Les clubs prétendants à la D1F ne sont pas si nombreux. Dans cette division d’élite qui s’est beaucoup modifiée, on n’est pas loin des caractéristiques d’une franchise avec des paliers financier et sportif conséquents entre la D2F et la division d’élite, pouvant refroidir un nombre de clubs à passer à l’étage supérieur.

Pour cette saison, ils sont deux à être passés à l’étage supérieur en remplacement de deux autres clubs qui -peut être- se trouvent mieux en D2F : Albi Asptt et le très symbolique Olympique de Marseille.

Le Fc Metz vient avec une vision positive du football féminin.

Le FC Metz, à l’opposé du Dijon FCO qui y vient pour la première fois, frappe à la porte du maintien pour la troisième fois de suite. Le club historique du Grand Est chez les hommes, déjà descendu en National, ne se départit pas de sa religion. La descente arrive, l’essentiel est de se consacrer à la remontée.

Ce que le FC Metz a très bien fait, aussitôt descendu (2015), aussitôt remonté (2016), aussitôt descendu (2017), aussitôt remonté (2018). Aucune nécessité d’être grand clerc pour connaître l’état d’esprit 2019 du club lorrain : il s’agit de réussir le maintien.

Difficile d’avoir un coach plus convivial et positif que David Fanzel, le coach du FC Metz féminin, trouvé en 2015-2016 par Angélique Roujas, mise à la tête opérationnelle et tactique de la section féminine dès que le FC Metz a repris le FC Algrange en 2015 lors de la montée en D1F.

Quatre ans de construction pour Angélique, trois pour l’ex-joueur du Red Star qui résume ainsi l’état d’esprit du club : « Chaque année on passe des caps. le club grandit dans le foot féminin. La formation se structure. Notre élite a fait une très bonne saison en D2F. Après la descente en 2017, on a mis en place un projet en deux ans pour retrouver et se maintenir en D1F, réussit pour la première année et qui va se valider cette année. Ce qui nous a permis de conserver notre groupe et même de récupérer des joueuses comme Marie Laure Delie (ex PSG, deuxième meilleure buteuse de l’EDF en activité, 123 sélections) ».

Une présentation positive qu’il conclut par la phrase clé du FC Metz en 2019 : « Tout cela sera validé si on se maintient en D1F ». 

David Fanzel fc Metz @credit fc Metz

David Fanzel fc Metz @credit fc Metz

Une dynamique de groupe

Le FC Metz a parié sur une mobilisation collective autour d’un projet discuté et exposé en entretiens individuels comme collectifs : « refuser la sanction de la descente, remonter en D1F en deux ans et s’y maintenir ».

Un projet qui trouve aussi sa force dans le fait « que nous ne sommes pas spécialement une section féminine mais que les filles sont totalement intégrées dans le FC Metz. Par exemple, on aura la moitié des matches joués à Saint Symphorien, sans que cela soit une affiche. Les installations d’entraînements et de soins sont partagées et les filles participent aux événements avec les pros garçons. C’est un message qui interpelle les filles ».

Il reste que dans le fil de la discussion, David Fanzel nous fait part de la particularité 2019 du FC Metz : « Chez nous, on a pris des jeunes joueuses volontairement. Ces joueuses prometteuses prises en Bleues (2 en U18, 3 en U19 et 5 au Mondial U20 d’Août derniers) savent qu’elles vont jouer. Ce n’est pas l’âge qui va faire jouer mais les qualités ! Et cela, c’est très important pour la dynamique de groupe ».

Les jeunes pour planter le drapeau du FC Metz en D1F

David Fanzel n’est pas pour autant dupe de la limite des jeunes dans une D1F faite d’expérience. Choix contraire pris et réalisé par la plupart des clubs montants comme le Losc l’an dernier associé au revirement réussi du Fc Fleury en Décembre 2018 et pour cette saison, le recrutement d’expérience de Dijon. « Les jeunes ont les défauts de leurs qualités mais cela me plait. Et d’ailleurs, c’est ce qui m’a été demandé par le FC Metz quand je suis venu. Tu viens à Metz, mais tu fais jouer les jeunes. D’autant qu’on a pris des jeunes de l’extérieur mais on a aussi beaucoup de jeunes formées à Metz, comme Lerond, Rigaud, Khelifi ou Dechilly, Gavory qui sont venues au début du projet. Chez nous, on leur fait confiance. » 

Inévitablement, on ne peut que se demander « si trop de jeunesse, ce n’est pas trop difficile en D1F ? », en se souvenant, pour prendre l’exemple de la VGA Saint Maur invaincue en D2F, que très peu d’équipes montantes se sont maintenues avec leur groupe de la division inférieure.

