Challenges l’annonce (voir lien en bas de l’article). Comme écrit lors de notre dernier article, à l’annonce des irrégularités comptables de son propriétaire, la holding sud africaine cotée à Frankfort, Steinhoff (perte de 70% de sa valeur en Bourse sur une journée) avec une perte de 2 milliards de dollars qui aurait été caché rendant la structure déficitaire ; CONFORAMA, le sponsor de la Ligue 1 de la LFP et filiale de Steinhoff, serait sous mandat « ad hoc » (procédure confidentielle faite au Tribunal de Commerce à la demande de Conforama pour éviter un dépôt de bilan potentiel) afin de négocier le montant de ses dettes avec un administrateur judiciaire chargé de cette mission.

De plus, CONFORAMA serait de plus à la recherche d’un besoin de financement de 200 millions d’euros et il se trouve avec une maison mère incapable de la restructurer financièrement, ce qu’elle faisait régulièrement depuis 2011.

Prendre une structure déficitaire habituelle comme partenaire « naming » ? 

On se demande comment travaillent les Conseils de la Lfp dans le football avec comme sponsor naming à 25 millions sur trois ans, une structure qui a généré des dettes cumulées depuis six exercices (sans compter 2017) formant un total de 277 millions d’euros ???

Aucune entreprise ne peut tenir sur cette durée et aucune maison mère ne peut conserver une structure déficitaire aussi longtemps si elle a comme ambition légitime de réaliser le profit que ses actionnaires boursiers, là allemand, réclament dans la place boursière de Frankfort.

Les médias sportifs doivent plus s’interroger et enquêter pour exercer leur rôle de contrepouvoir.

On s’interroge aussi sur ce métier de journaliste sportif qui cherche plus l’anecdote de vestiaire, le montant d’un transfert que la réalité et la consistance d’une décision dès lors qu’elle ne touche pas l’image de marque d’un club., reprenant les communiqués de presse de ce qui est institutionnel quasiment à la lettre.

Le mandataire devrait négocier auprès de la Lfp, qui va devoir accepter si elle ne veut pas être considérée comme un des responsables de la chute de 8900 salariés.

Normalement, l’engagement contractuel auprès de la Lfp pourrait être, comme les autres engagements contractuels de CONFORAMA, source de négociation amiable et on s’étonne d’ailleurs que cette procédure, confidentielle, soit ressortie dans les médias économiques bien que le milieu du meuble savait depuis longtemps que le modèle CONFORAMA n’avait pas assez de places pour tenir face à la concurrence avec ses 8.900 collaborateurs et 292 magasins malgré sa seconde place sur le marché, derrière IKEA.

La lecture des bilans était évidente, même pour un non professionnel.

Conforama est un modèle difficile à rendre profitable.

Structure trop lourde pour s’adapter à un marché qui a changé dans son besoin et dont les nouvelles lignes ne sont pas encore déterminées. Le segment cherche à acheter dans des lieux novateurs qui sont à chercher et les unités ont besoin de souplesse pour trouver une nouvelle image, qu’un « paquebot » comme CONFORAMA aura du mal à contenter.

Les chances de Conforama de sortir de cette situation sans apport financier sont de l’ordre de 8%. Avec apport financier, elles augmentent.

Il reste le problème du marché à résoudre pour contenter un financier auprès d’une structure qui a connu de nombreux propriétaires, dont LVMH suivie de l’ex PPR devenu KERING, revendu quand même 1 milliard 200 au groupe sud-africain en 2011. Une somme qui montre que le besoin de Steinhoff n’était pas dans le montant à payer mais dans une autre stratégie, souvent utilisée dans les années 2000, qui avait coûté la tête à Jean-Marie Messier, transformant la CGE en Videndi à coup de croissance externe, à la manière d’un Arnault, Pinault ou Bolloré des années 80 mais dans un environnement qui n’était plus du tout le même. Bien plus lourd en investissement, long en rentabilité et soumis à la lumière des médias.

Peugeot PSA, confronté à un problème quasiment identique et bien plus lourds en salariés, a retourné une situation de 2 milliard 4 de pertes en deux ans, mais c’était l’automobile (nouveaux produits courants), un sacré PDG, une intervention de l’Etat au capital et plus de 100 millions venus de Chine avec Dongfeng.

Il se pourrait que Conforama devienne un autre acteur de la nouvelle RCC (Rupture conventionnelle collective) des ordonnances Macron, refusée par Pimkie, acceptée par PSA mais qui demande des avantages particuliers aux salariés pour que les syndicats manifestent leurs accords et dont CONFORAMA ne devrait pas avoir les moyens financiers d’assurer.

Vous l’avez compris, le vrai problème de Conforama est d’ordre marketing avec une structure bien trop lourde pour trouver un nouveau marché qui rende l’entreprise profitable.

Pour le football, le contrat peut ne pas être discuté mais il devrait. Il ne faudrait pas que le montant du naming, mis en valeur par la lfp, soit associé à une mise en redressement ou liquidation judiciaire de 8900 salariés. Pour l’image populaire du football, il y a mieux.

Souhaitons que tout revienne dans l’ordre. PSA l’a fait. Mais soyons clair, il faudra de la performance et j’ai l’impression que l’on s’éloigne de plus en plus de la réalité et des moyens nécessaires à la réalisation de performances : le talent, la vérité du moment, l’effort pour se dépasser et le mental pour aller chercher cette performance. Et la chance qui doit aller avec.

Prendre Conforama comme partenaire naming au lieu et place d’autres prétendants. On s’interroge sur le football français.

William Commegrain lesfeminines.fr

https://www.challenges.fr/entreprise/exclusif-l-enseigne-de-meuble-conforama-aurait-ete-placee-sous-procedure-de-mandat-ad-hoc_559230