La VGA Saint Maur gagne son dernier match comme on gagne une finale.

Dans le dernier match de championnat du Groupe A de D2, qui sentait tout d’une finale de Coupe, entre le premier et le second quand bien même les dès étaient joués sur le plan de la montée, mais que rien n’était fait sur celui de l’orgueil ; les vertes d’Henin-Beaumont ont livré une belle prestation face au leadeur du groupe A qui s’est imposé en vrai patron, sur le score de (2-1) laissant augurer une future saison en D1 sous de bons auspices, ne sachant plus si c’est l’Histoire qui revenait au grand galop à Saint-Maur ou le Présent qui commençait l’écriture de son Futur.

Face à face se trouvait l’attaquante saint-maurienne Marlyse Ngo Ndoumbouk, qui pointe à 43 buts (record) en 21 matches et Camille Lewandoski (Hénin-Beaumont) seconde au classement des buteuses avec 22 buts. Face à face se trouvait Hénin-Beaumont, figure historique du football féminin, descendu cette saison en D2, face à Saint-Maur, figure encore plus historique avec 6 titres de championnes de France, et qui, étapes par étapes, sur un projet tenu sur plusieurs saisons, passait de la DH à maintenant la D1 féminine.

Face à face, se trouvait le football du Nord qui ne comptera plus de clubs dans l’élite pour la saison 2015-2016 avec la descente d’Arras d’un côté et le football féminin francilien qui depuis trois saisons, propose trois clubs (PSG, Juvisy, Issy et maintenant Saint-Maur) au plus haut niveau de compétition.

Face à face, en ce dimanche après-midi, les équipes se sont battues pour que l’un fasse chuter l’autre d’un côté et, pour que l’autre remporte son 22è match et entre ainsi dans l’histoire de la D2 féminine.

Rien d’autre n’a été joué que l’orgueil. Tout s’est joué à l’orgueil. Hénin-Beaumont est sorti au bout de 95′, dépité de n’avoir pu égaliser ; la VGA Saint Maur, après les 95′, est restée sur le terrain explosant de joie d’avoir gagné ce dernier match pour faire le score complet de 22 victoires sur 22 matches joués. Un record en D2 inégalé.

la VGA Saint-Maur au-dessus, Henin-Beaumont, pas si loin.

Si la VGA saint-Maur mérite sa victoire en mettant le feu à la défense des vertes dans les 20 dernières minutes du match et a pris le match totalement à sa main ; Hénin-Beaumont, avant, aurait pu revenir au score à tout moment, tellement les attaquantes vertes semblaient posséder la capacité et l’envie de faire la différence pour égaliser.

Les premières minutes sont pour les jaunes de Saint-Maur qui bouscule Hénin-Beaumont en s’appliquant à chercher les couloirs ou en utilisant le jeu long. L’application semblait être le maître mot de ses vingts premières minutes et on devinait les consignes des coachs transparêtrent dans les transmissions des joueuses.

L’ouverture du score interviendrait sur un mouvement d’entraînement avec une balle en soutien, protégée par la joueuse qui la transmet latéralement à une autre, qui prolonge vers un autre soutien, protection, qui transmet latéralement à une troisième, protection, latéralement vers une dernière joueuse qui joue alors la profondeur pour trouver Karen Montgénie, esseulée sur le côté, dans la surface et qui placera un intérieur du gauche pour marquer le premier but, délivrant Saint-Maur. Un jeu d’école, un mouvement de rugby.

Hénin-Beaumont est venu pour jouer le contre et la défense à trois de la VGA va plier sur la première action construite des vertes du nord. La milieu excentrée droite plonge vers le centre, trouve Camille Lewandoski, qui d’une course latérale qui la désaxe, a l’idée et le temps de s’apercevoir que le côté opposé est libre, pour d’un gauche puissant, renvoyer le ballon d’où il était venu, à contre sens, en profondeur et lancer la première attaque du Nord. L’attaquante pousse, entre la surface, trouve un appui, qui au lieu d’en profiter pour tenter un tir potentiellement contré, met en retrait à Camille Lewandoski, qui place, seul face au but, une mine dans la lucarne (1-1). Cinq minutes se sont passées depuis l’ouverture du score. Réaction d’orgueil.

Il s’agira bien d ‘un face à face entre les deux équipes. 

