Les joueuses de caractère sont nombreuses de par le monde. Certaines l’expriment de manière consensuelle, d’autres le font de manière explosive. Hope Solo (gardienne, 36 ans, 202 sélections), en retraite forcée depuis 2016 est de celle-là.

Hope Solo retient l’attention

Il n’existe pas un connaisseur du football, sans être féminin, qui ne sache pas que les Etats-Unis d’Amérique soient les meilleures footballeuses mondiales et qu’elles ont une gardienne extraordinaire, dotée d’un physique avantageux.

Parler leur de Carli Lloyd (USA, meilleure joueuse FIFA 2015 et 2016) ou d’Abby Wambach (américaine, FIFA 2012) pourtant meilleure buteuse féminine mondiale avec 184 buts sur 255 matches internationaux et ils vous ouvriront des yeux ronds, prêteront une écoute proche de celle que l’on voit face à des mains tendues, têtes baissées. Ailleurs.

Mais évoquez la gardienne américaine en entrée, accompagnez-la d’Alex Morgan en garniture, mettez en plat principal les photos des deux joueuses (certaines suggestives) et terminez avec, en dessert, l’anecdote supposée de la « main aux fesses » à ladite gardienne de Sepp Blatter, Président de la FIFA, en pleine cérémonie officielle (FIFA 2012) et vous aurez la garantie de tenir en haleine votre auditoire, voire à lui faire signer une obligation à suivre le football féminin international.

[row]

[column size=’1/2′]

Hope Solo. Concentrée avant un duel. EspN. Lesfeminines.fr

Hope Solo. Concentrée avant un duel. EspN. Lesfeminines.fr

[/column]

[column size=’1/2′]

Alex morgan. Lesfeminines.fr

Alex morgan Crédit USSOCCER. Lesfeminines.fr

[/column]

[/row]

Attention ! Caractère ! Solo crie sa colère en zone mixte des JO de Rio

C’est oublier que la fille a du caractère et que cela lui a coûté tranquillement sa place en équipe nationale, laissée en transit à l’aéroport international des souvenirs. A un âge et un tempérament, où visiblement elle préférait toujours les vivre (1 titre mondial, 2 titres Olympiques, élue meilleure gardienne du mondial en 2011 et 2015).

Un soir de Juillet 2016, où les USA suivent leur marche en avant pour une sixième médaille d’Or consécutive et un pas de plus dans l’Histoire. C’est un Quart de finale des Jeux Olympiques de Rio au Brésil. USA-SUEDE. La Suède ne sait plus gagner depuis longtemps, transformée en équipe solidaire et physique qui, à la coiffure d’une Nila Fisher, tatouage à gauche et à droite, le reste est confidentiel, vous fait comprendre que le drapeau arc-en-ciel des LGBT est bien celui d’une armée. Impossible à .. passer.

A sa tête « Aunt » ou « mamy » Pia Sundhage (57 ans), suédoise, qui a donné deux médailles d’Or à l’équipe américaine (JO 2008 et 2012) et une finale mondiale 2011. Meilleure coach FIFA 2012, partie coacher la Suède pour l’Euro 2013 à domicile afin de faire vivre, « le retour des Jedi » au peuple suédois, l’un des tous premiers à avoir lancé le football féminin.

Si le passeport de Pia est bien suédois. Elle est dans le coeur de beaucoup d’américaines. Et si Thierry Henry a une statue à Arsenal, Pia Sundhage n’a pas de statue aux pays de l’Oncle Sam mais est une icône américaine, dans un pays où on ne discute pas Dieu et ses icônes, à part si il s’appelle Donald Trump. Et encore, Trump, ayant eu « l’intelligence » (c’est ce qu’il pourrait dire) de s’appeler Donald, l’un des fils spirituels de Walt Disney.

Voilà que la Suède met un mur de défense face aux américaines, peu habituées à ce que ce genre d’exercice ne craque pas et la gardienne américaine se promène de gauche à droite dans sa surface, commentant mentalement le jeu américain et cherchant au loin qui sont les attaquantes suédoises ? Sauf qu’elles sont bien là et c’est la jeune Blackstenius Stina, qui maintenant fait les beaux jours de Montpellier, qui s’imposera en contre (0-1) quand Alex Morgan lui répondra (1-1). Deux buts seront refusés dans les prolongations à deux légendaires joueuses, l’une américaine Carli Lloyd et l’autre pour Lotta Schelin.

Le match se terminera sur une défaite américaine après qu’Hope Solo ait réussi à arrêter un pénalty alors qu’Alex Morgan et Cristian Press rataient le leur. Larmes, pleurs, colères. Les américaines, vainqueurs de tous les JO (5 médailles d’Or sur cinq) depuis l’entrée du football féminin dans le sacre olympique, se faisait sortir par Aunt ou Mamy Pia, qui finira médaille d’argent du tournoi. Virées de la maison Olympique, leur maison.

Hope Solo pète le câble de la diplomatie et envoie celui de la déception. Elle traite les suédoises de couards. Déjà, il fallait rechercher l’expression qui anticipait les futurs bons mots de notre Président Macron, mais bon. Tombé sur des micros, la voilà qui fait bouillonner les rédactions, celles libres de pimenter les plats quelques fois indigestes des zones mixtes.

La sanction américaine tombe. Hope Solo, au cachot du souvenir.

Bonjour le message à Tantine Pia qui ne l’entend pas de cette oreille et utilise le 3615 « réclamation et sanction » pour rappeler qu’il pourrait y avoir une avenue Pia Sudhage au sein de la puissante USSOCCER.

