Les allemandes prennent la Suède à la gorge.

A la veille de la Fête de la Musique, les allemandes ont joué « plein pot » un concerto où aucune fausse note n’a été entendue. La consigne semblait claire et Silvia Neid s’est levée plusieurs fois pour invectiver les occasions ratées allemandes qui avaient appliqué à merveille le plan de bataille allemand : « attaquer immédiatement sur tous les ballons pour les récupérer ».

Le plan allemand fonctionne à merveille mais les occasions n’entre pas.

Avec dès la 1′, une première occasion d’Alexandra Popp qui envoyait une balle au-dessus qui ne demandait qu’à être cadrée. A la 2′, sur une erreur de Samuelsson (23, Linkoping, 21 sélections) qui verra souvent rouge face à Simone Laudehr, excellente (Championne d’Europe 2015, Frankfurt, 90 sélections, 24 buts), qui part en contre pour trouver un appui avec Célia Sasic et se retrouver dans un duel que gagnera l’expérimentée Lindahl (110 sélections), la gardienne de Chelsea.

Une suède très timide.

La Suède a été incapable de récupérer la moindre construction offensive allemande. Le milieu suédois a sombré face aux allemandes.
+La Suède essaie de déplacer l’axe central par du jeu long mais ce faisant, elle montre son incapacité à tenir une construction donnant les clés du jeu à l’Allemagne, redoutable dans cet exercice. En effet, quand l’Allemagne possède le ballon, alors elle invente des géométries de passes qui rendent inutile les six défenseurs suédois que Pia Sundhage avait organisé autour de ses buts. C’est à un solo que l’on assiste et on voit l’impossibilité de Caroline Seger à jouer le double rôle attendu, patronne de la défense et première relayeuse.

Un milieu suédois abandonné aux allemandes.

Il parait évident que le pari de Pia Sundhage de mettre Linda Sambrant au milieu pour forger un mur de l’Antlantique rend impossible toute construction offensive  et on est pas loin de qualifier tout cela d’erreurs, qui coutera à la Suède, son billet olympique, montrant par là que la Suède a eu la malchance de rencontrer les deux meilleures équipes du monde (USA et Allemagne) mais aussi peut-être, montrant la fin d’un cycle avec un niveau ne lui permet pas de postuler à un quart de finale tout simplement, même si on se demande ce qu’il en aurait été avec un sort plus favorable et plus logique de tête de série lors du tirage au sort, en tant que 5ème mondial.

Deux occasions suédoises que la Suède ne peut utiliser.

Comme toute équipe dominée, les suédoises auront deux occasions qui se feront à la 9′ et surtout à la 45′ avec une vraie balle de réduction du score sur un travail propre suédois terminé par Lotta Schelin pour un centre deuxième poteau que Sofia Jakobsson prend de la tête, trop haute, hors cadre.

Le bulldozer allemand

De son côté l’Allemagne, aura une plénitude d’occasions avec Simone Laudher qui s’infiltre dans la surface reprise par Samuelsson (13′) ; Leupoltz à la 14′ qui ajuste un tir trop enlevé, Simone Laudehr qui contourne la défense à la manière d’un Lionel Messi pour placer un gauche extérieur (20′) et encore la jeune Leupoltz qui manque l’immanquable (23′).

L’Allemagne a crée des géométries de passes incroyables qui ont amené à chaque fois le danger dans le camp suédois.
Silvia Neid est énervée de voir tant d’occasions gâchées car les suédoises ont les joueuses d’expérience pour passer l’orage mais Anjà Mittag déclenche son compteur et prend une balle anodine pour la rendre salvatrice avec un superbe but en coin qui touche le petit filet de Lindahl (25′, 1-0 Anjà Mittag) plaçant son compteur à 5 buts dans ce mondial.

L’expérience allemande est là, même face à une Suède fatiguée et empruntée et Bartusiak (privée du quart de finale) se condamne pour empêcher Sofia Jakobsson de partir dans une grande enjambée qui peut toujours faire mouche (carton jaune, 28′ qui aurait pu être rouge). Elle fait bien, car sur le côté droit, c’est la jeune Rubensson (21 ans) qui pousse et en appui avec Lotta Schelin, aurait pu prendre la lucarne de Nadine Angerer (32′).

Tout reste possible même si cela ne peut être que de l’espoir au vue du jeu, qui s’éteindra de lui-même quand Anjà Mittag joue l’expérience dans la surface et se couche pour un pénalty incontestable sur le geste de l’allemande, très contestable sur celui de la défenseur suédoise qui ne commet pas de faute. Célia Sasic se prête à l’ouvrage et marque le but qui tue (2-0, pénalty, Célia Sasic) portant son compteur dans cette coupe du monde à quatre unités.

