Lorsque les deux équipes rentrent sur le terrain, rien ne pouvait laisser présager un tel scénario et pourtant, les lyonnaises, treize fois championnes de France dont neuf de rang, ont plus que souffert pour rajouter une 7ème Coupe à leur palmarès, la quatrième de rang (2012, 2013, 2014, 2015) et le quatrième doublé consécutif.

Montpellier joue dans l’enjeu, sans se préoccuper du reste, sauf de son cœur. 

Face à l’Olympique Lyonnais, il est quasiment impossible de jouer au même niveau qu’elles tant elles maitrisent tous les aspects tactiques et techniques du football féminin. Montpellier s’est bien gardé de vouloir rivaliser dans ces domaines et s’est concentré sur ce qu’elle avait de plus fort que les lyonnaises, voire autant : l’envie de se battre pour ne rien lâcher pendant 94 minutes.

Une Solène Durand qui a fait une excellente finale.

Ce fut un assaut continu et perpétuel des lyonnaises sur la cage de Solène Durand qui réalisa des arrêts de très grande classe, à un peu moins de 5 jours de la communication de la liste françaises des sélectionnées pour le Mondial Canadien. La jeune héraultaise de 20 ans, médaille de bronze en U20 s’est opposée à des tentatives qui cherchaient la différence et qui ont trouvé le cadre (reprise de volée et coup franc de Louisa Necib, 10 et 16′ ; tir de Louisa Necib, 23′) ; arrêt sur Lotta Schelin, 24′; superbe reflexe sur un coup franc à la 41′). Elle a été là, au bon moment, au bon endroit.

A l’image de sa défense, c’est un mur de détermination que Lyon doit passer et qui ne craquera pas à chaque tentative ou présence lyonnaise dans sa surface.

Des contres joués dans l’esprit du jeu, à fond et sans calcul. 

Dans ce jeu où le cœur dépasse de loin la raison, la jeunesse montpelliéraine est une arme d’enthousiasme et de culot qui va bousculer les reines lyonnaises, sentant que les féminines du Sud trouvent, à l’unisson, les joueuses offensives et les espaces pour que leurs attaquantes puissent s’exprimer.

C’est Claire Lavogez qui fait une première tentative dès le début du match ; puis Sofia Jakobsson qui tente la déstabilisation et la surprise face à l’expérimentée Kumagai. Réussie une première fois, sur la droite mais avec un gauche qui part dans les nuages .. puis un chef d’oeuvre pour la seconde fois .. Pas racontable, à voir.

(1-0) Ouverture du score de Sofia Jakobsson (Montpellier). Un but dans les dix buts FIFA féminin, à créer pour arrêter de comparer. 

Sur une défense longue de Karchaoui, Sofia Jakobsson s’approprie le ballon entre Kamagai et Corinne Petit pour, entrer dans la surface et faire une première perforation, suivie par la centrale lyonnaise et, dans l’esprit de la première tentative, accélérer une seconde fois pour surprendre, et dans un coin impossible, lâcher un gauche croisé que « la goal line technology » de nos yeux n’accorde qu’après un instant d’incertitude et d’incrédulité, tellement le but est magnifique, surprenant, inattendu et quasiment impossible à mettre. Une « kostadinov de 1994 ». On reste sans voix et on ne redemande qu’une seule chose, « le replay ».

Un but dans les dix FIFA dont on se demande pourquoi on ne créerait pas un prix Mia Hamm, réservée aux femmes, pour arrêter de vouloir comparer ce qui ne n’est pas comparable et juste apprécier à sa juste mesure, ce qui est exceptionnel tout en étant simplement féminin.

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Le football est un sport en deux temps. La mi-temps n’est pas inutile, loin de là. 

A la mi-temps, l’improbable est là. Montpellier mène devant Lyon, ce qui est rare ; encore plus dans une finale, ou une course pour le titre ! Je ne sais pas qui a inventé cette mi-temps alors qu’aujourd’hui, les joueurs et joueuses pourraient tenir 90′ de rang mais cette pause physique est devenue, au fil du temps, et pour l’élite, une pause tactique bienvenue, même déterminante.

(1-1) Lyon égalise à la 46′. Ada Hegerberg impose son physique. 

Au premier toucher de balle, Camille Abily replace les consignes du coach sur le terrain et joue au sol, dans l’espace pour donner l’opportunité à Elodie Thomis, lancée dès la reprise par Gérard Prêcheur dans un coaching gagnant, de jouer de sa vitesse, qui concentrée avant d’arriver sur la ligne, place un centre précis sur la tête d’Ada Hegerberg qui s’élève, impossible à faire bouger pour Marion Torrent, pour telle une statue de détermination et de puissance, mettre le but égalisateur lyonnais.

Égalité dès le retour des vestiaires, cela a son poids quand il reste 44′ de jeu.

Montpellier vient de se rendre compte qu’il va falloir combattre. L’enthousiasme est douché. Pas la volonté.

