Dès 2012, lorsque le PSG s’est lancé dans cette aventure du football féminin professionnel, Philippe Boindrieux, le responsable financier du PSG et de la section féminine avait eu ces quelques mots au coup de sifflet de l’arbitre qui donnait la seconde place européenne du PSG, prise à Maquin, siège social de l’esprit de Juvisy : « Le seul problème du PSG, c’est qu’il y a Lyon dans le championnat. »
Une phrase simple à qui l’avenir lui donnera toute sa réalité. Depuis huit titres ont été pris par le club de Jean-Michel Aulas et sept deuxième place ont été acquises par le Paris Saint Germain. Des objectifs d’autant plus atteint que l’OL gagnait les titres européens de 2012, 2016, 2017, 2018, 2019, finaliste de 2013 quand le PSG signait deux finales en 2015 et 2017.
Le PSG était jouable au début de son lancement. L’anticipation n’étant pas la qualité première du football féminin, personne n’avait voulu s’y atteler. Les conditions de qualité dans le jeu des adversaires étaient pourtant là. Depuis, le gap s’est plus qu’agrandit. C’est le grand Canyon dans l’hexagone.
Avec 5 points d’avance dès la 5e journée sur le 3e, l’OL (15 points, 5 victoires) est parti pour créer d’une marque un nom générique comme Frigidaire l’a été pour les réfrigérateurs. Le PSG (15 points, 5 victoires) suit le mouvement.
Quelles sont leurs qualités principales ? Au-delà d’avoir des joueuses internationales nombreuses qui permettent rotations des joueuses et différences sur le terrain au moment du match.
Maintenir une performance sur la durée d’un match et maintenir une performance sur la durée du championnat.
Auparavant, le premier but enclenchait les autres, la victoire se dessinait très rapidement. Le nul était rare. le premier qui marquait, le premier qui gagnait.
Aujourd’hui les dix autres clubs maintiennent l’enjeu, sauf face à l’OL et sur la durée du match, contre le PSG. La qualité des internationales de l’Ol et du PSG doit pouvoir faire craquer leurs adversaires entre les 45′ et 90′ de la rencontre.
Pour les douze équipes, la plupart des scores se réalisent ou se confirment en seconde mi-temps ; les équipes adverses craquant sur la répétition d’actions. Même si pour cette 5e journée, les chiffres sont équivalents avec huit buts en première mi-temps pour cette journée, dix sept au final, mais avec trois matches qui se sont retournés dans le second acte. Bordeaux perdant devant Guingamp après avoir mené (1-2). Lyon aggravant le score de trois buts face au PFC (4-0). Marseille prenant l’avantage (3-1) après un score nul à la mi-temps (1-1).
C’est sur ce terrain du temps que les deux clubs leaders attendent des résultats du budget qu’ils ont mis en place et leur adversaire. Un budget supérieur à 5 millions d’euros, quintuple voire plus, de celui de ses adversaires. Soyaux étant évalué à 500.000 € quand l’OL culmine à 7 unités par exemple et Montpellier tournant autour de 2 millions, comme le PFC et Bordeaux.
Un gap financier qui ne fait pas la différence pour les combats entre les dix autres clubs. Guingamp prenant le meilleur contre Bordeaux qui perd toutes ses chances d’être bien dans cette D1F Arkema, pour se placer dans le coeur d’un championnat qui ne vaut malheureusement, que pour un intérêt médiatique avec la prise en main par Canal Plus de sa diffusion pendant quatre saisons. Un intérêt médiatique ne fonctionnant que pour les titres, voire pour une seconde place européenne. Les sièges étant déjà pourvus, l’investissement bordelais est à passer par « pertes et profits » du côté de la stratégie marketing. Soyaux, bloque Montpellier (1-1), l’obligeant même ) revenir au score. Un même résultat qui éloigne les deux TGV des mégapoles parisiennes et lyonnaises du train régional montpelliérain et bordelais. Sauf que cela ne fera pas lever un cil à Montpellier. Il y a longtemps qu’ils connaissant l’histoire. Mentalité du Sud, tant que le train arrive dans l’heure, c’est correct. Et pour Montpellier, c’est entre la 3e et 4e place.
Pour le maintien de la performance sur la durée du championnat, le banc des deux leaders est là pour y répondre.
Les deux équipes leaders ont cette qualité là.
Le PSG avait sur son banc face à Fleury, la capitaine du Chili, grande artisan de la réussite de son pays au Mondial, Cristina Endler. La danoise Nadia Nadim, vice-championne d’Europe 2017. Ashley Lawrence, excellente internationale canadienne. Formiga, la brésilienne, mère de toutes les joueuses internationales de football avec sept Coupes du Monde à son actif et six JO. Sans compter les jeunes talents à voir grandir.
Quand pour l’OL, on avait Selma Bacha, jeune pousse déjà deux fois championnes d’Europe sur le terrain. Saki Kumagai, championne du monde 2011, Argent JO 2012 et vice-championne du monde 2015 et une des plus anciennes à l’OL. Nikita Parris, star anglaise, Kadeisha Buchanan, internationale canadienne et Janice Cayman, la seule joueuse belge qui pourrait réclamer toutes les nationalités après son séjour aux USA, France. Capitaine des Flames rouge.
Lyon ayant en plus la certitude que le titre doit légitimement lui revenir. Le PSG ayant tout actuellement d’un Jean-Claude Bouttier face à Carlos Monzon de l’Histoire. Excellent, proche mais de par trop mentalement challenger. Un travail mental supplémentaire à réaliser que les parisiennes n’ont pas encore maitrisé, à l’image des larmes de Grace Geyoro, juste après son dernier tir aux buts, arrêté par Sarah Bouhaddi, pour le premier Titre du Trophée des Championnes, dépitée d’avoir été stoppé comme Ouleymata Sarr l’avait été en 2017 : « J’en ai marre qu’on perde contre eux ! On y arrive jamais ! ». Trois séances de tirs au but pour un titre, Coupe de France 2017, Coupe d’Europe 2017, Trophée des Championnes 2019, trois défaites.