Ni une, ni deux. Jill Ellis, devenue sélectionneuse et ex-membre de l’équipe de Pia, envoie au purgatoire des sélections internationales l’américaine, avec ce qui va avec. Rémunération, standing, honneur, repas et déplacement offerts. La bise au Président en cadeau potentiel.

Il faut dire qu’au cachot des anecdotes, l’américaine n’y va pas de mains mortes. Arrêt pour excès d’alcools avant un mariage ou pendant, bagarre conjugale, colère pendant les stages et retour improvisé à la maison pour une durée d’un mois. Plus tout ce qui n’a pas pu être dit et qui fait la gloire des vestiaires.

La fille a du caractère. Elle a surtout l’avantage d’être la meilleure.

Son entraînement, soulever des roues de tracteurs. Voilà une joueuse, très jeu à quinze, à l’évidence. Là en plein entraînement. Cherchez la graisse, mais derrière le muscle, attention, caractère.

Hope Solo à l'entraînement. Vous avez une question à lui poser ? Crédit ussoccer. Les feminines.fr

Hope Solo à l’entraînement. Vous avez une question à lui poser ? Crédit ussoccer. Les feminines.fr

Depuis 2016, bien plantée dans le cadre des ex-joueuses, on la croyait enterré et de temps en temps, la photo souvenir se mettait à parler. Pour dire des choses, bien féministes, histoire de dire que si tu veux du féminin, il ne faut pas oublier que tu auras aussi du féminisme. Et puis, boum, 2018, elle revient dans l’actualité.

ENTERREE puis RESSUSCITEE

Il faut dire qu’elle avait commencé à se bouger. Son dernier coup d’éclat ?

Se présenter pour la Présidence de la fédération américaine de février 2018 après avoir défendu, bec et ongle, d’obtenir que ses « nuls » de footballeurs américains, pas capables de se qualifier pour la Coupe du Monde 2018 (historique) pointent aux mêmes salaires que les féminines. D’où une augmentation conséquente de ces dames qui ont lancé l’expression « tu gueules et tu fais grève ».

On connaît l’humour de la formule dans les couples, moins dans le football. Il faut dire que la fédération américaine, sans ses filles, n’existerait pas au pays de l’Oncle Sam qui préfère mettre les balles au panier, plutôt qu’au fond des filets.

Et là, après avoir été momifiée depuis Septembre 2016, la fédération américaine applique la technique chirurgicale institutionnelle classique.

Un beau petit maillot frappée du nombre de ses sélections (202), dixième joueuse américaine à passer le cap des 200, première gardienne au monde à le faire, avec en plus 195 titularisations dans les cages américaines pour 153 victoires, 11 nuls et seulement 27 défaites de 2000 à 2016 pour 102 cleansheet. Une performance mondiale.

Hope Solo reçoit le maillot de ses 100 cleansheet. Crédit lesfeminines.fr

Hope Solo reçoit le maillot de ses 100 cleansheet. Crédit lesfeminines.fr

La fédération américaine a plusieurs métros de retard (22 matches)

Sauf que la fédération américaine est légèrement en retard. La 200e a été obtenue face à la France en 2016 lors du deuxième match de la phase de groupe des JO de Rio, perdu d’ailleurs par les Bleues sur le score de (1-0, Carli Lloyd).

Depuis, il y a un petit paquet de matches qui se sont déroulés. Vingt deux ! … Presque rien dira le Président américain, Suni Gulati, 58 ans, dont le mandat sera remis en question en février 2018, bousculé depuis la non qualification historique des USA, laissant la place au petit Panama.

Un petit cadeau qui entretient l’amitié

Avec ce cadeau, on peut penser que l’américaine viendra étoffer la nouvelle future-équipe de Gulati ?

Il lui sera remis lors du prochain USA-Danemark, le 21 Janvier à San Diego et quand l’hymne américain sera lancé, devant un public au ferveur de l’Oncle Sam, une larme coulera sur la joue de cette femme. Car là, définitivement, elle saura qu’elle est devenue une vétéran, condamnée du jeu qu’elle aimait tant, et appelée à apprendre un nouveau métier : l’art de la raison raisonnable, c’est de dire les choses uniquement quand les autres veulent l’entendre.

En France, on dit : « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. »

Quoi que, il y a des proverbes pour tout. Le mieux, c’est qu’elle reste comme elle est. Le Président américain Gulati, très poivre et sel, a encore des cheveux qui peuvent devenir blancs. Pour la Fifa, elle ne pourrait pas y avoir sa place : Giani Infantino n’a plus un poil sur le caillou. Et on se dit, à faire tourner les noms des Présidents, que Noël le Graet a eu soit la chance de ne pas voir Hope Solo avec un passeport français, lui dont on cherche la marque du temps ou que le tempérament breton est vraiment prêt à supporter toutes les tempêtes, ou alors et pourquoi pas, qu’une bonne couleur, cela fait de mal à personne !

Au final, il est vrai que la Suède n’a pas fait un beau tournoi à regarder mais il est tout aussi vrai qu’elles ont gagné l’Argent olympique, car Pia savait que si ses joueuses ont le physique pour tenir une telle défense, à un moment, la porte s’ouvrirait pour la Suède.

Toutes les deux avaient raison. Histoires de femmes et de compétitrices. Football féminin international. Au plus haut niveau.

William Commegrain lesfeminines.fr