La France a aisément remporté son match face à la Roumanie (3-0) sur le plan comptable bien que le détail n’eut pas été là et l’équipe de France n’a pu scorer autant que la différence de niveau entre les deux équipes pouvait le laisser supposer ou prétendre suivant la nature du supporter que l’on est.

En effet, les françaises, 3ème mondial, sont à un océan de différences avec la Roumanie, 41è FIFA, ce qui en football féminin ne peut faire douter un seul instant de l’issue de la rencontre : une victoire française, une défaite roumaine.

C’est ce qui est arrivé mais cette victoire a été acquise avec des détails qui soulèvent l’observation.

La Roumanie s’est disposée en 4-4-1-1 avec l’espoir d’empêcher les françaises de trouver des intervalles et surtout à pouvoir se retourner face au but, ce qui a obligé les bleues à remettre le ballon en arrière bien plus souvent que la normale, et à chercher les décalages latéraux qui, n’ont pas excessivement génés les roumaines, disposant d’un physique hors-norme pour cette rencontre, qu’elles ont subi de la 1ère à la dernière minute, sans craquer plus que de raisons.

Face à cela, la France ne disposant pas de tous les atouts offensifs habituels (blessées et choix du sélectionneur) ont tissé une toile qui a semblé, trop rectiligne et visible, avec des plats du pieds dans les transmissions, souvent récupérés ou interceptés par un milieu roumain.

La France aurait pu s’impatienter mais cela n’a pas été le cas, tellement la certitude de dominer semblait prégnante et s’est effectivement réalisée. D’autant plus que le premier but est venu dans le premier quart d’heure par une profondeur d’Amandine Henry, en appui sur Camille Abily aux abords de la surface, qui dévie pour Marie-Laure Delie (PSG), anticipant le mouvement pour un tir croisé qui lui ouvre le chemin du but, son deuxième de suite (France-Bresil samedi dernier), le 62ème pour 92 sélections (16è, Delie, 1-0).

Quand le second arrive, nous en sommes à la 35′, et c’est sur un centre de la droite qui trouve la tête de la capitaine Wendie Renard, pour qu’Eugénie Le Sommer (OL), démarquée, place un gauche vainqueur (2-0, Eugénie Le Sommer, 35′).

Tout pourrait sembler pour le mieux, sauf qu’en football féminin, une telle différence entre les deux équipes demande un score plus en faveur de la France.

L’observation a d’autant plus de vérités que la seconde mi-temps ne donnera pas plus de buts, puisque c’est même à la surprise générale qu’Eugénie Le Sommer marquera sur une remise, encore de Wendie Renard, à la suite d’un coup franc de Louisa Necib mais qui verra six joueuses françaises toutes seules, totalement hors jeu sur le ralenti des caméras de D17, sans que l’arbitre de touche ne les signalent, à la grande surprise de tous et toutes. (3-0, 48′, Eugénie Le Sommer)

On a vu plus d’une fois des décisions arbitrales discutables et, dans un tel cas, l’idéal est de ne pas « faire compliqué ». Mieux vaut signaler un hors jeu litigieux que de voir une telle situation, qui à l’examen, relève pus de la faute professionnelle que de l’erreur d’inattention. Il y a longtemps que les arbitres ont compris cela et l’exemple de ce soir montre à quel point ce raisonnement peut avoir ses raisons d’être. L’erreur et la situation semblent si grossières qu’elles en portent ombrages au football féminin.

Le score en restera là et ce serait manquer de réalités que d’oublier de mettre en avant la gardienne roumaine qui, en l’espace de trois minutes (57′ – 60′), a sauvé ses buts de très belles manières. Une première fois sur Amandine Henry (57′) avec un tir de loin ; une seconde fois sur un tir d’Amel Majri (58′), rentrée intérieure, pied gauche, balle en coin petit poteau et une dernière fois avec une sortie fracassante (60′) face à Amandine Henry, pour une frappe d’ailière, croisée, arrêtée comme le font les gardiennes de hand. A l’impact.

Les deux équipes se quitteront après 3 minutes d’extra-time et avec deux buts refusés pour les françaises (Delie et Henry) quand le public français n’aura vu qu’une seule fois les couleurs roumaines aux abords de la surface française. Les françaises se positionnent en tête de leur groupe, avec les trois points de la victoire.

Néanmoins, les Roumaines garderont longtemps ce match à l’esprit car conserver un tel score face à l’équipe de France féminine est un véritable exploit, d’autant plus si on tient compte des faits de jeu (buts validés hors jeu) quand pour les françaises, il sera vite oublié, soit car le contenu et la manière n’ont pas été au niveau attendu, soit en raison d’une échéance du championnat qui arrive très vite avec la 4ème journée qui s’annonce Samedi et Dimanche et un important OL-PSG qui pourrait décider déjà de la tête du championnat pour les médias nationaux. Et donc de son intérêt.

Le jeu féminin évolue. Il impose plus d’efficacité. Il y aura bien moins d’occasions que par le passé. L’expérience est indispensable pour scorer.
Pour ma part j’aurais plus de réserves. Ce championnat ne se jouera pas comme d’habitude. C’est une intuition. Cela pourrait être des faits. J’en ai deux : le match nul de Montpellier au PSG (0-0) comme le match de l’équipe de France (3-0) montrent que les tactiques défensives d’abnégation arrivent maintenant à gommer une grande partie des différences entre les équipes. Les joueuses tiennent maintenant physiquement tout le match face aux vagues adverses.

Les décalages offensifs sont moins nombreux et il faut être efficaces avec bien moins d’occasions qu’auparavant. Or, l’efficacité est le point faible du football féminin. Bien plus que ses gardiennes qui s’améliorent. Les scores importants étaient bien plus dus aux différences (il fallait pousser la balle) qu’à des gestes purs d’attaquantes.

Aujourd’hui, le but. Il faut aller le chercher. Le résultat peut donc se faire au détail. C’est nouveau. C’est un peu trop tôt pour dire que c’est un fait mais il y a des signes de changement.

A ce jeu, l’expérience est indispensable. Associée au talent. C’est un détail, mais c’est un sacré détail. Comprenez ce qu’il y a à comprendre.

William Commegrain lesfeminines.fr

FRANCE – ROUMANIE. Qualifications Euro 2017. Groupe 3. MMarena Le Mans. (3-0). Spectateurs : 7761.

Buts : Marie-Laure Delie (16′), Eugénie Le Sommer (35′, 48′).

Arbitres : Silvia Spinelli, Lucia Bruzzese, Francesca Di Monte. Carton jaune : Hamraoui (78′), Corduneanu (85′)

France : Gérard – Houara, Delannoy, Renard (cap), Mbock – Majri, Henry (71, Hamraoui), Abily (81′, Bilbault), Necib – Le Sommer, Delie (71′, Le Bihan). coach : Philippe Bergeroo. Banc : Philippe (GK), Kaci, Diani, Bussaglia.

Roumanie : Paraluta – Corduneanu, Olar, Ficzay, Opréa – Nayristiuc (46′ Gorea), Bortan, Olaro, Giurgiu – Vatafu (65′, Gangal), Voicu (Batea) Coach : Mirel Albon. Banc : Oprea, Sarboyan, Gurz, Dinescu.

Prochain match face au Pays-Bas (23 Octobre).