Les objectifs n’étaient pas si faciles.

Quand Philippe Bergerôo prend l’équipe de France, c’est une équipe de France gagnante qu’il a en main avec pendant deux années consécutives, une quatrième place mondiale (2011)  et Olympique (2012) quand la France n’avait rien eu. A l’inverse d’autres sélectionneurs qui viennent sur des échecs sportifs (l’Angleterre), le nouveau sélectionneur prend une équipe forte, au plus de ses performances avec la mission, de l’améliorer encore plus.

Améliorer l’équipe de France de Bruno Bini n’était pas une chose facile, elle était au mieux de son histoire
La mission n’est pas simple. Les sélectionneurs sont des gens de faits et ils s’éloignent des attendus affectifs de chacun d’entre nous qui attendent des résultats sans autre raison que l’émotion où la possibilité. L’équipe de France de l’Euro 2013 avait fait les meilleurs matches de poule. Elle était pourtant éliminée en quart sur les tirs au but. On pensait qu’elle aurait dû gagner.

La problématique du nouveau sélectionneur était de l’améliorer. Pas facile, il a pleinement réussi cette mission.

Philippe Bergerôo est un homme d’objectifs.

Dix huit mois après, il est face à son premier défi en ayant largement respecté les premiers objectifs qui lui avait été fixé par Noël Le Graet.

  • Le premier, faisable bien que l’histoire de la France du football féminin ne justifie pas de ce qualificatif puisque la France ne s’était jamais qualifiée deux fois de suite, était la qualification pour une seconde fois de rang à la Coupe du Monde au Canada dont on peut dire que cela fut fait dans la continuité du jeu de l’équipe de France, les oppositions (Bulgarie, Finlande, Autriche, Kazakhstan) limitant les risques.
  • le second objectif était d’incorporer des jeunes en équipe de France (la moitié du groupe sélectionné aura l’âge pour postuler au prochain mondial) pour préparer l’avenir avec l’Euro 2017 et le Mondial 2019, et cet objectif est de la signature de Philippe Bergerôo quand on connait la difficulté pour les U19 et U20 à se mettre au niveau des exigences des équipes premières de clubs, dans un championnat où la concurrence entre joueuses pour gagner une place est de très haut niveau, française comme internationale ;
  • enfin le troisième objectif était d’améliorer le classement mondial (5-6ème en 2013), ce qui a été pleinement réussi avec une prise de risques conséquentes en affrontant de meilleures nations (victoire Allemagne, USA (deux défaites, 1 nul, une victoire), Brésil (victoire), Suède (victoire), Japon -victoire-), puis forçant l’inscription au Tournoi de l’Algarve, pour pouvoir prendre des points, au risque de les perdre en cas de défaites, normalement prévisibles quand on rencontre meilleur que soi.
  • Cet objectif a été pleinement réussi avec une troisième place acquise au Japon, maintenant très nettement distancé.

Philippe Bergerôo est visiblement un homme qui fonctionne par objectif.

La qualification aux JO de Rio sera un objectif de compétitrices. Le réussir sera une belle performance car les oppositions européennes, en football féminin, sont parmi les meilleures au monde (10 pays dans les vingt premiers mondiaux.
Il en reste un quatrième : celui fixé par celui qui l’a mandaté, soit le Président de la Fédération Noël Le Graet, avec la qualification aux Jeux Olympiques en étant dans les trois meilleurs européens (huit européens sont qualifiés au Canada et donc qualifiables aux JO *) ce qui serait une meilleure performance que le résultat du dernier Euro où la France a fini au minimum 5ème (Allemagne, Norvège, Suède qualifiés au Mondial 2015 et le Danemark ; tous demi-finalistes), étant éliminé en quart de finale par le Danemark sur les tirs au but.

Celui-là sera compliqué si la France sort en tête de groupe, ce qui sera loin d’être évident.

L’Angleterre a une grosse revanche à prendre sur la France, qui l’a sorti au premier tour de l’Euro 2013. D’ailleurs, les deux équipes se regardent du coin de l’oeil avec la France qui a confirmé sa victoire de l’Euro en finale du Tournoi de Chypre 2014 (0-2).

Un objectif personnel

J’en ai supposé un cinquième, en écoutant plusieurs fois mon enregistrement de la conférence, sur une question de Claire de l’Équipe. « Aller au bout ». Celui-là me semble personnel. Partagé par les féminines qui pour certaines, peuvent y voir une dernière chance si on regarde au loin, mais surtout en connaisse le prix avec le mondial (2011), les JO (2012) et l’Euro passé (2013). Et quand je l’associe à la phrase forte de cette conférence : « on ne lâchera rien » ; je sais déjà que sa réponse en zone mixte à ma question sonne d’une vérité frappante : « je ne suis pas dans l’affectif quand je sélectionne ».

Les réservistes sont des joueuses qui vont vivre quinze jours avec le groupe. Pas en touristes ou comme sparring-partners. Si il y a une défaillance, elles suppléeront.
Les commentaires ont ressorti une liste sans surprise ce qui est exact. Néanmoins, je suis maintenant convaincu que s’ il sent qu’une fille n’est pas à son niveau pendant les quinze jours commun de stage, alors en accord avec son « staff technique, le médecin » il décidera d’un changement et puisera dans les réservistes.

Il l’a dit, « le collectif primera toujours sur les individualités ».

Quand j’ai demandé qu’elles étaient les forces de l’équipe de France, après réflexion il nous a dit : les « filles ont envie de réussir ». Gaetane Thiney répondait elle que la différence entre la Coupe du Monde 2011 et 2015 était « l’expérience », que c’était quelque chose qui ne s’inventait pas ; qu’il fallait l’acquérir. Camille Abily était elle, dans l’envie « de la jouer« .

C’est cette complémentarité de sensations et de différences qui fait une des forces de l’équipe de France. Je rajouterais que si les filles ont envie de réussir, le sentiment est totalement partagé par le coach quand Philippe Bergerôo précise :  « On a passé un palier dans l’intensité. Les entraînements se font avec les protèges-tibias car on joue comme en s’entraîne, on s’entraîne comme on joue. »

Cela, je pense que c’est la musique interne au groupe France. Celle des huis clos. Les joueuses la connaissent. Elles y adhèrent. Mettre des protèges aux entrainements, quand le coach le demande, cela signifie quelque chose.

Pas de prévisions, de l’action

Philippe Bergerôo terminant son sentiment avec la réserve basque de rigueur : « Est-ce que cela suffira ou pas, je l’espère. »

Les féminines de France vont au Canada avec l’intention de faire cette compétition sans rien lâcher et sans avoir de regrets. Au niveau mondial où l’équipe de France, cela peut donner de bonnes choses »

Ce que l’on sait, c’est que le groupe France ne lâchera rien. « Pas de regrets », voilà le mot d’ordre compétitif que je retiens de la conférence de presse de Philippe Bergerôo, de celle de Gaetane Thiney et de Camille Abily.

Et voilà mon résumé : « Les féminines de France vont au Canada avec l’intention de faire cette compétition sans rien lâcher et sans avoir de regrets. Au niveau mondial où l’équipe de France évolue, cela peut donner de bonnes choses ».

William Commegrain lesfeminines.fr

* Les équipes européennes postulantes aux trois meilleures places européennes qualificatives aux JO 2016 à Rio sont : les Pays-Bas, l’Espagne, la France, la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre, La Norvège, La Suède.