La messe est dite, l’Allemagne mène 2-0 en ayant dans son sein, les deux meilleures buteuses du mondial. Attaquantes de surcroît. On se dit que si Sasic venait au PSG, alors il y aurait une attaque européenne sous les couleurs parisiennes.

L’Allemagne gère quand la Suède n’arrive pas à prendre sa chance. 

Il suffit d’un but pour que la Suède ne mette à espérer à un retour. C’est peu et on peut penser que la pause salvatrice a pu laisser la place à de l’espoir. Deux buts en 45′, c’est du domaine du possible.

Effectivement, la Suède a quelques possibilités d’espérer mais Nadine Angerer est impériale dans ses sorties et elle ôte de la tête suédoise, une balle qui ne demandait qu’à être reprise victorieusement (56′). Mais le problème se pose de la même manière. Chaque balle récupérée par la défense allemande devient une balle d’attaque, aucun milieu n’arrivant à couper les transitions allemandes.

La musique allemande continue donc de jouer à son rythme, c’est à dire puisement et cadrée (58′, Mittag). La suéde s’essaie au jeu de la domination et de la possession en avançant par petite touche qui amenera Sofia Jakobsson aux portes de la surface, reprise par Annike Krahn.

Il n’en fallait pas plus pour que l’emprise allemande se fasse décisive avec Anjà Mittag, omniprésente (63′) puis Gossling (64′) et Marozsan (66′, 71′) qui demandera à chaque fois, la maitrise de l’excellente Lindahl.

L’allemagne aggrave le score (deux buts) en cadrant au maximum toutes ses interventions, face à une défense qui semble apathique.
La portière suédoise ne pourra rien sur le tir de Simone Laudehr qui trouvera le poteau pour être repris de la tête par Célia Sasic, but ouvert, signant son 5ème but de la compétition, co-meilleure buteuse avec Anjà Mittag, après avoir été la meilleure buteuse de la compétition 2015 de la Women’s Champions League.  (3-0, 77′, Célia Sasic)

On pense à une véritable fessée allemande quand en deux coup du sort, la Suède arrive à réduire le score de la tête par Linda Sembrant (81′, 3-1, Linda Sembrant) et Sofia Jakobsson rate le contre immanquable, seule en duel face à Nadine Angerer, excellente qui prendra le dessus quand tout semblait donner une chance incroyable de croire à l’impossible (3-2 ?).

Il en faudra pas plus pour l’Allemagne de marquer un quatrième but magnifique qui finira pleine lucarne, à l’image de la partie allemande mais aussi suédoise, quand on voit que Marozsan marque un but sur un corner plat du pied en étant totalement démarquée, et pourtant dans la surface ! (87′, 4-0, Marozsan).

Lindahl, la gardienne suédoise, pourtant auteure d'un bon match, abattue par l'élimination. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

Lindahl, la gardienne suédoise, pourtant auteure d’un bon match, abattue par l’élimination. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

Un avenir compliqué pour la Suède qui va reculer au classement FIFA

Le match se terminera sur un constat clair : la Suède a raté son tournoi mondial et ne retrouvera une compétition qu’en 2017, pour l’Euro si elles se qualifient. Pour la première fois, elle ne seront pas dans le dernier carré mondial et n’iront pas aux Jeux olympiques de Rio. Le moment, certainement pour reconstruire quelque chose en prévoyant un recul au classement FIFA si ses poursuivants (Angleterre, Brésil, Canada, Australie) continuent l’aventure.

A l’évidence, si la Suède a conservé un niveau, les autres pays ont bien plus progressé sans que l’on puisse dire que de son côté la Suède l’a fait.

L’Allemagne joue de la 1′ à la 95′ sans sourciller et avec la même volonté offensive. Une tornade force 12 qui va vers les buts adverses.
L’Allemagne gagne de la 1′ à la dernière minute son adversaire et c’est certainement le renseignement à retirer de ce huitième. Cette capacité à faire mal pendant tout le temps d’une partie, qu’elle dure 95′ ou non. Le second enseignement est cette facilité tactique à créer des géométries de passes qui trouvent des espaces totalement libres devant elles, avec un jeu créatif totalement tourné vers l’offensive.

Elle rencontrera en quart de finale, le vainqueur entre la Corée du Sud et la France, à Montréal, le 26 Juin.

William Commegrain. lesfeminines.fr

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