Samedi 20 juin. 22 heures. L’avantage avec les affiches, c’est qu’on les comprend dans toutes les langues. Et cet Allemagne – Suède, qui a la couleur d’une finale d’un mondial a tout d’une affiche que la planète du football féminin va comprendre dans toutes les langues. Et nous plus particulièrement puisque le vainqueur sera opposé, en quart de finale, à celui entre la Corée du Sud et la France.

L’une des deux va tomber et c’est juste énorme ! 

LaSuède, toujours dans le dernier carré depuis 2003 avec une finale qui avait laissé de grands regrets aux suédoises mais aussi d’incroyables espoirs, légitimés par deux 3ème place suivantes en 2007 et 2011 face à la France. Une vraie régularité qui fait même oublier que la Suède avait déjà frappé à la porte des Grands, juste derrière son voisin, la Norvège (finaliste en 91 et vainqueur en 95) en 1991 en prenant une 3ème place mondiale.

La Suède, 5ème mondial, toujours au moins 3ème depuis les trois derniers mondiaux.
Vous savez mieux pourquoi, aujourd’hui lorsque l’on parle de football féminin auprès du grand public, l’idée d’un sport nordique vient immédiatement à l’esprit du simple observateur de ce sport.

La Suède peut-elle perdre face à l’Allemagne et faire son plus mauvais résultat de ces trois dernières Coupes du monde ?

C’est une question qui a toute sa vérité en raison des trois matches nuls des suédoises lors de ce premier tour dans le groupe D que tout le monde a appelé le « groupe de la Mort » et qui a tué le Nigeria, très belle équipe, en lui mettant la couleur de l’élimination comme le font les passionnées de Paint Ball, obligé de laisser le leadership africain à son vice-champion, le Cameroun (qualifié face à la Chine en 1/8è), et en opposant la Suède à l’Allemagne, en raison de son obtention sur le fil de la quatrième et dernière place de « meilleur troisième », qui l’a mise « au poteau d’exécution » du sport. Rencontrer l’équipe 1ère mondiale.

Si l’image des mots est trop forte, elle a néanmoins une certaine vérité dès lors que l’on peut prévoir que le perdant de ce match ne sera pas qualifié pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016, du fait que seul trois places sont réservés aux trois premiers de la zone UEFA (France, Norvège, Allemagne, Suède, Suisse, Pays-Bas hors l’Angleterre car la Grande-Bretagne ne présenterait pas d’équipes chez les hommes comme chez les féminines).

De son côté, l’Allemagne acceptera t-elle de perdre une nouvelle fois sur le chemin du mondial après avoir été éliminé à domicile, en quart de finale par le Japon, futur champion du Monde et, conséquence oblige, s’est mise à regarder les JO de Londres de 2012 à la TV. Est-ce possible de vivre une autre mésaventure identique, voire même pire puisqu’il s’agit ici d’un simple 1/8è.

L’Allemagne, 1ère mondial, ne peut rater une nouvelle fois, le Mondial et les JO à suivre.
L’Allemagne, « bien dans toutes les lignes, bien que défensivement, elle soit un peu moins sereine » selon Jean-Louis Saez qui connait bien les suédoises et notamment Sofia Jakobsson, sa joueuse, tout juste arrivée l’an dernier et qui a explosé sous les couleurs du Montpellier Hsc. L’Allemagne, vainqueur des trois dernières Ligues des Champions Féminines (2013, 2014 et 2015) après l’intermède lyonnais (2011 et 2012) parait pourtant inaccessible à toute équipe européenne, encore plus quand on rappelle qu’elle en est à son huitième titre européen.

Pourtant, si une équipe peut battre l’Allemagne, c’est certainement la Suède. 

