On a un sentiment bizarre à la fin du match (0-0) entre le PSG et Montpellier Hsc. D’un côté, comment expliquer qu’un match nul condamne une équipe autrement qu’en rappelant qu’elle joue le titre face à Lyon, l’équipe au 22 victoires sur 22 matches ; alors que la simple objectivité amène à penser qu’il est déjà pas si mal de lutter pour la seconde place européenne quand on a l’Olympique Lyonnais dans son championnat.

D’un autre côté, on voit la joie mesurée de Montpellier qui vient d’obtenir un match nul de qualité sans rien lâcher sur ce qui fait la différence entre le PSG et ses adversaires : le physique et le mental.

Jean-Louis Saez, coach de Montpellier le crie à partir de la 80′ : « Ne rien lâcher, ne rien lâcher les filles ! ». Cette consigne sonne fort dans ma mémoire et montre à quel point Montpellier a préparé son plan, non pas sur la technique et l’offensive, mais sur l’abnégation collective et un plan napoléonien qui avait fait crier Farid Benstiti en première mi-temps : « c’est moi qui vais aller là-bas peut-être ! » sur un ballon en profondeur qui mourait tranquillement vers la touche sans qu’aucune attaquante parisienne ne l’accompagne, autrement que du regard.

46′ minutes. Voilà ce que toutes les protagonistes parisiennes disent avoir joué. Avec un constat : « aujourd’hui, il était impossible de gagner en jouant 46′! « . C’est vrai. Car en face, le Paris Saint Germain s’est opposé à un talent offensif qui s’est transformé en un mur infranchissable d’abnégation. Ce n’est pas tous les jours que vous verrez Montpellier mettre de côté les 10 buts marqués en deux matches pour se concentrer à n’en prendre aucun et être prêt à bondir, dès que la balle est récupérée.

Pourtant demandez aux joueuses du PSG si elles n’ont pas joué la première mi-temps. C’est certain qu’elles vous fusilleront du regard. Il a fallu essayer de passer ce mur en 4-5-1 où Marion Torrent, à quelques jours de la Coupe du Monde de rugby masculine, s’est mise à bloquer balles et joueuses, comme un centre ferait.

Et que dire de Laura Georges qui est allé chercher des tacles impossibles sur Sofia Jakobsson, intenables dans ses volontés de jouer les quelques balles qu’elle a eu à disposition (15′, sortie vainqueur d’un double opposition avec Georges et Kiedrzynek, pour voir sa balle toucher le poteau ; 39′, tir contré qui finit plein cadre sauvé par Kiedrzynek et 61′, tir contré qui finit en cloche, sortie par Kiedrzynek).

Le Paris Saint Germain joue comme à son habitude, plat du pied, placé, sauf que l’herbe du stade du Camp des Loges qui ressemble à un superbe green de golf entretenu par le Maître Jardinier Jonathan Calderwood, ne trouve à aucun moment le geste juste qui puisse permettre quatre passes de rang et amène les balles sur les côtés pour un centre salvateur ou une puissance qui corresponde à la domination habituelles des parisiennes. Un comble avec une telle pelouse. Montpellier était en face.

Rien n’est réellement là ou suffisamment là pour faire mal à Montpellier dans cette première mi-temps. Les filles du Sud prennent confiance dans un stade où on ne trouve aucun spectateur prêt à supporter ses couleurs et où le chant habituel des supporters parisiens semblent être la seule animation parisienne qui soit dominante face à ses adversaires.

Pourtant Paris joue bien en seconde mi-temps. Paris joue vite dans ce premier quart d’heure. Paris utilise toute la largeur et on devine que les trois mètres que doivent faire les joueuses du Sud pour se porter devant le ballon sont trois mètres qui vont se payer très chèrs si Paris continue à ce rythme.

Mais la machine se grippe. Elle joue plus au centre et se trouve confrontée à une difficulté qui se voit au fil du match : l’arrivée trop récente de Cristiane comme de Mittag ne permettent pas les liaisons demandées par le jeu parisien. Les filles ne se connaissent pas assez et, elles trouvent à chaque fois un tacle de Kelly Gadéa, une récupération de la grande Torrecilla, un retour d’Agard.

