Le dernier club exclusivement féminin
Le club de Soyaux Charente, juste à côté d'Angoulème, est une association consacrée exclusivement au football féminin. En 2017, c'est devenu un fait rare. Soyaux, c'est l'antichambre de l'Histoire du football féminin. Toutes les joueuses de plus de quarante ans connaissent ce petit village de France qu'on traverse d'Angoulème, comme pourrait le faire une ligne de chemin de fer. Sans s'arrêter. Sauf que depuis longtemps et encore maintenant, une fille se levait dans le wagon pour tirer le signal d'alarme. Car, Elle, sait que c'est là que se trouve sa gare. Alors le train s'arrête et tout le monde dans le village comprend qu'une fille qui marche avec un sac, ce ne peut être qu'une joueuse de football féminin de haut niveau. Il faut dire que le club a été plusieurs fois Champions de France. Il faut rappeler que bon nombre d'internationales viennent de la Charente et il faut juste se souvenir, sans le raconter, que l'actuelle sélectionneuse, Corinne Diacre qui a bousculé tous les usages en devenant coach de Ligue 2 (première au monde), a obtenu 122 sélections en EDF en jouant exclusivement à Soyaux.Avant 2010, la quasi-totalité des clubs de la D1F étaient exclusivement portés par des clubs indépendants, proposant un football réservé exclusivement aux femmes.Une femme ne pouvait plus aller chez les hommes pour jouer au foot dès qu'elle dépassait les 15 ans qu'autorisait le football mixte. Ce sont donc constitués des clubs exclusivement féminins.
Aujourd'hui, cela a totalement changé et bon nombre de club masculins proposent aux jeunes filles une pratique de football. Les clubs exclusivement féminins, notamment ceux avec peu de notoriété et de compétitivité, disparaissent. Ce qui est vrai au niveau amateur en raison de la nouvelle offre des clubs masculins, l'est encore plus au niveau de l'élite qui a besoin du support des clubs professionnels pour répondre aux charges des sportives de haut niveau dont la pratique ne peut trouver dans l'économie traditionnelle (sponsors, partenaires) les moyens d'une autonomie.La période après 2012 a bouleversé le football féminin français
C'est en 2012, avec le projet QSI du PSG pris en charge par Farid Benstiti pour la section féminine que l'environnement français du football féminin a changé. D'une équipe forte mais quatrième, il en a fait la 2e du championnat, allant à la bagarre avec l'OL (double championne d'Europe) en professionnalisant toutes les joueuses. Associé à la médiatisation prématurée du football féminin, hors équipe de France, on a assisté à une "professionnalisation" des joueuses des autres équipes, par le biais du contrat fédéral.
Certaines ont des revenus confortables (notamment les habituées de l'équipe de France) quand pour les autres, cette rémunération permet juste de vivre.
Le double projet mais avec une priorité sur le football
Face à cela, la notion de double projet prend toute sa réalité et répond à une demande des joueuses qui cherchent à pratiquer leur sport pour lequel elles ont des qualités tout en postulant à l'élite française. Le tout, en complétant par un second programme de formation professionnelle, soit dans l'acquisition de diplômes ou dans une reconversion réalisée, souvent avec les diplômes transversaux de la fédération de football.
Cette situation est appelée : le double projet.
Aujourd'hui, il ne permet plus à une équipe de rester compétitif en D1F avec des joueuses qui veulent réussir dans les deux domaines.
L'ASJ Soyaux, dernier club amateur et autonome, a fonctionné selon ce modèle qu'ils ont fait évoluer la saison dernière en portant la priorité sur le football et demandant aux partenaires de laisser des libertés conséquentes aux joueuses, soit pour s'entraîner ou soit pour récupérer et pour certaines d'entre elles, de se consacrer exclusivement au football. L'ASJ Soyaux a fini cinquième du championnat. Si son modèle est moins amateur, il reste un petit budget et le dernier club EXCLUSIVEMENT féminin. Une originalité en D1F.