Le 1/8e de finale aller contre BIIK-Kazygurt n’avait rien d’extraordinaire sur le plan sportif. Il se terminera d’ailleurs sur le score sans appel de (0-7) pour les lyonnaises avec un quadruplé d’Ada Hegerberg. Il faut dire que les connaissances européennes et françaises sur le Kazakhstan sont réduites à « peau de chagrin ». Encore faudrait-il qu’il y ait même une once de contenu.

Le Kazakhstan nous est venu deux fois en deux ans, et à l’évidence, il repartira dans l’anonymat du quotidien du football féminin dès la semaine prochaine.

Le voyage au Kazakhstan traité comme un voyage présidentiel

Pourtant ce match a été traité d’une manière exceptionnelle par l’armada de l’Olympique Lyonnais montrant à quel point, les féminines de l’OL sont prises autant au sérieux que les hommes, voire plus dans certaines occasions. Le club de jean-Michel Aulas et l’ensemble de sa direction n’ont pas manqué de communiquer sur les moyens mis à la disposition du onze féminin.

Un AIRBUS de 32 places spécifiquement affrété pour l’occasion afin d’éviter « 30 heures de vol avec escale ». Superbement équipé en classe Business. Un cuisinier attaché aux basques où plutôt à la qualité de la digestion des estomacs lyonnais. Sans aller à les accompagner des mets des meilleurs tables du Rhône qui ne sont pas loin d’être les meilleures tables de France. Quelque chose de plus sportif mais pour autant recherché et unique avec « un programme d’alimentation et diététique spécial élaboré par le médecin ».

Sur le plan sportif, l’avancement du match au Samedi face à Albi – qui n’était pas un ogre de la D1F en soit – et « un planning d’entraînement et de repas ont aussi été adaptés pour répondre aux conditions particulières de ce match au Kazakhstan, disputé à 12h heure locale et 7h du matin heure française ».

Avec tout cela, Olivier Blanc, le directeur de la communication et DGA de l’OL, peut sans souci conclure : « La chaîne du club, OLTV, a également apporté sa contribution lors de cet événement en assurant la captation et la diffusion en direct du match sur la chaîne. Le résultat a été au bout pour tous les services de l’OL qui ont participé à ce dispositif exceptionnel, avec un staff et des joueuses qui tenaient à être à la hauteur de ce que le club avait mis en œuvre. »

L’environnement des sélections change.

Cette nouvelle communication (voir ci-après) « sur le confort » a certainement un sens. Difficile de ne pas l’associer aux nouveaux critères de sélection des françaises. Autant porté sur la notoriété et les capacités que sur celui du temps de jeu. Après un appel du pied de Jean Michel Aulas pour inviter Corinne Diacre au Groupama, ce qu’elle n’a pas eu le temps de faire -en écoutant « entre les lignes » sa réponse sur France 4- lors du match PSG-Montpellier « Je ne peux pas me dédoubler », jouant sa carte légitime de l’autonomie et de la maitrise de sa vision quant à la sélection française.

La stratégie de l’OL féminin s’est adaptée.

L’Olympique Lyonnais a frappé un premier coup -et qui ne devrait pas être le dernier – pour maintenir et recruter des joueuses, en communiquant sur le confort et l’investissement unique fait autour des joueuses de l’OL. Etant déjà le club qui paie le mieux son groupe professionnel, en étant celui qui gagne le plus de titres ; voilà qu’il va devenir celui qui choie le mieux ses joueuses.

Le calcul n’est pas mauvais. En dehors de la performance sportive voire celle des sélections qui peut avoir des ratés car soumise aux autres,  la performance de l’entreprise de l’Olympique Lyonnais est -elle- totalement maitrisée en interne. Alors, l’OL va se tourner vers un nouvel avantage concurrentiel qui peut s’avérer essentiel : les joueuses et leur confort.

Lorsque vous associez les deux. Sélectionnée ou pas sélectionnée. Jean-Michel Aulas aura une arme 100% maitrisée pour jouer sa carte « séduction » et continuer à chercher le meilleur banc possible, quand bien même certaines futures ou actuelles signatures ne pourraient pas avoir le temps de jeu qu’elles souhaitent.

Salaires, performances étaient les messages d’hier. Salaires, performances et conforts vont être ceux de Demain.

Voilà l’identité lyonnaise qui est en train d’être communiquée. Monsieur Aulas, joue toujours un coup de plus quand l’environnement change. Je crois qu’il expliquait la performance ainsi : « avoir toujours un coup d’avance ! ». En football masculin, il est limité par son budget. En football féminin, son budget est une arme.

Aux joueuses non-titulaires de décider : « banquette, salaires, performances et conforts » ? Ou « pas banquette » mais moins du reste chez les autres pour celles qui ont une place interrogative en Coupe du Monde ..

William Commegrain lesfeminines.fr