Quand le 1er du championnat allemand rencontre le second du championnat français avec deux buts de retard pour une place en finale de la Women’s Champions League et une course à un triplé historique face au finaliste connu, Frankfurt, son second en championnat .. cela donne quoi ?

Les parisiennes savent parler allemand avec « l’efficacité et la défense » quand les allemandes ne savent pas complétement parler français avec « la créativité ». 

Un PSG féminines très efficace quand Wolfsburg joue en deux temps

C’est la seconde défaite au quelle le Président du PSG assiste mais celle-là à un goût de victoire et de titre.  C’est Nasser Al-Khelaïfi qui dira son plaisir de voir ses féminines se qualifier « je suis très heureux de cette victoire, on est vraiment très fier, il reste un match pour essayer de la gagner. On est très proche pour gagner un titre et un nouveau trophée, je n’en demandais pas tant. C’est une très bonne fin de semaine avec la victoire des handballeurs en Coupe de France, et celle en Ligue 1. »

Le Président ne cachait pas son plaisir, ni le public car il y a eu un final avec émotions, avec vingt dernières minutes qui seront faites sous le signe de l’interrogation et du suspense. Un but et Wolfsburg était qualifié. Paris a tenu et c’est une véritable victoire d’équipe. 

La première mi-temps sera totalement parisienne (1-0) avec une grande efficacité et très peu de créativité allemande.

Paris frappe un grand coup avec Aurélie Kaci, décisive comme à l’aller.

La première mi-temps de cette opposition se résume en une règle de grammaire footballistique : l’efficacité. L’efficacité devient française quand l’inefficacité sera allemande. A vouloir jouer des ballons longs qui n’auront absolument rien donné, Wolfsburg perdra 40 minutes de jeu qui lui manqueront pour renverser la vapeur sur le match.

A l’inverse, Paris trouvera la source et la ressource nécessaire au combat et à l’abnégation en défendant parfaitement à onze dans cette première mi-temps. Dans les 20 dernières minutes du match, cette montée d’efforts donnera l’énergie à la défense pour ne jamais accepter de se faire surprendre.

. Tout va se jouer au début de la rencontre et en deux minutes. Aurélie Kaci aura été le bourreau des allemandes.
A la 5′ Ogimi, internationale japonaise, se lance dans un plongeon incroyable pour essayer de reprendre un centre d’Alexandra Popp et la balle sort, légèrement extérieur. Wolfsburg aura là, la meilleure occasion de sa mi-temps.

A la 6′, Aurélie Kaci frappe encore les esprits allemands en entrant avec l’efficacité qu’on lui connait dans la surface, suivie par deux adversaires, au quelle elle échappe pour envoyer une mine qui transperce Almuth Schult (Kaci, 6′, 1-0).

A l’aller, c’était à la 11′, au retour ce sera un peu plus tôt, à la 6′.

Aurélie Kaci entre dans la surface pour marquer dès la 6'. Crédit Giovanni Pablo. Lesfeminines.fr

Aurélie Kaci entre dans la surface pour marquer dès la 6′. Crédit Giovanni Pablo. Lesfeminines.fr

Le match est plié, et on voit toutes les parisiennes courir vers celle qui continue à frapper aux portes de l’équipe de France. Laure Boulleau explosant, elle, dans les bras d’Annike Krahn. En effet, Wolfsburg doit pouvoir mettre trois buts alors que Paris n’en encaisse pas plus d’un (Twentee et l’Olympique Lyonnais) quand elle en encaisse un.

Pourtant la consigne allemande semblait claire avec une volonté tenue d’empêcher Shirley Cruz de se retourner pour lancer le jeu dans le camp allemand, là où les parisiennes adorent se mettre : aux 20 mètres adverses pour tourner comme un essaim d’abeilles et piquer l’adversaire.

C’est pourtant à leur première présence qu’elles le réussiront, sur le côté gauche qui, comme à l’aller, craque sur les interventions de la jeune parisienne.

Paris maitrise les allemandes qui butent sur la défense parisienne. 

Wolfsburg, en première mi-temps fait preuve d’un manque d’imagination et de créativité, alors que Paris maitrise totalement l’adversité allemande
Les allemandes, désemparées, chercheront l’impossible. Aller dans la surface parisienne quand les neuf parisiennes les attendent pour défendre et les laisser buter sur un mur impassable. Paris Saint Germain n’aura pas d’autres occasions et n’en cherchera pas spécialement ; alors que Wolfsburg en cherchera pendant 40′ sans en trouver aucune.

