WCL. 8ème de finale aller. Les féminines du Paris Saint Germain, « very Closer » face à l’Olympique Lyonnais, double vainqueur de la Ligue des Champions, ont fait lever le public de Charlety après leur égalisation à la 50′. Les deux équipes ont été si proches qu’elles n’ont pu marquer pendant 40 minutes. Rare en football féminin.

Paris s’est crée un domicile : Charlety

Paris joue ce match comme il ne l’avait pas fait depuis longtemps face à Lyon. A croire que l’idée de défendre ses terres de Charlety ne sont plus des mots mais une réalité ; et que cette réalité a mis, ou n’a mis, que deux saisons à s’ancrer dans les performances du club, version féminine.

Il faut dire que passer du Camp des Loges (78 à 500 places) au Stade de Charlety (Paris, 20.000 places) n’était pas aussi évident que cela, et les précédentes rencontres face à l’Ol à domicile s’étaient soldées par des défaites sèches (0-3 en 2013 ; 0-1 en 2012).

Est-ce le public et les 6300 spectateurs qui ont fait exploser le record des féminines ? Est-ce la présence du Président du PSG, amicalement convié comme le font les femmes quand elles souhaitent quelque chose ? Est-ce le match en championnat qui avait déçu plus d’une joueuse parisienne ? Peu importe, un peu de tout cela peut-être, mais cela n’a pas été neutre ; Fatmire Alushi, buteuse d’une feuille morte à la 51′ confirmant en zone mixte que « le public avait incroyablement poussé les joueuses ».

Paris commence à avoir une histoire très positive à Charlety. Très utile dans les grands matchs.

Paris fait du Lyon et Lyon joue en contre.

Jamais Paris n’avait autant mis le pied sur le ballon que dans les 15 premières minutes. Jamais autant Lyon n’avait été contraint à pratiquer le jeu de contres pendant 45 minutes. Jamais autant les gardiennes ne semblaient aussi bien concentrées que pendant les 90 minutes de la partie.

Farid avait dit que ses filles avaient trop lâché le ballon le samedi précédent (2-1) et avaient subi les attaques perpétuelles des lyonnaises. Les mots ont été précis pour que la situation ne se répète pas « Il fallait qu’elles aient confiance en leurs capacités, et qu’elles détiennent leur propre destin et que ce n’est pas l’olympique lyonnais qui doit imposer leur histoire mais c’est à elles d’imposer leur histoire et que cette rivalité, il fallait l’accepter et être à la hauteur des deux événements : le premier et maintenant le second. Qu’elles avaient tout à fait la possibilité de pousser dans leurs retranchements l’Olympique Lyonnais. »

Shirley Cruz, confirmant en précisant « On s’est lâché. Le match de championnat nous a coûté cher et dans la semaine, on a corrigé les petits détails puis on les a fait douter » .

Gérard Prêcheur constatant que Paris avait pris plus le ballon que la semaine précédente mais que cette arme du contre, utilisée à l’excès par Lyon lors de la première période même « si elle était demandée et utile au vue des attaquantes lyonnaises » avait demandé à être « utilisé avec plus de parcimonie », ensuite pour remettre l’équipe dans le jeu et reprendre la possession du ballon.

Lotta Schelin, buteuse samedi dernier, reconnaissant : « c’était très compliqué pour les deux équipes. »

Lyon ouvre le score par Corinne Petit

C’est en contre que Lyon ouvrira le score sur un corner de Louisa Necib qui dépose la balle sur la tête de Wendie Renard et l’incroyable Corinne Petit (défenseure latérale) la met d’une talonnade dans les buts. Perpétuelle buteuse face au PSG après son second but en finale de la Coupe de France 2014. Un match de grande qualité qui la fait postuler à l’équipe de France où les défenseures de grande taille ne sont pas légions.

Le cauchemar de Farid est là. Un but sur coup de pied arrêté.

Bien que le jeu soit parisien avec des joueuses qui trouvent de solutions en triangle associant confiance, vitesse et technique ; les cinq corners du Lyon contre 1 seul du PSG dans cette première mi-temps montre que dominer ne signifie pas être efficient, même si dominer l’Olympique Lyonnais est déjà une performance.

Les tirs sont lyonnais et c’est Elise Bussaglia comme Louisa Necib qui vont chercher l’attention de la gardienne parisienne impeccable dans ses prises de mains.

Pour autant, les parisiennes ne perdent pas pied après ce premier but et les visages des joueuses sont fermées sur le chemin des vestiaires, toutes à la réflexion de la possibilité qu’elles perçoivent de faire une performance alors que le score indique au tableau d’affichage, une unité pour Lyon lorsque rien n’apparaît pour le PSG. Dépitées n’est pas le mot. Remontées semblent plus exact.

