A l’orée de l’annonce de la seconde sélection de Corinne Diacre (9 Octobre) face au Ghana et l’Angleterre, le classement de la D1F est coupé en deux. C’est une véritable fracture avec un coup de ciseau radical au niveau des 9 points. 6 équipes au-dessus (Ol, PSG, Soyaux, Montpellier, Paris FC et Bordeaux) et une seconde partie nichée à 4 points pour le Losc suivie de cinq équipes à moins de deux points.

Situation périlleuse en bas de classement mais la journée 5 pourrait donner des ailes à tous ces clubs en bas de classement, Guingamp (2 pts, 8è), Marseille (1 pt, 9è), Rodez (11è, 1 pt) et Fleury (12è, 0 pt),  puisqu’ils reçoivent tous, à l’exception de l’infortunée Albi (1 pt 10è) attendu au Camp des Loges face au PSG.

Pour le bas de classement, celui qui prendra la victoire à domicile se sortira d’un futur guêpier potentiel.

Le coup de ciseau est net et il ne faut pas avoir fait Polytechnique pour savoir que celui qui restera sur le carreau verra une vraie différence se constituer. Il lui faudra plus d’un saut de grenouille pour se sortir d’une mare qui pourrait bien dessiner les premiers contours d’une future D2 avec déjà pas loin d’un quart du championnat de joué.

Fc Fleury 91 (12è, 0 pt) – Losc (7è, 4 pts)

Fleury 91, dernier avec 0 point, pas très loin d’avoir réussi un match nul à Soyaux (2-1), monte en température et fera tout pour que le Losc (4 pts) commence à se poser des questions avec une troisième défaite en quatre matches si Fleury se mettait à fleurir, Dimanche, 15h00 à Auguste Gentelet après avoir intégré une nouvelle américaine.

Le Losc de son côté, possède une arme qui ne pourrait que prendre de l’envergure avec Ouleymata Sarr (5 buts en quatre journées) si l’aventure avec les Bleues venait à se continuer, au contact de grands adversaires pour peaufiner une grinta de buteuse qui doit s’améliorer face au très haut niveau.

Ces deux clubs jouent leur « double joker » sur ces quinze jours en allant ensuite s’opposer ensuite à Albi le 15 Octobre pour Fleury, certainement bousculé par le PSG et qui sera à la recherche du moindre point quand le Losc recevra l’Olympique de Marseille, un bateau tanguant actuellement et dont la stabilité dépendra de son résultat à domicile face à Soyaux.

Rodez Aveyron (11è, 1 pt) – Montpellier (4è, 9 pts)

Rodez a explosé face au Paris FC (4-0) qui a redressé une barre qui avait tout eu du sous-marin en subissant un 9-2 historique de l’Olympique Lyonnais. C’est le dernier gros écueil pour les ruthéniennes après avoir subi les orages de l’Ol, du PSG, de Juvisy et maintenant de Montpellier.

Tout porterait à croire que le dernier obstacle va avoir le goût de l’orage avec des montpelliéraines, royales en fin de saison 2017, récompensées par une seconde place européenne qui était devenue la propriété du PSG. Sauf que Montpellier, en deux rencontres, a remis l’aiguille de la vérité au centre du terrain en obligeant les observateurs à ne plus tenir compte du passé pour n’envisager que le présent. En attendant de pouvoir imaginer un bien meilleur futur.

Ce n’est pas tant la défaite face à l’OL (0-5) qui a bloqué le compteur sur la réalité mais plutôt la contre-performance à domicile en WCL contre les modestes russes de Zvezda (0-1) qui est plus qu’interrogative. Avoir tant d’occasions et n’en voir que si peu de cadrées !

On se demande si les joueuses du Sud de la France n’ont pas trouvé le costume européen trop lourd à porter, faisant quasiment « l’acte manqué » de s’en séparer ? On ne peut pas penser qu’il ne s’agisse que d’erreurs techniques ou de bonnes intentions pour être les seules explications d’une telle situation. Dramatique au demeurant. L’Europe est essentiel aux clubs professionnels féminins, et Montpellier en est un.

Ce sera toute la force de Montpellier que de remporter cette rencontre et toute la force de Rodez de s’y opposer avant d’aller voir un surprenant Bordeaux (6è, 9 pts, 3 victoires, 1 nul) qui confirme au micro d’Eurosport, par la voix de sa capitaine : « peu importe la manière, l’essentiel se trouve dans les trois points ! ». Si les ruthéniennes pratiquent la philosophie tactique de l’Euro 2017, il va falloir de « la vraie qualité de championne » pour s’en extirper.

