Le titre initial de Camille était « Mendy et Paris : une passion nommée diplôme ». Elle m’avait communiqué son texte jeudi soir avant l’annonce officielle du duo constitué par le PSG féminin. Deux concurrents s’associaient. Cela m’a fait penser à cette série télévisée « Amicalement Vôtre ! » des années 70-90″ avec Roger Moore en dandy anglais et Tony Curtis, en homme du peuple averti. Je vois bien Bernard Mendy en Danny Wilde et Olivier Echouafni en Brett Sinclair. Cela m’a fait sourire. D’où le titre : « le PSG féminin reconstitue Amicalement Vôtre ! » Au Camp des Loges. Restons modeste.
Il existe aujourd’hui deux Mendy dans le foot.
Le premier est un latéral gauche, un grand gaillard rigolard, passé par Marseille, Monaco, il joue aujourd’hui à City. Son actu récente : il s’est fait les croisés, a joué une poignée de minutes ces derniers mois, et nos petits cœurs étaient tous suspendus à cette idée : sera-t-il prêt pour le mondial en Russie ?
Le second était latéral droit, un gars solide, globe trotter du foot, qui a promené ses crampons de Paris, à Bolton, puis au Danemark, Chypre, pour finir en Inde, au East Bengal Club et au Chennaiyin FC. Son actu récente : entraînera-t-il le Paris Saint-Germain la saison prochaine ?
Le premier s’appelle Benjamin, il a 23 ans. Le second s’appelle Bernard, en a 36. Durant les prochaines semaines, on entendra parler surtout de Benjamin, peu de Bernard. Ou alors dans le landernau du football féminin.
Le cas Bernard Mendy est pourtant une histoire, jolie, un peu amère.
Un fait d’armes à son actif : alors qu’arrivé en janvier 2018, le 1er juin, lors d’un match commencé la veille, interrompu près d’une heure en raison d’orages tropicaux pilonnant la pelouse de la Meinau de Strasbourg, il a endossé, pour la première fois le costume d’entraîneur des filles du PSG, en finale de la Coupe de France, contre l’Olympique Lyonnais. Résultat, le titre est 1-0 pour le PSG.
A la 17’, le but de Katoto sera celui du triomphe des Parisiennes sur leurs meilleures ennemies, la bande à Bouhaddi, Le Sommer, Hegerberg et compagnie. Celles qui, au cours des dernières années ont raflé, au nez et à la barbe (même si aucune Parisienne ne la porte) de toutes les équipes, tous les trophées : championnats, coupes de France, et même Women’s Champions League.
La nuit du 1er juin, Bernard Mendy a brandi la Coupe, la médaille au cou. Patrice Lair, l’entraîneur des Parisiennes depuis deux saisons, est loin de La Meinau : il est à la fois en arrêt maladie, et transféré sur le banc des garçons de Niort (L2). Alors le premier adjoint Bernard a pris le costume. Pour cette fois. Certainement se verrait bien le garder la saison suivante, comme d’autres le voient.
L’homme a des arguments : il connaît ses filles, et surtout, il est devenu l’entraîneur au meilleur ratio de victoires de tous les temps.
« Un match, une victoire ! »
Mais Bernard, la saison prochaine, réendossera son survèt de premier adjoint. Bernard a une tare insurmontable, irrémédiable en France : il n’a pas le diplôme. Comme l’entraîneur des Herbiers, Stéphane Masala, qui a emmené son petit club vendéen jusqu’au Stade de France dans une finale honorablement perdue 2-0 contre le PSG. Et qui ne pourra plus entraîner son club des Herbiers la saison prochaine.
On cherche donc un boss à Bernard. Ce ne sera sans doute pas une femme. Dans le milieu, ça ne court pas les pelouses, et elles sont toutes bien occupées. Petit panorama des plus crédibles : Corinne Diacre à la tête de l’équipe de France, Sarah M’Bareck tout juste sortie de l’EA Guingamp, la Portugaise Helena Costa, l’éphémère coach de Clermont, du côté du Celtic. Quant à Elisabeth Loisel, ancienne sélectionneuse des Bleues, elle en est toujours à se prendre le bec avec Marinette Pichon dans l’affaire des six matchs de non sélection de Marinette et l’on ne sait toujours pas qui a menti.
Le boss de Bernard sera donc un homme. Et un homme sans club, c’est comme un usager SNCF sans train. On en voit tous les jours. A commencer par Zinédine Zidane, sans club depuis son propre souhait de quitter le Real Madrid. Et c’est là que court la folle rumeur. Zizou entraîneur des Parisiennes ? Un jour peut-être. Pour l’heure, Olivier Echouafni tient la corde.
Olivier Echouafni ! Mais oui ! Celui qui a réussi « à qualifier » l’équipe de France en quart de finale l’été dernier, à l’Euro aux Pays Bas alors que tout le monde voyait les Françaises championnes ! Honorable défaite 1-0 face à l’Angleterre, qui elle-même s’est ensuite pris 3-0 contre les Pays Bas en demies. Olivier Echouafni dont l’aventure footballistique avait débuté par une moue dubitative, s’est achevée dans une grimace déçue, sera sauf catastrophe nucléaire le boss de Bernard.
Bernard aurait pu faire le job, mais les diplômes, vous savez…
Le cas Mendy. Petite illustration des travers français.
Camille Cordouan.
Titre : William Commegrain pour les féminines.fr