La tête du championnat de France n’est pas intéressante médiatiquement, mais le coeur, oui.
Et oui, Pierre Menès, cardinal du football français qui délivre sa messe le dimanche soir au Canal Football Club de Canal + a raison quand, d’un ton dédaignant, il qualifie les places du PSG et de l’OL comme « surprenante … » avec l’ironie qui convient.
Personne ne peut être surpris de cette vérité et à l’inverse, ne peut que regretter que les messages d’égalité que tout le monde pratique au quotidien, ait pu à ce point, aveugler les investisseurs des budgets liés au droits d’achat du contenu sportif, pour attendre autre chose que cette réalité.
J’ai été un de ceux qui l’avait plus qu’indiqué. Cela me donne le plaisir et l’avantage de n’avoir que la sympathie de mon stylo dans ce milieu qui connait les erreurs des compliments alors que le sport ne demande que de mettre en avantage la performance. Une stratégie développée avec deux sites partenaires bien identifiés, pour un résultat aujourd’hui télévisé, sans intérêt.
Pourtant ce serait mentir que de dire que le championnat de France D1F Arkema ne s’est pas amélioré. Les performances sont réelles.
Quand Guingamp vient prendre les trois points à Bordeaux après être menés, chapeau bas. D’autant plus que le club breton y arrive avec de très jeunes joueuses, dans un état d’esprit que ne pourra leur garantir le maintien que s’il le conserve « match après match ».
Quand Soyaux mène face à Montpellier (1-1). C’est Astérix qui bouscule César. En dehors du budget, 500.000 pour l’un, 2 millions pour l’autre ; Soyaux c’est une performance incroyable depuis plusieurs matches. Inexistantes pour la première rencontre face au PSG, l’entraîneur, Sébastien Joseph, mérite vraiment une autre chance pour arriver à mobiliser ses troupes et les maintenir sur la durée. C’est un gars qui a la performance dans le sang.
Quand l’Olympique de Marseille, installé dans une tente quand les gars plongent dans la piscine d’un cinq étoiles. Pourtant fières de leur maillot. Montée mille fois de divisions en divisions, descendue en 2018, remontée en 2019. Ballotée en 2020, vainqueur en (3-1) face à Metz. Ce sont des performances.
Et oui, Pierre Menès a raison car il raisonne média. Le championnat de France n’est pas surprenant pour sa tête. Comme dans beaucoup de sports féminins collectifs, pas assez de pratiquantes pour faire une élite compétitive à douze. Les leaders se dégagent très rapidement.
Ce serait, pour autant, mentir que de dire qu’il ne l’est pas dans son corps et dans son coeur.
Si j’avais un conseil à donner à Canal Plus, je brancherais les caméras et la signature médiatique de qualité qu’ils possèdent sur les dix autres clubs de la D1F Arkéma. La performance est aussi là, le goût de l’inattendu se trouve là. En prenant un angle bien précis « montrer la province aux Parisiens et aux lyonnais ».
Un film fait un carton actuellement, avec plus d’un million d’entrées, sans publicité. « Au nom de la Terre » d’Edouard Bergeon avec Guillaume Canet. Un juste retour de sympathie sur la réalité des agriculteurs. Un drame mais une réalité.
Les gens veulent se retrouver dans des valeurs authentiques.
Les parisiennes de la FFF ont cru que le Mondial allait illuminer le football féminin. Ils lui ont mis « des paillettes dans les yeux » et de « la moulure au plafond ».
Sauf qu’on aime bien Kevin car il sera toujours Kevin et que le 9-3 ne sera jamais le 9-2. Le football féminin était simple et authentique. C’est peut-être là que se trouve encore son diamant s’il n’a pas été trop poli.
Maintenant, je sais très bien que Canal n’a pas de conseils à recevoir. Ce sont justes quelques mots, à six heures trente du matin.
Bien sûr, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que tout cela s’intègre dans un football plus global et qu’à ce titre, l’exposition médiatique des deux grands, OL et le PSG, est aussi la contrepartie d’un investissement de ces deux clubs qui trouvent, dans la diffusion des images de leurs performances à une heure de grande audience footballistique, une raison économique à leurs budgets.
Un football devenu maintenant quasiment englué dans cette vérité qui a d’ailleurs la tête d’un slogan simple et vivant, inscrit dans la majorité des esprits : « Le foot féminin, c’est l’Ol et le PSG ! ». Honnêtement, Jacques Séguéla, publicitaire bien connu, civilement octogénaire mais dont on peut penser qu’il possède un ADN bien plus jeune, ferait un AVC si on avait à lui proposer une telle formule ! Lui qui a écrit un très bon livre sur Demain en 1995 avec ce jeu de mots, « Le futur a de l’Avenir » prédisant d’ailleurs que le siècle à venir sera féminin.
Reste que là, actuellement, suivre le football féminin et la D1F Arkema à hauteur des objectifs d’une audience TV. Il faut être un vrai passionné-fou pour le faire. C’est rare, voire proche du médical (humour) ? Et la TV, demande à convaincre justement, ceux qui ne sont pas passionnés.
SI quelqu’un a une idée ?
William Commegrain Lesfeminines.fr
Résultats de la 5e journée de D1F Arkema.
- OL – PFC (4-0)
- Bordeaux – Guingamp (1-2)
- Fleury – PSG (0-2)
- Dijon – Stade de Reims (1-1)
- Soyaux – Montpellier (1-1)
- Marseille – Metz (3-1)