C’est un challenge que les jeunes internationales françaises de Montpellier doivent affronter pour donner un sens au maillot Bleu qu’elles veulent colorier d’une étoile en 2019. Les adversaires de Montpellier obligent les filles du Sud à chercher des solutions sur le terrain, Guingamp la journée suivante, ne manquera pas de faire pareil.

Paris Saint Germain (2è, 10 pts) – Albi Asptt (10è, 1pt).

Le Paris Saint Germain se promène au grès de ses émotions dans le haut de classement. La version 2 de l’année 2017 semble être dans la même veine que le scénario historique de la première saison d’une série qui avait vu le PSG premier devant l’Ol, puis second, puis troisième après un nul face à Guingamp (3-3) pour prendre une dérouillée en championnat contre l’Ol (3-0) et être à deux doigts de conquérir la Coupe de France aux tirs au but et la Coupe d’Europe, avec le même final et un contenu aussi équivalent que celui de l’OL.

Second maintenant, on voit mal les parisiennes laisser le même point que face à Soyaux (1-1) lors de la 1ère journée et la victoire à l’extérieur contre Guingamp (0-3) montre, à l’image des propos de Patrice Lair, « Montpellier va perdre contre Lyon et nous allons gagner Montpellier », que la seule incertitude parisienne reste le Camp des Loges, bien que visiblement, les décideurs parisiens aient pris la décision de mettre un peu « de temps » dans leur réflexion, avant de passer à l’action.

Albi a pris un point. Albi en prendra d’autres. Fait de jeunes pousses, tout ce qui peut relever de l’exploit ne doit jamais se négliger. C’est ce qui est le moteur de la passion et des courses qui s’enflamment, donnant des fois, des buts de folie. A Albi, c’est le coeur et l’émotion qui est payé. Au prix fort. Net et sans impôt. Et quand tu joues à chaque fois pour créer un exploit, alors tu te sens au maximum de ta vie de sportive de haut niveau. Totalement épanouie.

Il faudra que le PSG joue à un niveau proche de celui international pour que le rouge des joues des albigeoises ne soit pas le bain de sang de leur renouveau d’espoirs.

Olympique de Marseille (9è, 1 pt) – Soyaux (3è, 10 points).

Soyaux est sur un nuage. Cinquième journée, les sojaldiciennes ont un bilan rêvé avec 3 victoires, 1 nul face au PSG et aucune défaite.

Sébastien Joseph et son staff ont préparé l’équipe pour qu’elle prenne tous les points possibles offert par un calendrier qui les exonérait des « gros du championnat ». Mission réussie qui pourrait d’ailleurs continuer jusqu’à la 9ème journée avec la rencontre contre le PFC suivie de Montpellier et pour seul écueil l’Olympique Lyonnais, lors de la 6è journée.

C’est face à ce crocodile charentais que l’Olympique de Marseille va chercher à reprendre des points qui à défaut pourrait l’asphyxier.

Même si les footballeurs ne sont pas des passionnés du chiffre, il est assez simple à comprendre qu’avec 1 point, l’OM au féminin est très loin de la quatrième place de fin de saison 2017 qui avait enchanté la D1F en entier. L’équipe marseillaise n’arrive pas à jouer d’un seul coeur et se trouve confrontée aux problèmes des équipes du bas de classement. Quand une partie de l’équipe joue bien, l’autre se bloque et inversement.

A l’image de nombreuses équipes françaises confrontées à une réalité différente de leurs espoirs, les jeunes marseillaises n’arrivent pas à trouver elles-mêmes la solution sur le terrain, pensant que dans une seule attitude ne peut se trouver que la solution.

Le problème de l’OM se trouve là comme celui souvent des françaises. Jouer comme dans un rêve quand le moment demande au contraire, de vivre dans la réalité du moment. Ce qu’il faut à l’OM, c’est revenir dans la réalité face à Soyaux qui elles, ont la confiance que l’on a, quand on vit réellement un rêve.