David Fanzel répond de manière pragmatique : « avec des jeunes, on va sauter plus haut, aller plus vite, avoir plus de dynamisme et elles se poseront moins de questions à la première défaite comparées à des joueuses d’expériences qui pourraient trop prévoir l’avenir. Sans oublier qu’on a quelques joueuses d’expérience qui vont intervenir dans le groupe comme Jatoba (37 ans), Godard (27 ans), Delie (31 ans), Janela (27 ans) et même Kaya qui est très mûre pour son âge (24 ans). Sans oublier que dans le football féminin, les adversaires ont aussi beaucoup de jeunes. La moyenne d’âge est jeune, à l’image du PSG qui s’est transformé aussi avec cette tendance. »

Marie-Laure Delie, le gros coup du FC Metz qui la voulait !

Il reste que le FC Metz a bouleversé l’actualité de cette pratique en annonçant la signature inattendue de Marie Laure Delie. Une Bleue historique. Une des dernières à avoir connu le France-Angleterre de 2011 qui a lancé le football féminin.

D’abord, il faut savoir que le football féminin est un monde de réseau là où le football masculin est un monde d’argent. Les contacts se font d’abord sur le fait de connaître ou non les personnes, beaucoup moins sur le simple nom d’un club et d’un salaire. La vie de groupe est essentiel pour une joueuse. « Il faut déjà savoir qu’Angélique Roujas a eu Marie-Laure Delie quand elle avait quinze ans au Pôle France. Pour ma part, j’ai eu des discussions avec elle et son agent au niveau sportif. Après au niveau financier, cela s’est joué avec Monsieur Serin, le Président du FC Metz ».

Sur le plan sportif, « Marie Laure Delie sortait d’une année difficile avec le PSG où elle jouait moins et plus à gauche. Patrice Lair est parti. Le PSG avait un nouveau projet. Elle avait besoin d’un nouveau projet. Je lui ai proposé d’être une grande soeur, une guide pour les autres, lui précisant : tu vas être prise pour modèle et les filles vont t’écouter. C’est peut-être le moment pour passer un nouveau cap et de ne pas être simplement une joueuse parmi tant d’autres mais de rendre aussi ce que le football t’a appris et de l’apporter aux autres ». 

Un nouveau statut pour l’ex-joueuse du PSG qui regarde toujours du côté de la Coupe du Monde 2019. Un nouveau statut qui lui a convenu et qui pourrait la dynamiser si le FC Metz prend le chemin de la réussite. Un chemin qui lui convient : « elle intervient dans le groupe, donne son avis. Fait le lien avec moi. Me fait passer des messages. » 

Un deal qui convient aux deux parties, basé sur un engagement de trois ans permettant à la joueuse de se stabiliser sur un projet quand les autres clubs se résumaient à une année de collaboration. David Fanzel finissant sur ce point avec une vraie reconnaissance : « j’ai de l’admiration pour elle. Tout le monde parle argent. Elle l’a mis de côté pour parler sportif. Vraiment chapeau ! Car autant vous le dire, et on lui a fait comprendre, on la voulait ! »

D’autant que vous êtes tout seul dans le Grand Est. Pas facile pour recruter ?

Rires de David Fanzel. « On est tout seul au niveau de l’élite. Certes Vendenheim est là depuis longtemps. Nancy se cherche un peu mais les clubs de l’Est qui postule à l’élite sont peu nombreux ». Quoi de choquant que cela revienne au FC Metz avec un club de handball féminin (22 titres de champions, 8 coupes) qui truste les réussites sportives comme l’Olympique Lyonnais en football.

Pourtant David Fanzel serait plutôt à la recherche d’émulation et de concurrence pour éviter des derbys qui les amènent à choisir les clubs parisiens ou l’Ol comme adversaires les plus proches. D’autant que cela pose des problèmes de recrutements inévitables. On pense à l’Allemagne ? « On a du mal à recruter en Allemagne. D’abord, les joueuses sont toutes sous contrat. Ensuite financièrement elles sont au-dessus de nos moyens. Pour l’instant, on se contente de matches amicaux avec 70% face à des clubs allemands. »

Rappelant que le projet est le maintien rapide. « C’est important d’avoir des joueuses françaises pour ne pas avoir de problèmes de langue et d’intégration au système de jeu et de travail. Il y a deux ans, on a essayé avec certaines joueuses, dont Pekkel maintenant au PSG, mais cela demande du temps. Si on se maintient en D1F, on aura alors plus de solutions en cherchant du côté de la Belgique et des Pays-bas. »

La médiatisation 

Le FC Metz, un club familial avec cinq contrats fédéraux et une équipe jeune en double projet. Angélique Roujas, précisant à la présentation des nouvelles joueuses sur le site du FC Metz, leurs choix de formation professionnelle.

Pour regarder avec envie, cette D1F qui s’annonce, malgré ses difficultés évidentes et dont l’éclat de la couverture par Canal+ fait rêver cet ancien joueur, rappelant : « la télévision sur mes matches masculins, je l’ai connu sur le tard de mon activité de joueur professionnel. C’est exceptionnel de le connaître à cet âge et d’avoir la chance de se faire connaître. »

Le FC Metz, un club qui se construit et qui ne vient pas en D1F avec une pression négative, tout simplement en constatant que la D1F est un bonheur car c’est le constat de la valorisation du travail fourni.

Il ne reste plus qu’à y rester.

William Commegrain lesfeminines.fr