Les féminines du Paris Saint Germain réalisent des performances toujours sur un fil. C’est le signe des artistes. Normal dans une ville d’émotions. Peut-être un grand signe.

Paris semble faire une année avec émotions.

En gagnant face à Montpellier, à l’extérieur, sur le score 0-1 avec une ouverture du score à la 88′ … par un exploit isolé de Lindsey Horan qui rend une balle aérienne synonyme de but, là où toute joueuse de D1 féminine, l’aurait simplement transformé en balle de soutien, à une hypothétique attaque à contruire, dans un temps de jeu très court (2′) … Paris se crée une identité faite d’émotions : le nul, la contre performance et, coup du sort, la victoire.

En gagnant 2-0 à Charlety face à Juvisy, la journée suivante avec un contenu dominateur mais sans réelle occasion de différences et en terminant par un score large qui lui offre une troisième, ticket européen pour la saison 2015 … Paris se crée une émotion : une égalité potentielle et puis deux actions transformées, de maniére surprenante, en but.

En menant à l’extérieur 0-2 pour son 1er tour de la Women Champion’s League avec ses deux meilleures joueuses du moment : Kosovare Asllani et Shirley Cruz pour se faire remonter en seconde mi-temps, et même bousculer par Twente et finir par un score favorable 1-2 mais qui en football féminin, reste un score interrogatif, notamment si on le compare avec celui d’ l’Olympique Lyonnais (0-5) face à Brescia (Italie) … Paris se crée des émotions : pourra-t-elle connaître le sort de Lyon contre Potsdam en 2013 ?

En trois semaines, 3 victoires importantes et trois émotions, 3 interrogations et 3 émotions.

L’émotion, une chance quand on a des artistes. 

Au même titre que j’avais la conviction que Gaetane Thiney allait faire une saison extraordinaire l’an dernier, qui s’est terminée en apothéose avec les trois titres individuels qu’elle a obtenue (meilleure joueuse FFF, UNFP et meilleure buteuse) ; la plaçant là où son talent, sa compétitivité mais surtout son identité personnelle se devait de la placer : au plus haut niveau.

Elle était dans un équilibre total sur tout cet environnement, non pas comme une finalité mais comme une source. Ce qui lui a fait faire une saison extraordinaire.

Je ne sais pas si elle n’est pas la seule à avoir connu cette performance. A vérifier.

Au même titre, je verrais bien Kosovare Asllani éclater cette année. Être au Top.

Quand cette fille joue, elle a des mains qui sont les mains de la Callas. Celle d’une artiste. Regardez n’importe quelle photo d’elle, vous avez toujours l’impression qu’elle est sur un fil. Prête à passer, à tomber, d’un côté ou de l’autre.

C’est pour moi une artiste et l’arrivée de Fatmire Alushi lui a permis de ne pas avoir le poids isolé de la créativité parisienne. Le simple fait de partager, avec une autre, cette possibilité de créer la différence lui donne les ailes de légéreté qui lui manquaient les saisons précedentes.

Cette fille, dans un match, fera, cette saison, la différence de Paris. Si, en plus, elle joue avec la légéreté du rêve, alors elle fera rêver Paris.

L’expérience parisienne

Ne voyez dans ces quelques lignes précédentes non pas l’exclusivité d’une performance, mais une performance réalisée (6 buts en championnat, 1 but important en UEFA) ; et plutôt la description d’une qualité au sein d’une équipe faite d’expériences et de rigueur.

Je voudrais revenir sur le centre de Laura Georges face à Juvisy qui a donné un exocet de l’américaine Lindsey Horan (2-0, tête vainqueur). Un centre qui ne veut rien dire dans un premier temps, mais en revoyant la vidéo, j’ai vu à quel point j’avais écrit une erreur.

Laura Georges fait un plat du pied qu’elle arrête volontairement dans son élan pour que la balle, en cloche, manque soudain de force pour redescendre immédiatement et atterisse précisément sur la tête de Lindsey, pourtant marquée à la culotte par Nelly Guilbert. Le geste est totalement maîtrise, impliqué, voulu et déterminé. Et cette balle en cloche, qui ressemble à une balle sans intérêt est aussi précise qu’un coup de golf. Directe dans la bonne direction, sur la cible, sans possibilité pour l’adversaire de l’attraper, de s’opposer.

Ce geste, dans l’instant, dénote une confiance totale de Laura Georges dans la capacité de Lindsey Horan de l’exploiter en but. Elle le sait. Lindsey le sait. Nous non.

Un geste normal qui devient parfait, par la maitrise d’un élément fondamental : se connaître. Comment comprendre ce geste ? La réponse est simple. Entraînement et entraînement plus entraînement. Quand les filles du PSG jouent, elles se connaissent par coeur. Et le centre d’Alushi, fort, précis pour Kosovare Asllani en est l’illustration.

C’est parce qu’elles se connaissent à un véritable niveau lyonnais que Paris peut jouer avec l’émotion tout en gagnant.

Paris gagnant mais pas dominateur.

En football féminin, pour les leaders. Ne pas dominer outrageusement son adversaire, entraîne la même sanction que la défaite.

C’est une erreur. Paris est gagnant. Sans être dominateur. Pas de problèmes.

Où est le problème ? C’est exactement ce qui fait le parfum de l’émotion, des victoires acquises ensemble. De celles qui habitent tout sportif.

En allant toujours chercher le meilleur, pour au final, finir gagnant.

Loyalement. Car juste meilleur. « Juste » peut-être, mais meilleur.

Paris écrit son histoire comme le veut la ville qui l’accompagne. Avec des artistes et avec émotions.

Il faut acheter.

William Commegrain Lesfeminines.fr