On voit même Léna Goessling désemparée au milieu de terrain, montrant son désarroi pour trouver des solutions. C’est sur ce constat que l’arbitre signe la mi-temps. Tout est à la réflexion et le travail de coaching va faire son effet. Farid Benstiti précisera : « que ses consignes avaient été de bien les contrer, de jouer dans leur camp quand ils en avaient la possibilité, en ayant à l’esprit que la sensation était proche de celle d’avoir entre vos mains le graal avec le risque qu’il puisse s’échapper ». 

La seconde mi-temps sera allemande, Wolfsburg se réveille (1-2).

Un manque d’efficacité allemand.

Les quinze premières minutes seront allemandes avec des intentions offensives mais l’efficacité fera défaut permettant aux parisiennes d’installer leur jeu et de réussir à maintenir la distance avec le score.

Paris semble repartir sur les mêmes bonnes bases quand Wolfsburg semble se réveiller
C’est pourtant Laure Boulleau qui perce la défense allemande en prenant un mètre à Nilla Fisher mais préfère le centre en retrait pour Marie Laure Delie, repris par la défense (50′). La pression allemande est plus forte, signée dès la 51′, par une tête d’Alexandra Popp qui trouve la lucarne quand le chat polonais se détend pour aller la chercher là où peu de gardiennes peuvent défendre. La lucarne. 

Une minute après, comme en première mi-temps, c’est Lena Goessling qui tente sa chance au loin, à la suite d’un corner pour trouver la transversale alors que Babett Peter, les buts vides, voit la balle lui revenir et met la balle au-dessus. (52′).

Tout change à la 70′. Les rentrées font mal et en trois minutes le score est inversé avec deux buts allemands.

Martina Muller, qui joue sa dernière Ligue des Champions (arrêt de sa carrière), entre à la 61′ et profite d’un tir de Babett Peter pour toucher le ballon du bout du pied et tromper Kiedrzynek Katarzyna (72′, 1-1). L’expérience et le coaching paye.

Les deux joueuses qui entrent poussent Wolfsburg et marquent deux buts en deux minutes. Les 20 dernières minutes seront intenses.
A partir de ce moment, le jeu est pris en compte par Wolfsburg qui implique une dynamique de détermination au jeu qui va permettre à la toute nouvelle entrée Zsanett Jakabfi de profiter d’un espace pour glisser un plat du pied vainqueur (1-2). Un véritable coaching gagnant et un renversement total du score.

Paris contient Wolfsburg avec 20 minutes à défendre et place des contres qui auraient pu sceller la partie. 

Il reste 20 minutes de jeu et ce seront 20 minutes qui péseront dans la victoire parisienne, qui réussit à tenir contre vents et marées. Ralf Kellermann précisera « qu’il était assez confiant dans les vingt dernières minutes et qu’il pensait que Wolfsburg allait marquer ce troisième but » qualificatif mais « le manque d’efficacité a été le problème de son équipe dans ce retour » concluant que « cette demi-finale avait été perdue au match aller avec la défaite à domicile (0-2).

Farid Benstiti, sur le banc,  « cela s’est fini au mental avec la crainte d’un graal qui peut s’échapper » quand les joueuses seront totalement dans leur partie, concentrée à ne faire aucune erreur qui puisse permettre à Wolfsburg de mettre ce troisième but vainqueur.

Kiedrzynek Katarzyna impériale

Wolfburg attaque à tout va et Kiedrzynek Katarzyna sort le grand jeu avec une sécurité impériale au moment opportun. « Cela a été un match incroyable, avec notamment vingt dernières minutes de folie face à Wolfsburg qui est une très grosse équipe qui n’abandonne jamais« .

Un match incroyable, notamment les vingt dernières minutes.
Toutes les sorties de la gardienne parisienne sécurisent le public et les joueuses et permettent d’éteindre le feu que les allemandes veulent enclencher, notamment sur un tir qui va chercher la lucarne de Vanessa Bernaeur (88′).

Du côté parisien, les contres se font sous les clameurs du public dont Sabrina Delannoy, la capitaine parisienne nous confiera « l’importance dans les vingt dernières minutes, les poussant comme jamais » espérant à chaque action offensive, quand les allemandes reviennent elles défendre pour garder un espoir fragile.

Lorsque l’arbitre signale 5′ de temps supplémentaire, c’est sous les sifflets parisiens mais le cœur des joueuses est au combat avec une défense parisienne qui ne se fera jamais passer individuellement.

Pourtant, il suffit d’un dernier but pour qualifier Wolfsburg. Farid Benstiti rappelera que « c’était vraiment un match piège avec Wolfsburg qui était capable de revenir. Elle l’avait fait lors de la dernière finale, puis à Rosengard » mais Paris ne l’entend pas de cette oreille ; le public tient et porte les joueuses pour qu’elles sortent de cette épreuve, avec une qualification historique malgré cette défaite à domicile qui les amènent, pour la première fois, en finale de la Ligue des Champions.

