Dimanche 21 Juin 2015. 1h30 Am du matin. Voici deux pays qui ont poussé à la troisième place les deux pays de la zone UEFA qui aurait pu y prétendre. La Chine avec les Pays-Bas, le Cameroun avec la Suisse. Si l’opposition entre les deux pays laissent beaucoup d’interrogations et développera beaucoup de passion, elle sera sûrement une référence dans le futur des deux nations.

L’Histoire du Cameroun avec le Mondial.

Le Makossa de Roger Milla au Mondial 90 qui lança les célébrations. Lesfeminines.fr.

Le Makossa de Roger Milla au Mondial 90 qui lança les célébrations. Lesfeminines.fr.

1990. Italie. Personne ne peut oublier la célébration mondiale, devenue maintenant un rite, où le buteur entame un message en célébrant son but à sa manière. L’initiative pourrait revenir à Roger Milla, attaquant camerounais, ex-professionnel évoluant en France, qui s’était mis à danser face au poteau de corner lors du Mondial 1990 italien quand tous les autres se congratulaient simplement, en réalisant ce que les camerounais appellent un « Makossa » qui ensuite fut repris par Yannick Noah dans « Saga Africa » à chacun de ses buts.

1990, 25 ans en 2015. Les Lionnes indomptables ont grandi avec cette histoire du Mondial dans les oreilles.
Quatre buts, dont deux doublés, l’un en poule, l’autre en 1/8è qualifiant le Cameroun pour les quarts, devenant un des buteurs les plus âgés de la compétition et permettant aux Lions indomptables d’aller jusqu’en quart de finale face à l’Angleterre (3-2) renouvelant la notion de performance africaine et camerounaise que Thomas NKono (gardien) avait fait découvrir en 1982 en Espagne. Un calme impérial dans les buts. Des mains qui aspiraient le ballon. La sensation que les buts étaient plus petits que le gardien. Gianluigi Buffon, le gardien italien disant de lui qu’il avait été son idole et la double raison pour laquelle il avait donné le même prénom à son fils et était passé du milieu de terrain au poste de gardien.  Ensuite, plus rien ne fut comme avant pour le Mondial.

1990, 25 ans en 2015. Les Lionnes indomptables ont grandi avec cette histoire du Mondial dans les oreilles.

La Chine, écrit son histoire dans la décennie 1995-1999. 

Les Etat-Unis veulent revivre cela. Les feminines.fr

La Chine ne veut plus revivre cela. Finale 1999 devant 90.000 personnes aux USA. Victoire américaine aux tirs au but face à la Chine (0-0). Les féminines.fr

1999. Le monde du football féminin passe du Nord de l’Europe au monde asiatique. La République Populaire de Chine arrive tambour battant dans les premières compétitions féminines de football et après avoir accueilli le pré-tournoi (1989) du 1er mondial qu’elles organiseront en 1991.

1999. Les Roses d’Acier ont grandi avec cette histoire du Mondial dans les oreilles.
Elles iront jusqu’en demi-finale de celui gagné par la Norvège (1995) pour finir par aller en finale en 1999, devant plus de 90.000 spectateurs, au stade Rose Bowl de Pasadena, Los Angeles, record absolu pour un match féminin qui se terminera par une séance de tirs au but historique gagné par les américaines (0-0)  et une photo qui fera la Une du célèbre Sports Illustrated, début de la flamme d’amour entre les américains et le football féminin. Ce fut la période dorée chinoise avec une finale olympique en 1996 face aux USA et Sun Wen, meilleure buteuse en 2000 à Sydney (Australie). Ensuite, plus rien ne fut comme avant pour le Mondial avec une non qualification en 2011 pour l’Allemagne.

1999. Les Roses d’Acier ont grandi avec cette histoire du Mondial dans les oreilles.

Les deux équipes sont jeunes, elles joueront pour écrire leur histoire afin qu’elle résonne dans les esprits de celles qui viendront plus tard. 

Ces deux pays évoluent culturellement de la même manière. Avec la transmission du passé. Fort de cet adage : « Dis moi d’où tu viens, je te dirais qui tu es », ces deux histoires feront partie de leur aventure au mondial canadien. Elles en entendront parler.

Le Cameroun et l’impétuosité de son jeu. 

Le Cameroun a un football qui sent le feu. Elle peut brûler les autres, elle peut aussi se brûler. c’est du quitte ou double. Pour l’Histoire du Cameroun et pour l’Histoire africaine.
Qui a vu et revu le match du Cameroun face à la Suisse comprend en quoi le mot « impétuosité » peut correspondre au jeu des vice-championnes d’Afrique. Tout d’abord avec la capitaine Christine MANIE (31 ans) que l’on entend commander du bord du terrain quand l’habitude aujourd’hui est le silence européen quand une coéquipière fait une erreur de jeu. Impétueuse car si près de son attaquante qu’elle va chercher le ballon là où plus personne ne veut aller le prendre, dans les pieds, collée à la joueuse, comme une chasseuse. Impétueuse quand on voit l’extraordinaire Gabrielle ONGUENE, (26 ans) fine comme un moineau, et qui se joue d’une défenseuse concentrée à manifester une présence croyant déstabiliser la milieu excentrée, quand le jeu demande récupération et initiative, qu’elle prend immédiatement avec balle à gauche, départ à droite, pour s’envoler si vite balle au pied, que Maritz, latérale suisse, semble être un train corail face à un TGV, pour finir sur la ligne, par centrer. Impétueuse quand la plus rugissante des Lionnes Gaelle ENGANAMOUIT (23 ans), après un triplé historique face à l’Equateur, reçoit un centre en retrait face à la Suisse pour envoyer un missile et que la balle passe sous son pied, par un excès de volonté, tout en permettant à Gabrielle ONGUENE de marquer le but égalisateur (1-1, Suisse – Cameroun).

