous dira-t-elle en zone mixte « car elle a eu une mauvaise expérience » ce qui lui aurait permis de devenir la meilleure buteuse de la Women’s Champions League (48 buts actuellement). « Ce sera pour plus tard » dira-t-elle, visiblement pas inquiète.

Pourtant, ce sont bien les roumaines de Cluj qui auront la meilleure situation sur un coup franc joué rapidement (15′) qui décale la latérale Corduneaunu, pour un centre plat du pied inattendu que l’excellente Lunca reprendra, alors que sans que l’on sache pourquoi, la balle sortira à côté du poteau. Ce sera la seule occasion roumaine, mais quelle occasion !

1-0 à la 40′ face à une équipe roumaine. Le constat impose de noter que c’est d’abord une volonté des roumaines de se battre sur chaque ballon et sur chaque joueuse (5 joueuses parisiennes à terre en 5′) qui stoppe le score comme du côté parisien, de voir les nombreuses erreurs de passes qui, à un moment, bloquent la transmission et l’affirmation parisienne dans le camp adverse.

De leur côté, les filles des Balkans, au physique prononcé, jouent en fin de mi-temps, dans le camp parisien. C’est la chance de Paris qui récupère un ballon bas, et dans la verticalité, jouent de Seger, pour Dahlkvist, puis Declercq pour ensuite Horan qui lance Mittag pour un centre au cordeau, que Seger venue dans la surface prolonge d’une talonnade et qui finira dans les pieds de Cristiane, impertubable, pour un tir maitrisé qui finira au fond des filets. (42′, 2-0, Cristiane). Superbe but.

La gardienne roumaine ne pouvant rien face au calme de la brésilienne, qui pourtant avait ajusté le cadre roumain 10′ avant mais trouvée une superbe horizontale de cette même gardienne. Rien de glorieux en 1ère mi-temps. Sous une pluie continue, le PSG en était à 8-0 sur les deux matches. Le travail était fait. Sans excès.

La seconde mi-temps sera tout autre.

Sept buts en 45′ et 45′ dans le camp roumain. Les mouvements parisiens partent des deux côtés et on voit là, les parisiennes en action quand les roumaines sont en réaction. Plus le temps passent, plus cette réaction se fait avec le temps de retard qui fera la différence sur les offensives parisiennes.

Une pluie de buts quand la pluie, elle a cessé.

C’est Cristiane qui marque le 3ème but et un doublé (49′, 3-0) sur un tir de Cruz qui touchera la transversale. C’est Dahlkvist (52′, 4-0) qui fera le 4ème sur un coup franc rapidement joué pour servir Léa Declercq. C’est Cristiane qui fera le 5ème sur un but d’internationales : voyant Mittag prendre à l’évidence le meilleur sur son adversaire pour que celle-ci, au jugé, centre au cordeau, la brésilienne, en retard pour la passe et par rapport à son adversaire, accélère et passe devant son opposante, ayant lu le jeu immédiatement et compris que la balle irait là.  Ce qui effectivement arriva. Un but à deux de maestro(s) de football féminin. Lecture, certitude, action, finalisation.  (63′, Cristiane, 5-0). Un triplé.

Les deux autres seront une symphonie d’entraînement, dixit Laure Boulleau, qui dira « c’est un geste que je fais souvent à l’entraînement avec Lindsey Horan » : débordement et centre. Visez le record. En 1′, les deux filles se trouvent dans la même action et la jeune américaine marque deux fois (65′ et 66′) sur deux passes décisives de la française internationale, contente de sortir « de cette période de blessures, le pire pour une sportive de haut niveau ».

Nous en sommes à 7-0 et cinq buts ont été marqués en l’espace de 20 minutes dont 3 buts en 3′.

Le huitième sera un csc de la centrale Olar (69′) mais le neuvième sera un superbe but d’avant-centre de la jeune Ouleymata Sarr, qui manifestera sa joie par un poing serré car ce but n’était pas facile à mettre et elle a utilisé toute son intelligence de jeu pour le réussir.

