A chaque changement de coach, le PSG avait réussi à surprendre l’Olympique Lyonnais.

La première fois, le 18 Janvier 2014 à Gerland avec l’arrivée de Farid Benstiti au PSG sur le score de (0-1) à l’extérieur alors que Patrice Lair était encore aux manettes de l’Olympique Lyonnais. La seconde fois, toujours à Gerland, avec Farid Benstiti en 1/8e de finale de la Women’s Champions League sur un but de Fatmire Alushi (0-1) en novembre 2014, qui avait éliminé l’OL de la Coupe d’Europe et lancé le PSG vers la finale européenne. Là, Gérard Prêcheur était, pour sa première saison, aux commandes de l’OL. La troisième fois avec Patrice Lair, pour sa première saison au PSG le 17 décembre 2016, en prenant le meilleur sur l’OL au Camp des Loges (1-0) pour la première victoire parisienne face à l’OL à domicile et derrière le titre de Champion d’Automne pour les filles du PSG. Un exploit unique. L’OL n’avait jamais lâché la tête du championnat depuis une bonne dizaine d’années.

Reynald Pedros vient d’arriver à l’Olympique Lyonnais en début de saison. Est-ce que cette petite histoire fait partie du domaine de l’anecdote ou a-t-elle sa raison d’être avec des vainqueurs parisiens toujours issus de l’Olympique Lyonnais (Benstiti et Lair).

Le jeu du PSG. Un jeu de club qui passe par les côtés.

Le Paris Saint Germain a une première qualité. C’est qu’elles ne cherchent pas à produire le même jeu que l’Olympique Lyonnais. Sa force et ses victoires se font souvent par sa percussion sur les côtés qui donnent des centres ou des fautes permettant à la qualité des coups francs de Jennifer Hermoso de trouver une tête pour la mettre au fond. de plus, dans le jeu, Kadidiatou Diani et Eve Perisset à droite, Marie Antoinette Katoto et Ashley Lawrence à gauche sont des joueuses qui donnent de la percussion au jeu attentiste et souvent trop placée du PSG.

C’est d’ailleurs sa limite. D’avoir un jeu placé et maitrisé qui endort l’adversaire mais aussi les joueuses et laisse au PSG un fil trop étroit pour marquer (28 buts seulement quand l’OL en est à 54 et Montpellier 42), en comptant sur la vivacité d’esprit de Marie Antoinette Katoto ou la puissance de Marie-Laure Delie.

Dernièrement, les deux clubs se sont affrontés pour des titres en 2017 avec un contenu parisien surprenant car évolutif. Si le milieu de terrain parisien fournit la même qualité de prestation que lors de la finale de la Coupe de France 2017 dont on peut encore s’interroger sur la chance lyonnaise d’avoir égalisé sur pénalty alors que Cristiane avait marqué un but d’anthologie (1-1). Et plus encore, lors de la finale de la Women’s Champions League (0-0) qui a démontré que Patrice Lair possédait l’écoute totale de son vestiaire après un dernier match de championnat perdu (3-0) à Gerland pour une trilogie qui aurait pu être historique et que l’on peut qualifier de très grande qualité pour le football féminin.

Cette saison, les deux clubs se suivent. A part la performance de Soyaux en début de championnat (1-1), ce sont victoires contre victoires. Même si la marge est en faveur de l’Ol sur le score et le contenu, Paris est là. Avec une force utile, s’il y a un trou de souris à trouver, Shirley Cruz (qui revient d’une très longue blessure et buteuse lors du dernier match) le verra.

Le jeu de l’Olympique Lyonnais. Du niveau d’une équipe nationale du Top 5 mondial.

Lorsque le PSG était sorti vainqueur du match de décembre 2016, il fallait voir les mâchoires serrées de Wendie Renard en zone mixte. Elle n’avait eu qu’un mot : « on se reverra au retour ». La défaite subie avait tout de l’impossible et de l’inimaginable avant le match. De l’inacceptable, après.