En oubliant les performances discutées suédoises avec les trois scores de parité, dont un face aux USA (0-0) tout de même, la ligne offensive suédoise est potentiellement très performante avec Lotta Schelin, meilleure buteuse du championnat de France (34 buts), et Sofia Jakobsson (15 buts). Bien alimentées par une Caroline Seger qui fera tout pour ne pas se faire éliminer après la sanction d’un carton litigieux qui l’avait privée de la finale de Ligue des Champions 2015 pour défendre les couleurs du PSG face à Francfort, vainqueur dans la dernière minute (1-2) du titre 2015. Deux éliminations pour Seger, ce sera certainement une élimination de trop.

L’équipe suédoise a le potentiel pour refaire l’exploit du premier match du Tournoi de l’Algarve où elle l’avait emporté sur l’Allemagne sur le score incroyable de 2-4. Incroyable tant sur la notion de victoire mais plus encore sur l’amplitude du score ! Mettre quatre buts à l’Allemagne ne peut que démontrer le potentiel offensif des suédoises.

Et si Nilla Fischer (defense centrale suédoise) hausse son niveau de jeu, motivée par sa dualité, suédoise d’un côté et capitaine de l’équipe allemande de Wolfsburg (double championne d’Europe en 2013 et 2014) de l’autre ; alors la Suède aura la capacité de fermer sa défense suédoise et là, commencera un rapport d’équilibre entre les deux équipes. 

Reste que les joueuses allemandes pourront-elles trahir Silvia Neid, pour sa dernière saison à la tête de l’équipe allemande et lui laisser donner un témoin à Steffi Jones, avec une défaite aussi cuisante ? 

Silvia Neid et Pia Sundhage. Des Maîtres du football féminin. L’une va quitter le mondial et faire une des pires contre performance de son histoire. C’est l’histoire de ce match. Les deux peuvent gagner, les deux peuvent avoir la malchance de perdre. Le résultat sera une montagne, qui interessera la France et la Corée du Sud.
Il y a des personnages dans le football féminin et Silvia Neid, la sélectionneuse allemande de 51 ans en est une ; elle qui est certainement une des seules encore en activité, à avoir connu la 1ère Coupe du Monde en tant que joueuse (1991), être finaliste en 1995, puis ensuite aux commandes de la Nationalmannschaft, en la faisant gagner le second titre mondial de 2007, et deux titres européens (2009 et 2013) de suite, puis recevoir deux récompenses de meilleur entraîneur FIFA en 2010 et 2013, avec une seule déchirure :

.. l’élimination aux prolongations (0-1), à domicile en quart de finale lors de la Coupe du Monde par le Japon, privant les joueuses allemandes, numéro deux FIFA à l’époque, des JO de Londres et d’un triplé mondial qui s’annonçait (2003 et 2007).

Quitter la scène internationale sur ce deuxième constat, ce serait difficile et il est évident que les joueuses allemandes vont essayer de lui donner le meilleur, elle qui leur a donné le meilleur d’elle avec l’Euro 2013, gagné sur le fil. La Suède, et son inconstance, les allemandes connaissent qui sont plutôt connues pour leur régularité et la défaite allemande de l’Algarve du 4 mars (2-4) a donné le 11 mars, en finale pour la troisième place, une réponse immédiate avec un 2-0 pour l’équipe allemande.

De son côté, Pia Sundhage, la sélectionneuse suédoise était à Paris, lors de la demi-finale aller de la Ligue des Champions entre le Paris Saint Germain et Wolfsburg, elle m’avait dit : « la France sait comment gagner maintenant. Elle connait les clés« . C’était des mots de professionnelle, elle qui a donné aux USA deux titres olympiques (2008 et 2012) et une troisième place à la Suède pour son Euro (2013).

Aucun doute que Pia, l’icône américaine et suédoise du football féminin, sait comment gagner. Aucun doute que Silvia sait comment gagner. 

Au final, l’une des deux perdra. Quand on connaît ses monstres de compétence, alors on peut titrer : Allemagne – Suède en 1/8ème de finale, c’est juste Amazing et Incredible.

Deux femmes, l’une face à l’autre. Un combat. Et à la fin, une bise. Tout simplement.

Quel match !

William Commegrain lesfeminines.fr

sur W9 et eurosport, le samedi 20 juin à 22 heures.