Une qualification et l’essentiel a été d’être en finale. Cette finale, on l’a bien méritée après des tirages difficiles avec Twentee, l’Olympique Lyonnais et maintenant Wolfsburg.
Shirley Cruz  : « On est content, on l’a fait. on sait qu’un match de ligue des Champions se joue à peu. on a perdu mais on a fait la différence au match aller, c’est ce qui compte. On va récupérer Laura et Joséphine Henning, mais c’est dommage que l’on perde Caroline Seger. On va voir qui va la remplacer mais l’essentiel est d’être en finale, c’est ce qui compte« .  Et quand on l’interroge sur cette aventure au quelle elle a cru en étant la première joueuse évoluant en France à venir signer au PSG en quittant l’Olympique lyonnais, « On sait que c’est un nouveau projet et qu’un nouveau projet, c’est du temps. Des fois j’étais frustré car on ne gagnait pas de titres et là on est récompensé en étant en finale. On l’a bien mérité avec un tirage où on a pas eu de chance avec Lyon, Twentee, Wolfsburg et maintenant Frankfurt. » terminant en disant : « on a le temps de récupérer pour cette finale, finir le championnat, retrouver les joueuses blessées ». Et après on verra. 

Sans vouloir sortir des joueuses d’un collectif ; deux joueuses ont eu un impact essentiel dans les faits : 

Malgré une défaite à domicile 1-2, la qualification s’est faite à l’aller et l’apport d’Aurélie Kaci aura été très important sur les deux matchs puisqu’elle occasionne le pénalty à l’aller et marque très rapidement le but qui rendra impossible la remontée allemande au retour. 

Kiedrzynek Katarzyna aura aussi un influence déterminante dans les deux parties en sortant un tir impossible dès la seconde minute à Wolfsburg et en sauvant des situations très chaudes dans les vingt dernières minutes du match. 

La seule mauvaise note aura été le carton jaune de Caroline Seger qui va la priver de la finale. Imméritée dira Sabrina Delannoy, tant sur le plan humain que sportif. Une fille exemplaire au quelle, personnellement, je me réfère.

PSG féminines (FRA) 1-2 Vfl Wolfsburg (GER) : PSG qualifié sur l’ensemble des deux matches (3-2). 

  • Demi-finale (semifinal) Women’s Champions League – retour (second leg)
  • Match aller (First leg) : 0-2 pour le PSG (Sabrina Delannoy, pénalty (11è) ; Shirley Cruz (35′))
  • Dimanche 26 avril 2015 (Sunday, april 26) – Stade Charlety – Porte de Gentilly – Retransmission BeIn Sports Broadcaster BeIn Sports
  • 18h00 – Temps lourd – Terrain humide (pluie fine tombée dans l’après-midi)
  • 18h00 – Heavy weather – Pitch wet (small rain fallen in the afternoon)
  • PSG : Match aller (First Leg) : Kheira Hamraoui, carton rouge 87′ (red card, 87′)
  • Public (Audience) : environ 7000 spectateurs.

Arbitres (Referee) : Kateryna Monzul (UKR) Assistant(es) :  Natalia Rachynska (UKR) – Maryna Striletska (UKR) – 4ème arbitre : Kateryna Zora (UKR).

  • Buts : PSG , 6′ Aurélie Kaci (1-0) ; Wolfsburg Martina Muller (72′, 1-1) –  Zsanett Jakabfi (74′, 1-2)
  • Sanctions : (Wolfsburg) 24′ Jaune, Blasse, 61′ Alexandra Popp ; 64′, Babett Peter. ;
  • Sanctions : (Psg) 70′ Caroline Seger.

Paris Saint Germain Féminines (4-2-3-1) : Kiedrzynek Katarzyna – Jessica Houara, Sabrina Delannoy (cap), Annike Krahn, Laure Boulleau – Caroline Seger, Shirley Cruz – Kenza Dali, Kosovare Asllani (62′ Fatmire Alushi ), Aurélie Kaci (85′, Marie Antoinette Katoto) – Marie Laure Delie (81′, Linda Bresonik). Coach : Farid Benstiti

Remplaçantes (substitues) : Ann-Katrin Berger – Ouleymata Sarr – Perle Morroni –  – Anissa Lahmari.

VFL Wolfsburg (3-4-2-1) : Almuth Schult – Noelle Maritz (61′, Martina Muller), Nilla Fischer, Babett Peter (71′, Zsanett Jakabfi), – Anna Blasse, Vanessa Bernauer, Lena Gossling, Verena Faisst – Caroline Hansen, Alexandra Popp – Yuki Ogimi (83′, Julia Simic) Coach : Ralf Kellermann.

Remplaçantes : Merle Frohms – – Lina Magull – Stéphanie Bunte – Isabel Kerschowski – .