L’Olympique Lyonnais change très souvent de cycle pour conserver la même motivation et ambition. Un nouveau cycle démarre. De très jeunes joueuses sont en formation sur le plan offensif avec Delphine Cascarino (20 ans), Emelyne Laurent (19 ans), Melvine Malard (17 ans), Norheim Andréa (18 ans), Mylaine Tarrieu (22 ans). Trop jeunes pour mettre en concurrence les titulaires habituelles que sont Ada Hegerberg, Eugènie Le Sommer et la championne d’Europe néerlandaise Shanice Van de Sanden (25 ans), elles apportent des certitudes à ces deux catégories de joueuses qui jouent de leurs complémentarités pour s’améliorer, appuyées par l’expérience d’Elodie Thomis.

De ce fait, Reynald Pedros n’a pas de problèmes de vestiaires alors que la qualité de l’effectif pourrait en poser plus d’un.

A l’exception de la communication dernière de Claire Lavogez qui n’a pas été reprise par l’Olympique Lyonnais. On peut se demander si elle ne ressort pas plus d’une réaction individuelle que d’un consensus qui aurait déjà été trouvé. Peut-être que l’ex-lyonnaise a voulu mettre un peu de « relevé dans sa situation » en oubliant la force de l’église lyonnaise, qui comme toutes les places fortes, ne se préoccupent ni de la justice ou de l’injustice autrement que dans le cadre de son intérêt.

La maturité de ces jeunes pousses, toutes françaises, qui pourraient être encore plus développées par un titre de Championne du Monde U20 en 2018 à prendre en France, montre que les joueuses sont d’abord de l’Olympique Lyonnais avant d’être joueuses de l’Equipe de France. C’est la force de l’Ol et peut-être le reproche que l’on peut faire au système mis en place par Jean-Michel Aulas. Maintenant, il faudrait que l’OL perde pour que cela change.

Or comment en vouloir à des joueuses d’avoir la couleur de son club au fond de son âme de joueuse à partir du moment où il vous apporte tous les titres en jeu, vous améliore à l’entraînement et vous donne un sentiment de confiance et de reconnaissance qui est la source d’équilibre des joueuses quand elles ne jouent pas. Savoir pourquoi on fait tous ces efforts.

L’Olympique Lyonnais est une équipe nationale. Elle représente une région, une ville. C’est sa force. Sa qualité de défense est unique sur le plan mondial. Aujourd’hui, avec l’événement du décès de Johnny Halliday, elles savent que durer (11e titre consécutif) vous ouvre les portes du grandiose dans le coeur des hommes.

Marie Antoinette Katoto Vs Lucia Bronze

La petite Marie-Antoinette Katoto va user de toute son intelligence pour faire tourner en bourrique Lucia Bronze, l’internationale anglaise, excellente lors du Mondial 2015 et de l’Euro 2017. Le challenge en vaut la chandelle.

La française est intelligente. Elle voit les choses un temps avant les autres. L’anglaise est physique. Elle percute avant les autres. Elles seront adversaires. Qui va faire reculer l’autre ?

Entre l’expérience de l’anglaise (27 ans) et la jeunesse de la française (19 ans, 11 buts), qui va l’emporter ? Ce sera une belle opposition. Pas si courant en football féminin à un tel niveau.

CONCLUSION

Les deux clubs ont communiqué. L’Olympique Lyonnais précise qu’ils vont gagner car elles sont meilleures et qu’elles veulent maintenir cette exigence de la gagne. Le Paris Saint Germain reconnait les lyonnaises meilleures mais leur rappellent qu’elles ont des points faibles et elles des points forts. Donc, « on verra comment se tournera ce match ».

Ce qui est certain. Cette rencontre montre bien que les deux clubs sont au-dessus du championnat même si Montpellier n’est pas très loin et ne l’aurait pas été avec un défaite trop lourde et excessive au Camp des Loges (3-0), un peu comme celle du PSG à l’OL en demi-finale de la Women’s Champions League 2016 (7-1).

A suivre sur Eurosport et France4, lundi 11 décembre 2017. 21h00.

William Commegrain lesfeminines.fr