Lyon se fait remonter pour la seconde fois sur un exploit d’Alushi

Ce sera une des satisfactions de Farid Benstiti : « c’est la seconde fois que l’on remonte l’Olympique Lyonnais au score et cela, c’est une satisfaction ». Jessica Houara ne dira pas autre chose : « en remontant au score, on se donne toutes nos chances de se qualifier là-bas à Gerland. » et avec quel but … sur une course transversale de Fatmire Alushi, elle garde le ballon au contact de Wendie Renard, pour se trouver face à Kumagai et avoir l’idée de se remettre sur son pied droit pour finir par faire « une feuille morte » qui finira sous la transversale de Sarah Bouhaddi.

Nous sommes à la 51′. Juste au retour des vestiaires. Paris a refait ce qu’elles ont ont fait en première mi-temps. Un jeu allemand. Commencer à fond les entames de jeu.

A partir de ce but, il va arriver quelque chose de rare à Charlety. Le public adhère au jeu, à la performance, et à chaque action parisienne, va se lever et ses cris vont aller droit au coeur des joueuses, qu’elles soient lyonnaises ou parisiennes.

Ce sera la victoire parisienne. Avoir crée une émotion à Charlety. Rare. Performance. Le score ne bougera plus malgré l’occasion de Lotta Schelin (Ol) et celle de Marie Laure Delie (PSG).

Avec un score de parité, les deux équipes rentrent avec de l’espoir.

C’est Jean Michel Aulas, avec son expérience, qui tirera le bilan le plus juste pour l’Olympique Lyonnais : « la Champion’s League a cette caractéristique de donner une prime au but marqué à l’extérieur, donc Lyon s’est donné les moyens de se qualifier mercredi prochain puis le PSG s’est donné les moyens … d’espérer avec un but égalisateur qui est considéré comme une victoire pour le PSG ».

Louisa Necib, nominée parmi les 10 meilleures joueuses FIFA analysant avec son expérience : « Je ne suis pas surprise du match du PSG. Elles ont fait leur match. Nous avons fait le nôtre. Nous avions dominé la première rencontre à Gerland et nous ferons le match retour là-bas. Avec le score de 1-1, nous sommes en position plutôt favorable. »

Paris n’est pas dans le même registre de l’habitude de la performance et les commentaires vont plutôt dans une direction dynamique et positive : Jessica Houara « Au-delà du résultat, c’est plutôt de la manière dont on est fière. Il faut rester humble. Maintenant, ce n’est qu’un match de football et il y en aura d’autres, notamment Mercredi, c’est surtout en terme de production de jeu qu’on peut être fière. » Farid Benstiti, « très fier, et si on gagne Mercredi, alors le Paris Saint Germain prendra une autre dimension. Il faudra pousser Lyon dans ses retranchements physiques mentaux » pour sortir vainqueur de cette rencontre.

La belle à Gerland

Fatmire Alushi disant « qu’il ne fallait pas renouveler la peur vécue à Gerland » de la dernière journée de championnat, suivie de Jessica Houara précisant que Paris a montré qu’elles pouvaient bousculer Lyon et qu’elles étaient aussi une grande équipe.

Gérard Précheur répondant « qu’il n’était pas particulièrement inquiet car elles connaissaient leurs forces et que, dès le début du match, elles étaient qualifiées avec ce but à l’extérieur qui avait été un des objectifs ».

Quel sera le résultat de ce match de Mercredi ? Nul ne le sait. Les deux équipes s’entendent pour dire « que c’est vraiment dommage que ces deux équipes se rencontrent à ce stade de la compétition alors qu’elles sont au niveau d’une demi-finale voire d’une finale européenne. » (Jean-Michel Aulas) ; Farid Benstiti reprenant : « c’est une fierté de voir ce type de rencontre avec deux grands clubs qui investissent dans le football féminin, deux grands présidents, et cela donne envie de croire que 10 autres clubs peuvent y venir de la même manière ».

Ce soir, il y a eu un gagnant avant l’heure : le football féminin. Mais cela, les joueuses n’en ont cure. Elles sont en pleine compétition. 1-1, la balle au centre. La qualification au bout.

Sacré match Mercredi pour la qualification en Women’s Champions League avec un chemin tracé vers une finale pour l’une ou l’autre des deux équipes.

William Commegrain

lesfeminines.fr

Fiche Technique :
Stade Charlety - Temps ensoleillé - 20 degrés - 18h - Retransmission Bein Sport - Spectateurs : plus de 6300.
Résultat : (19', Petit) ; (51', Alushi)
Arbitres : Kateryna Monzul. Assistantes : Natalia Rachynska, Maryna Striletska. Cartons jaunes : 48', Petit.
Olympique Lyonnais : Sarah Bouhaddi - Lara Dickenmann, Saki Kumagai, Wendie Renard (cap), Corinne Petit- Amandine Henry, Elise Bussaglia, Louisa Necib - Ada Hegerberg, Lotta Schelin, Eugénie Le Sommer (Thomis, 46'). Coach : Gérard Prêcheur.
Paris Saint Germain : KIEDRZYNEK - Sabrina Delannoy (cap), Laura Georges, Annike Krahn, Jessica Houara - Seger, Shirley Cruz, Aurélie Kaci (72' Hamraoui)- Kosovare Asllani (84', Dali), Lindsey Horan (89', Delie), Fatmire Alushi. Coach : Farid Benstiti.