Le Cameroun est impétueux et son jeu est fait de flammes, 61 tirs en 3 matches, qui partent à tout moment, sous la baguette explosive de la volonté camerounaise, 21 tirs cadrés qui sont là pour renverser les montagnes. Impétueusement. Peu importe les défauts avec 45 fautes et 6 cartons sur les trois rencontres, l’essentiel étant que le feu consume la défense adverse, pour qu’elle craque, sous le joug de tant de volontés offensives.

La Chine et la subtilité de son jeu.  

LA Chine joue au football comme « un chat joue avec une souris ». Quelques fois elle gagne, quelques fois, elle perd.
La Chine joue au football comme « un chat joue avec une souris ». Elle attaque sans que jamais on ne puisse dire que le but va arriver mais sans que jamais on puisse penser qu’il s’agit d’une erreur ou d’une maladresse. Elle tisse une toile où elle devient le maître du jeu comme face aux Pays-Bas avec 60% de possession ou alors elle se replie en se défendant comme elle a dû le faire face au Canada avec 38% de possession seulement, sortant toutes griffes dehors (défaite seulement à la 92′ sur un pénalty discuté) pour chasser cet adversaire et se sauver de la condamnation qu’il a l’intention de lui faire ; comme elle peut jouer de sa vitesse chatoyante pour aller, d’un pas vers une direction, d’une passe vers l’autre (transversale Wang Lisi pour le 2-1 chinois face à la NZ), en bondissant si vite, que l’on pourrait lui donner le qualificatif, « d’équipe qui joue le plus vite collectivement » (Chine-Nouvelle Zélande 2-2).

Ralentir est une erreur, bondir est la solution. Désobéir est la désapprobation.

A ce jeu Wang Lisi sera la joueuse du Mondial si la Chine continue son chemin, elle qui a été sortie par son coach à la 43′ pour désobéissance tactique, mais qui a enchanté tout le monde avec un toucher de balle jamais vu dans le football féminin et au top du football masculin qui m’avait éclaté aux yeux avec ce coup franc face au Canada, lors du match d’ouverture, où elle arrive à faire un effet rétro à une balle qui touche poteau haut pour finir deuxième poteau bas, pleine puissance.

L’ensemble des joueuses se donne pour le collectif et la force des Roses d’Aciers serait plutôt dans le bonheur lumineux qu’elles montrent quand une fille finit l’action collective par un but salvateur. Pas de » Makossa », mais avec sa culture, une puissance chinoise qui se montre là, à cet instant, comme le moteur atomique du jeu des asiatiques.

A courir sans jamais s’arrêter. S’arrêter, c’est quasiment mourir.

Explosion chinoise, but à la 89' face aux Pays-Bas. credit FIFA. Lesfeminines.fr

Explosion chinoise, but à la 89′ face aux Pays-Bas. credit FIFA. Lesfeminines.fr

Les deux jeunes coachs dans ce match vont faire leur partie. 

On ne peut pas terminer cet article sans présenter les coachs qui ont une influence prépondérante dans la réussite de leur équipe. Face à la Suisse, le Cameroun est dominé dans ce dernier match tout en étant mené (1-0) et il semble impossible de les voir revenir dans la partie. La mi-temps, siège d’expression des coachs, arrive. Le Cameroun a totalement changé d’état d’esprit et de jeu.

Enow NGACHU, coach du cameroun. Coupe du monde féminine de football. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

Enow NGACHU, coach du cameroun. Coupe du monde féminine de football. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

La jeunesse d’Enow NGACHU qui connait son groupe depuis 2008 chez les jeunes et a été à la tête de la sélection en 2012 aux JO de Londres prenant 11 buts pour n’en marquer qu’un seul déclare avoir beaucoup travaillé le passage défensif vers celui offensif pour cette année, faire le record africain de tous les mondiaux pour 9 buts marqués et deux encaissés, a les mots et les choix qui conviennent à son groupe, changeant quatre joueuses pour ce dernier match face à la Suisse, et faisant rentrer une ex-titulaire qui mettra le but vainqueur (2-1).

De son côté, HAO Wei, le jeune sélectionneur chinois déclare avoir bâti sa sélection pour qu’elle s’exprime aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et fait montre d’une autorité précise en sortant devant les caméras du mondial, sa meilleure joueuse de l’instant, à la 43′, sanction suprême pour que le message passe, alors que la mi-temps n’était qu’à un souffle.

Le sélectionneur chinois sort sa meilleure joueuse qui ne fait pas le travail défensif. Lesfeminines.fr

Le sélectionneur chinois sort sa meilleure joueuse qui ne fait pas le travail défensif. Lesfeminines.fr

Dans un milieu où l’expérience est fondamental, ces deux coachs frappent à la porte du Monde, comme les féminines, pour donner à ce Mondial sa vérité du moment : un Mondial de la jeunesse du football féminin.

Le public aura sa part, avec une communauté américaine et canadienne, d’origine chinoise très présente face à une communauté camerounaise très exubérante.

Un très beau match, plein de vie et de vérités à prévoir. Sur W9 et Eurosport, 1h 30 AM le Dimanche 21 juin. Le coeur français pourrait être camerounais avec pas loin de quatre joueuses évoluant en France (Soyaux (D1), Arras FF (D2), Yzeure (D2), Claix (D2)).

William Commegrain lesfeminines.fr

Les spectateurs des deux équipes auront leur mot à dire. Lesfeminines.fr

Les spectateurs des deux équipes auront leur mot à dire. Lesfeminines.fr