La mi-temps se jouera sous la poussée de Saint-Maur et les contres d’Hénin-Beaumont mais rien de significatif n’en sortira, les deux équipes ayant assez d’énergies pour revenir et récupérer les actions des une et des autres.

Dès l’orée de la seconde mi-temps, Hénin veut s’imposer mais VGA est à domicile, sous ses couleurs et devant son public. Alors, les actions deviennent bien plus jaunes que vertes puis réellement jaunes. De telle manière que la capitaine Boumrar Lilia, réussie à s’infliter dans la surface pour éviter une joueuse et placer un tir croisé qui finira au fond des filets (2-1).

L’essentiel est fait (2-1) ; mais chez les filles, rien n’est plus essentiel que l’orgueil.

Alors les deux équipes continuent à se battre pendant les 30′ restantes. L’une à dominer, l’autre à contrer. A la recherche de l’action qui fera tomber l’adversaire, soit un 3-1 du côté de Saint-Maur, soit un 2-2 du côté d’Hénin. Et les deux ont les occasions pour aller au bout des choses mais la fatigue et la motivation des adversaires l’emportent sur le tir vainqueur qui donnerait, à la buteuse, le sentiment de porter, en un instant, toute la fulgurance d’un championnat qui délivre son histoire.

Quand l’arbitre portera à sa bouche, les trois coups qui signifient la fin d’une saison ; les filles de Saint-Maur explosent de joie et on voit au loin, Régie Mohar, garder le ballon du match qui à mon avis, ne partira pas si vite rejoindre ses congénères, au fond d’un sac.

Elles ont chanté et chanteront encore leur bonheur de soulever une coupe qui, semblait être, à hauteur de leur performance, énorme et le sourire de la Présidente Marie-Thérèse Policon avait tout de celui qui éclaire de l’intérieur, 27 ans au service du club, en haut et en bas, pour remonter avec une telle performance, il y avait de quoi y trouver des rires de bonheur.

Il y a des sourires qui ne demandent pas de mots. Le sien avait tout de cet instant.

La VGA Saint-Maur est en D1 féminine. Je suis parti en me demandant : « Est-ce un retour 19 ans après ou plus simplement, sa nouvelle histoire ! »

William Commegrain lesfeminines.fr

Il y avait du beau monde au Stade des Corneilles, pour cette performance unique : le député-maire Sylvain Berrios, Sandrine Roux (Ex-joueuse de Saint-Maur, internationale et capitaine de l’EDF), Frédérique Jossinet (ex-joueuse de Saint-Maur, responsable du développement de la féminisation du football), Thierry Mercier (Pdt du district) et de nombreux cadres de la fédération.

Les réactions :

Régis Mohar : 22 victoires, c’est incroyable, c’est la première fois que cela a été fait, en plus par un club historique comme la VGA. Les filles ont été sérieuses depuis le 11 Août. Je suis super content pour le club, pour la présidente et pour mon adjoint, Danilson Da Cruz aussi. C’est historique et comme je l’ai dit aux filles avant le match : il faut marquer l’histoire du club comme l’ont fait Elisabeth Loisel, Sandrine Roux et d’autres. Le projet ne s’arrête pas à la D1 ? Exact, je viens d’avoir la confirmation du maire maintenant. On va vraiment être soutenu sur les 4-5 ans qui vont arriver et le stade va être amélioré. Tout va être fait pour que les filles soient dans de bonnes conditions. On a un projet pour le maintien en D1.

Danilson Da Cruz (joueur professionnel de Ligue 2, ami et adjoint de Régis Mohar): En tant que coach on a un recul à avoir et on se sent un petit peu impuissant car on est sur les côtés. Faire une montée est surtout une fierté. NDLR. Danilson Da Cruz est le seul joueur de National à avoir été CHAMPION deux fois (une avec Créteil, l’autre avec le Red Star). 

Sylvain Berrios (député-maire) : Très fier. J’étais présent lors du dernier titre des féminines de Saint-Maur. Saint-Maur sera derrière ses féminines. Il y a un gap mais tout s’amorcera derrière. On est en train de monter un programme de logement étudiant et j’espère que ces logements étudiants pourront bénéficier aux filles de Saint-Maur, pour les feminines comme les autre sportives. Puis, il y aura des modifications à apporter au stade de Chéron. Le football féminin est notre identité. Il y a vingt ans, il était l’un des clubs les plus titrés. Au même titre que le Hand-Ball et l’escrime et on attend que cette identité revive au rythme des féminines et du sport.