EA Guingamp (8è, 2 pts) – Paris FC (5è, 9 points)

Guingamp se cherche et n’arrive pas à se trouver. Des matches nuls à l’extérieur (2) et des défaites à domicile (2), dont il faut cependant rappeler qu’elles proviennent de l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint Germain. En recevant, pour son troisième match à domicile le Paris FC, Guingamp ne sait pas qui il va affronter.

Est-ce l’ancien Juvisy que Guingamp a plusieurs fois malmené ou est-ce le Paris Fc qui suit la vitesse imposée par Gaetane Thiney, sa capitaine, 2è buteuse du classement avec 7 buts au compteur, et qui semble vouloir marquer au rythme de la saison 2014 où elle avait fini, meilleure buteuse du championnat, double meilleure joueuse de la D1F pour l’UNFP comme pour la FFF.

C’est une question incongrue quand on parle de sport collectif, mais c’est une vraie question quand on parle de Gaetane Thiney. Il semblerait que le maillot bleu est son objectif et qu’il est hors de question qu’elle ne vive pas l’aventure de la Coupe du Monde 2019. Se pourrait-il qu’elle ait fait le rêve prémonitoire d’une finale 2016 à la Zidane, en utilisant sa tête, pour une petite balle piquée, histoire de mettre au placard sa balle 2015 face à l’Allemagne. Cela ne m’étonnerait pas.

Dans ces conditions, tant que la joueuse parisienne ne sera pas rappelée par Corinne Diacre et même s’il peut être convenue – ou non -entre elles d’une période intermédiaire après que la sélectionneuse ait confirmé « que gaetane Thiney avait le niveau de l’EDF » sous les caméras des questions de Thomas Mekhiche à Téléfoot ; le Paris FC sera un club dangereux pour ses adversaires.

Olympique Lyonnais (1er, 12 points) – Girondins de Bordeaux (6è, 9 points)

Bordeaux est parti pour faire une superbe saison après avoir réalisé un super sauvetage l’an dernier à la dernière journée. Dire qu’elles auraient pu être en D2F et que les voilà, sous les lumières du haut de tableau, à avoir fait un vrai trou aux six autres prétendantes.

Bordeaux est comme Soyaux, sur un nuage.

En face, c’est l’Olympique Lyonnais qui pratique une langue locale très spécifique : « le maximum de buts en 90 minutes ! »©. Si on avait à écrire un livre sur l’aventure lyonnaise, il me semble que c’est le titre que j’adopterais car il serait le plus juste et le plus vrai.

Ce langage n’est pas compatible avec celui du rêve. Il est même opposé. Deux langues vont s’opposer.

Celle du rêve avec Bordeaux qui navigue sur un nuage et qui adorerait mettre au présent une victoire face à l’Olympique Lyonnais. Aude Moreau, très bonne joueuse de D1F, ayant choisie la profession d’ingénieur, jouant sous les couleurs de Saint-Etienne et appelée dans toutes les équipes de France jeunes m’avait dit, lors d’une interview téléphonique : « si je marque contre l’OL, je fais trois fois le tour du stade ! ». Là, les féminines bordelaises feraient danser la bourgeoisie bien seyante de la Garonne venant tout juste de terminer les vendanges ;

Une fête qui devrait avoir pris le meilleur sur la langue des buts. Ce ballon qui doit passer entièrement la ligne et qui avec les lyonnaises le passent bien trop souvent ! Que ce soit avec Farid Benstiti (2010), Patrice Lair (2011-2013), Gérard Prêcheur (2014-2017) et maintenant Reynald Pedros (2018), en faisant un simple calcul depuis 2010 … on en est à 936 buts marqués en championnat (*) soit une moyenne de 114 buts par championnat, en retirant les 26 buts de la saison 2018 qui vient de commencer.

Qui va l’emporter entre la langue des buts et celle des rêves ?

William Commegrain lesfeminines.fr

(*) source statsfootofeminin.fr

  • Dimanche 13h00 : Olympique de Marseille – Soyaux Charente
  • Dimanche 15h00 : Paris Saint Germain – Albi Asptt
  • Dimanche 15h00 : FC Fleury 91 – Losc
  • Dimanche 15h00 : Olympique Lyonnais – Girondins de Bordeaux
  • Dimanche 15h00 : EA Guingamp – Paris FC
  • Dimanche 15h00 : Rodez Aveyron – Montpellier.
Classement de la D1F. Crédit FFF.FR Lesfeminines.fr

Classement de la D1F. Crédit FFF.FR Lesfeminines.fr