Elise Bussaglia et Lara Dickenmann à Wolfsburg.

Une encore, mais deux pions essentiels du même club qui partent. Coup dur et surtout une baisse de potentiel européen pour l’OL face à un gain allemand. Elise Bussaglia, 29 ans, 141 sélections, 26 buts, internationale française, et Laura Dickenmann, 29 ans, 98 sélections, 40 buts, internationale suisse ont signé à Wolfsburg pour y jouer l’année prochaine.

Le double tenant allemand de la Ligue des Champions 2013 & 2014 vient de recruter deux joueuses essentielles de l’Olympique Lyonnais, qui devra faire avec en ayant la double difficulté : d’avoir d’une part le même niveau de jeu, et surtout de maintenir l’équilibre du jeu (Bussaglia, 3 saisons ; Dickenmann, 7 saisons) qui est la pierre angulaire du succès lyonnais : jouer depuis longtemps ensemble.

Rien nedit que Wolfsburg va continuer à dominer l’Allemagne et l’Europe. Cela ne s’est encore jamais fait au delà de deux ans. C’est un pari pas une garantie.
Ce faisant, bien que Wolfsburg soit en course en Ligue des Champions face au PSG (demi-finale) ; les deux lyonnaises parient sur des qualifications futures européennes de Wolfsburg (saison 2015-2016) dans un championnat très relevé où la première et seconde place est loin d’être acquise (qualification européenne) quand le championnat de France offre moins de doutes à l’Olympique Lyonnais pour les saisons à venir.

Enfin, elles doivent penser que Wolfsburg a plus de chances de gagner les titres européens que l’Olympique Lyonnais.

A moins qu’elles ne veuillent jouer dans un autre environnement, plus compétiteur, ce qui voudrait dire qu’elles pensent que le championnat de France ne pourra jamais évoluer vers une forte compétition comme en Allemagne, pour mettre en péril le niveau de l’Olympique Lyonnais.

Alors, elles prendraient le challenge de perdre des titres nationaux, voire européens, pour jouer une compétition plus serrée.

Dans tout cela, il convient de ne pas oublier que Wolfsburg n’est qu’un récent roi d’Europe et d’Allemagne et que, couronne sur tête allemande ou non, jamais un club n’a dominé plus de deux fois l’Europe de suite, à part Lyon (4 finales de rang : 2010, 2011, 2012, 2013 pour seulement deux titres) ou sur un quinquennat. Cela voudrait dire que Wolfsburg prépare des armes pour. Cela pourrait aussi dire que le besoin de ressources de Wolfsburg a été plus prononcé avec une blessure plus grave que prévue de Nadine Kessler ?

Quoi qu’il en soit, c’est un pari et une aventure. Alors, bonne chance.

Le rôle d’Élise Bussaglia est essentiel dans le nombre de buts marqués par Lyon. 

Elise Bussaglia était à Lyon depuis peu (saison 2012-2013, 3 titres, 2 Coupes de France) quittant le PSG qui venait de se construire, quand elle a connu une blessure qui l’a éloignée des terrains pendant trois mois (genou) ne pouvant reprendre sa place qu’en mars 2013 pour finir par jouer 9 matchs avec 3 buts à la clé. La saison 2013-2014 avait été faite entièrement (21 matches, 4 buts) comme la saison actuelle (17 matches en 2014-2015).

Si elle n’est pas là pour marquer, elle a un positionnement tellement haut dans le jeu pour un milieu défensif qu’elle permet à son équipe de récupérer très rapidement le ballon et de relancer les attaquantes immédiatement. Associée à Amandine Henry, elles sont un double moteur, comme peut l’être le jeu de l’équipe de France. Cela fait deux murs à passer en défense et deux accélérateurs en attaque. Enfin depuis peu, elle vient pour finaliser les actions par des tirs qui ne demandent pas grand chose pour finir au fond des filets.

C’est une joueuse essentielle dans le jeu du milieu de terrain et elle n’a pas son pendant en France, avec un tel volume et une telle expérience. Les joueuses qui pourraient le faire sont plus offensives.

Lara Dickenmann est juste énorme dans son jeu. Elle a une puissance physique extraordinaire et est capable de jouer à tous les postes dès lors qu’elle peut laisser aller son tempérament. 