Rien n’y fait et on se demande si Paris regrette l’occasion unique à la 39′, sur un contre parisien, où Mittag récupère la balle qui sert Dahlkvist pour une profondeur que prend Cristiane et d’un extérieur, met la balle exactement où il faut qu’elle aille, sauf que Laetitia Philippe, sous les yeux de Philippe Bergerôo sort un superbe arrêt de gardienne. La balle quitte le poteau rentrant qui l’attendait pour sortir en corner.

Les filles s’opposeront encore et toujours, mais rien d’autres ne se jouera. Ce qui est une performance en football féminin, adeptes des occasions en Or dans les trente dernières minutes des matches. Fatigues aidant. Là, les féminines sont au même niveau. Elles se quitteront sur un match nul. Après coup, on peut se demander s’il n’a pas manqué un peu de couleurs parisiennes au onze international parisien, bourré de qualités mais pas assez ancré dans l’enjeu du championnat de France quand, du côté de Montpellier l’envie de ne pas perdre s’est sentie de la première à la dernière minute.

Je ne suis pas convaincu que les parisiennes aient joué seulement 46′. Elles ont fait un match plein mais n’ont pas su s’adapter à la situation qui se présentaient à elles pour vaincre. Montpellier a montré qu’elles étaient capables de poser un problème à Paris, non pas sur 45′ mais bien sur 90′. Et c’est la grande nouveauté de Montpellier.

Paris se place pour jouer une seconde place ce qui n’est pas en soi une surprise ; Montpellier se place pour prouver qu’elle peut tenir cette performance toute une saison. Et c’est la seule question qui reste.

Montpellier jouera-t-il toute la saison à ce niveau ? Alors, elles iront loin. Paris Saint Germain doit aussi penser à s’imposer face à ses adversaires avant de penser à l’Olympique Lyonnais.

Le championnat de France a un leader, l’Olympique Lyonnais. Mais les fenottes ont des beaux outsiders : Montpellier et le Paris Saint Germain sur ce match. Juvisy sur son résultat de ce dimanche. Un match sans occasion mais un match intense avec ses hauts et ses bas, pour un enjeu pas si mal qui se dessine : la seconde place européenne.

Au sortir de ce match, c’est le constat qui s’impose.

William Commegrain lesfeminines.fr

Jessica Houara, internationale du PSG, le dit à la sortie du match, douche et réflexion faites : « Montpellier s’est très bien renforcé à l’intersaison avec une équipe meilleure que l’an dernier. Il faut les attendre face à Juvisy comme face à Lyon, car Lyon n’a pas encore gagné. » Jean-Louis Saez, le coach Montpellierain, dit son contentement : « Prendre un point à Paris, on était venu pour cela. On était venu pour chercher à faire une performance et sur quelques contres, on aurait pu marquer un but ». Farid Benstiti, le coach du PSG précise : « la première mi-temps a été assez mauvaise dans l’état d’esprit et il aurait fallu jouer la première mi-temps comme la seconde avec de l’agressivité, comme de la volonté d’aller de l’avant. Il ne faut surtout pas sous-estimer ce championnat de France où les équipes viennent à Paris chercher des résultats, sont bien organisées et capables de le faire et pour nous, il faut tout de suite trouver des solutions. Le problème, attendre 45 minutes pour le faire, aujourd’hui, cela ne sera pas assez suffisant. » Laurent Nicollin, le Président du Montpellier Hsc « Un sentiment mitigé avec un côté heureux puisqu’on arrive à rivaliser avec une grande équipe du championnat qui a fait une finale de Championnat d’Europe ; et en même temps on n’a pas gagné, car on aime bien gagner. Le projet de Jean-Louis Saez sur trois ans prend forme cette année

PSG Féminine (0-0) Montpellier Hsc

STADE Georges Lefebvre : Saint Germain en Laye. Dimanche 13 Septembre. 15h00. Arbitres : GUILLEMIN Florence, TINOCO Tiago, DAOUDI Ileas

PSG féminine : Kiedrzynek –  Delannoy,Georges, Erika, Houara – Dahlkvist, Seger, Cruz – Horan (Hamraoui, 78′), Cristiane (88′, Asllani), Mittag (68′ Delie). Coach : Farid Benstiti.

MHSC : Philippe – Karchaoui, Gadéa (cap.), Sembrant, Agard – Torrecilla – Toletti (65′, Léger), Torrent, Alves – Jakobsson, Gauvin. Entr.: Jean-Louis Saez