Les montpelliéraines vont même réussir à faire douter les lyonnaises qui sentent bien qu’à tout moment, si l’occasion se présente, elles peuvent concéder un nouveau but. Et c’est toute l’attaque de Montpellier qui cherche à imposer sa présence pour créer ce risque dans l’esprit adverse. Lætitia Tonazzi joue avec un cœur de 20 ans quand Sofia Jakobsson tente avec une expérience de trentenaire. Sandie Tolleti et Calire Lavogez ne pensent qu’à une chose : prendre le ballon et fournir les attaquantes.

De son côté, le milieu lyonnais bourdonne de tentatives. Eugénie Le Sommer crée des brêches. Camille Abily et Amandine Henry jouent de plus en plus vite. Lotta Schelin va chercher des espaces impossibles. Elodie Thomis attend la profondeur pour placer des courses marquées « Usan Bolt ». Ada Heberberg vient sur tous les centres pour tenter d’imposer « la Statue de la Liberté Lyonnaise » à Calais, à la sauce norvégienne.

Quand on est jeune, on s’en fout. On tente, après on calcule.

(1-2) Lotta Schelin nous fait « une Dominique Rocheteau ». (1-2, à la 77′)

La meilleure buteuse du championnat de France n’est pas en verve ce soir. Elle n’a pas pu toucher un vrai ballon. Rien. Que nenni. Elle joue mais n’arrive pas à faire la différence, soit dans son placement, soit dans ses initiatives. Rien de pire pour un avant-centre. Surtout quand on est mené (1-0) ou que le score est de parité (1-1).

Alors quand sur la seule balle qu’elle a, venue d’Elodie Thomis, passant au dessus d’Ada Hegerberg après que Marion Torrent ait enrayé le saut vertical de la statue de la liberté norvégienne, la balle revient sur Lara Dickenmann qui a inventé le poste de latérale offensif pour s’offrir à Lotta Schelin, qui d’une reprise de volée du gauche, envoie la balle sous la barre transversale ! But.

Et là la suédoise (aux multiples reconnaissances nationales et internationales), coure comme Rocheteau l’avait fait en finale de la Coupe de France pour le PSG, avec une sensation d’être allée au bout du sort, au bout de la difficulté, pour enfin, faire gagner son équipe qui ne négligeait pas la part de doutes qui était en elle.

Nous sommes à la 77′. Autant dire à la fin du match quand on s’oppose à Lyon en football féminin. Lyon mène 1-2 après avoir été mené 1-0 à la mi-temps.

Plus rien ne pourra être dit ni inscrit.

A voir la joie des lyonnaises à la fin du match, il y a de l’exploit (quatre titres gagnés de rang, quatre doublés de rang), mais il y a aussi le sentiment d’avoir gagné une vraie finale de Coupe de France. Avec un adversaire qui lui a rendu une copie de qualité lui permettant de savourer, encore plus cette victoire, qui aurait pu être montpelliéraine, si ce n’avait pas été Lyon en face d’elle.

Les deux équipes ont joué cette finale. Elle restera dans les mémoires. Toutes les finales de Coupe de France ne sont pas aussi renversantes sans mettre à mal les précédentes, mais juste en le constatant.

Comme entendu des commentateurs : « Les filles du Nord » (Jakobsson et Schelin, suédoises ; Hegerberg, norvégienne) ont soufflé le chaud dans le Nord.

FINALE de la Coupe de France : Montpellier Hsc – Olympique Lyonnais. 

Arbitres : Florence Guillemin. Assistées de  Jennifer Maubacq et Cindy Buffart. Quatrième arbitre : Elodie Coppola.

cartons : Montpellier Hsc : Sandie Toletti (38′) Sakina Karchaoui (53′) ; Olympique Lyonnais : Amandine Henry (73′)

Buts :

  • 26′ Sofia Jakobsson (Montpellier Hsc, 1-0)
  • 46′, Ada Hegerberg (Ol, 1-1)
  • 77′, Lotta Schelin (Ol, 1-2)

Montpellier Hsc : Solène Durand – Marion Torrent, Kelly Gadea, Linda Sembrant, Genessee Daughetee , Rumi Utsugi, Sandie Toletti (79′, Viviane Asseyi), Claire Lavogez – Sakina Karchaoui (56′, Marina Makanza)- Laetitia Tonazzi (89′, Lindsey Thomas), Sofia Jakobsson Coach : Jean-Louis Saez. Remplaçantes : Iryna Zvarych, Meryll Wenger, Valérie Gauvin, ,

Olympique Lyonnais : Sarah Bouhaddi – Corine Petit-Franco, Saki Kumagai, Wendie Renard, Lara Dickenmann – Amandine Henry, Camille Abily, Louisa Necib (46′, Elodie Thomis) – Eugénie Le Sommer, Ada Hegerberg, Lotta Schelin. coach : Gerard Prêcheur. Méline Gérard, Eve Perisset, Amel Majri, Elise Bussaglia, Elodie Thomis

Crédit photo olweb. Guiochon/Le Progrès.