Lara Dickenmann joue sous les couleurs lyonnaises depuis 2009 (7 titres, 2 Ligue des Champions, 3 Coupes de France). Elle a éclaté depuis trois saisons en se plaçant sur tous les postes avec la même qualité. Impassable en défense, relanceuse en attaque et une capacité à marquer des buts d’attaquantes uniques (9 buts en 2014-2015). Un jeu impossible à trouver chez les hommes (à part à Barcelone) comme chez les femmes.

Cette fille a tout pour être la meilleure joueuse du Monde.

Elle part et l’Olympique Lyonnais va perdre un poumon important qui ne pourra être remplacée, sans trop demander à une jeune fille comme Amel Majri, 22 ans.

Le marché français n’est pas mature au départ de ses meilleures éléments. Il y a une rareté de ressources dans le très haut niveau. 

Lyon va devoir se serrer les coudes pour faire face face à la concurrence du Paris Saint Germain mais aussi des autres clubs de la D1 qui vont voir moins de forces à l’équipe lyonnaise, leur donnant un peu plus la possibilité de tenir, face à une armada qui viendra un peu moins, attaquer pour faire craquer l’adversaire.

Ces deux signatures et départs posent le problème, et surtout le montre, de la rareté des joueuses. En effet, à l’opposé du monde masculin où on peut trouver à des étages inférieures comme au même niveau, des joueurs de talents qui viennent immédiatement apporter une efficacité ; c’est exactement le contraire en football féminin. La ressource de même niveau est rare et il faut un temps de formation conséquent pour la préparer.

C’est pourquoi vous pouvez voire des joueuses, titulaires d’une équipe, passer d’attaquantes à défenseuses, de droite à gauche comme de gauche à droite. De défenseuse à milieu de terrain. Les places ne peuvent pas être arrêtées comme chez les hommes. Une joueuse de très haut niveau est nécessairement polyvalente, car elle est d’abord de très haut niveau. Et il faut un certain temps pour qu’elle soit de très haut niveau.

Attention à l’excès de départs, la jeunesse française n’est pas encore prête pour assurer la relève. Le championnat s’en trouverait diminué, un peu comme celui de la Suède
C’est un coup dur pour l’Olympique Lyonnais. A l’évidence. C’est un pari pour les joueuses. Espérons que le deal soit positif, cela supposerait que Wolfsburg réussisse ce qu’aucun club allemand n’a réussi : une hégémonie pendant cinq ans de suite, en Europe comme en Allemagne.

Quant à Lyon, ils ont perdu Shirley Cruz, Laura Georges, Elise Bussaglia et Lara Dickenmann et ils sont toujours là, avec la malchance européenne de tirer rapidement des gros (Potsdam & PSG).

De tout cela il me semble ressortir un enjeu européen accru, bien plus important que celui du championnat, qui va entraîner pour la France, une obligation de faire monter « en gamme » les jeunes talents prometteurs qui vont devoir montrer rapidement et bien, ce que leurs titres ont laissé présager. C’est à mon sens la plus grande difficulté qui attend le football féminin français si d’autres départs venaient à se réaliser.

La Suède est un exemple comme la Norvège. Le départ à l’étranger diminue le championnat mais ne donne pas la force des vainqueurs aux équipes nationales, à part les USA. Et encore, s’ils gagnent la Coupe du Monde, ils sauront pourquoi en interdisant à leurs internationales d’aller jouer à l’étranger.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : rare sont les françaises internationales à l’étranger. Elise Bussaglia sera une des premières après Sandrine Bretigny, partie de l’OL pour Francfort, maintenant à Juvisy, à aller en Allemagne. C’est cependant celle qui a le plus réussi en bougeant : Juvisy (2004-2007), Montpellier (2007-2009), PSG (2009-2012), Olympique Lyonnais (2012-2015). Elle n’aura aucun souci d’adaptation.

A ce jour, Wolsfburg est second (45 points) avec un match en moins, face au Bayern (47 points). Frankfurt est à 43 points (un match en moins) et Postdam est à proximité (43 points). Le cinquième est à 20 points !