Servi à la limite de la surface. Duel avec la gardienne sur le côté. Réussi. Premier obstacle de passé. Puis au moment de finir, elle voit arriver deux roumaines qui partent pour un long tacle glissé afin d’empêcher la balle d’entrer, alors immédiatement, elle prend l’information et tente un extérieur du pied droit inattendu, qui passera derrière les défenseuses, « parties dans le vide » quand sa balle finira au fond des filets, petit filet, côté opposé. Croisé. Imparable. (83′, Sarr, 9-0).

Bilan : 

Le Paris Saint Germain a joué sans se poser de questions mais sans nous convaincre en 1ère mi-temps face à un tel adversaire, pour dérouler sans se poser plus de questions en seconde mi-temps mais en faisant une vraie différence avec son adversaire, en vitesse de transmissions et en jeu court performant. Soit (7-0) sur une mi-temps.

L’enseignement le plus significatif s’est fait en zone mixte, lors des échanges avec les joueuses Sabrina Delannoy, Laure Boulleau, Anja Mittag et Farid Benstiti. L’idée centrale est que les filles sont contentes de la dynamique de buts ; attendent le prochain adversaire ; qui sera pour Farid Benstiti, « peu importe ce dernier » car il considère que son équipe sera encore meilleure pour le prochain tour avec « une Anjà Mittag plus au sommet et une Cristiane aussi présente » et en concluant que les féminines sont sensibles à l’environnement, bien trop, et que chacun avait fait sa remise en question pour que les échéances soient respectées.

L’esprit était assez éloigné de la prochaine journée de championnat et les filles étaient plus dans la prochaine période internationale, à gérer les fatigues et les récupérations, comme Farid Benstiti qui, visiblement, « s’alignait sur ces impératifs » tout en tenant compte de ses contraintes.

Suite à une discussion informelle à trois, mon observation est que l’environnement semble peser dans le football féminin français, bien plus qu’auparavant. Est-il assez mature pour en faire une performance ? Ou un problème ? Aucune idée sur cette discussion informelle. A voir avec les intéressés.

Le football féminin n’est pas capable de gérer cela. Il ne faudrait pas qu’il soit pris en otage. C’est un sport. Féminin. Ni plus, ni moins. Hier, il y avait 400 personnes au stade. Un peu plus. Un peu moins. Et en partant, tout en discutant avec un suiveur du football féminin, le constat était simple : une fille qui ne joue pas au PSG, où veux-tu qu’elle trouve un club français qui la paye au même salaire ?

Ces filles ont des vies qui ne sont pas simples. Cela se respecte. Il y a des ambitions évidentes dans ce milieu. Dont les joueuses pourraient être les otages. Pour les joueuses, ne plus jouer, c’est un petit peu disparaître. Le football féminin a son environnement. Avant qu’il ne change réellement, cela prendra bien plus que du temps. C’est une réalité.

On leur a demandé beaucoup. Elles ont donné. Cela serait pas mal de penser à Elles. C’est un sport. Féminin. Ni plus, ni moins.

William Commegrain lesfeminines.fr

PARIS SAINT-GERMAIN – OLIMPIA CLUJ : 9-0 (2-0)
Women’s Champions League – 16es de finale retour
Stade Charléty (Paris)
Buts : Delannoy (21e), Cristiane (42e, 49e, 63e), Dahlkvist (52e), Horan (64e, 65e), Olar (69e, csc), Sarr (83e) pour Paris.
Paris : Berger – Declercq, Delannoy, Erika, Boulleau – Dahlkvist, Seger (c) (Karchouni, 74e), Cruz – Horan (Sarr, 74e), Cristiane (Katoto, 70e) – Mittag.
Cluj : Ganea – Corduneanu (Tarasila, 46e), Olar (Popa, 78e), Havristiuc, Giurgiu – Ciolacu, Bortan (c), Vatafu, Voicu – Batea, Lunca (Meluta, 44e).