Même l’Angleterre contre face à une équipe plus faible ! L’Angleterre contre l’Espagne qui était attendue comme une rencontre phare de ces tours de qualification de l’Euro a montré l’influence de la tactique d’aujourd’hui : « Défendre bas et contrer ». Encore que le Portugal (38è FIFA) le fasse contre l’Ecosse (21è FIFA), c’est une chose ; mais que l’équipe 5è mondial (Angleterre), supérieure au classement, le fasse contre la 13è équipe FIFA (Espagne) ! Cela relève de l’incroyable. Du jamais vu en football féminin.

Je crois n’avoir vu que trois matches ouverts sur cet Euro. Le match d’ouverture avec Pays-Bas Norvège (1-0 ), Angleterre Ecosse (6-0) et Espagne – Portugal (2-0). Tous les autres matches ont eu la même construction d’une rencontre fermée. Une équipe qui défend et qui contre. Une autre nation, souvent mieux classée, ayant la possession et qui  s’escrime à passer en s’engluant le plus souvent, pour s’en sortir sur le fil du rasoir.

Le système de qualification, nouveau associé à l’homogénéité physique, tactique et technique de tous les pays comme au standard de qualification professionnelle des coaches (BEPF pour la France) va certainement imposer ce schéma sur la période à venir d’autant plus qu’il fonctionne (victoires dans l’Euro) alors que l’attente de performances d’une équipe de haut niveau féminine s’intensifie (clubs professionnels, recherche de sponsors, droits TV) avec une présence médiatique qui met en exergue devant le plus grand nombre (de 3 à 5 millions France TV et Eurosport cumulé), ce qui était auparavant anonyme.

Le système de qualification. Dimanche soir, après l’arrivée du Tour de France, sur les écrans de France 2 et Eurosport, l’Angleterre gagne (2-0) face à l’Espagne en contrant. Un but à la 2′ minute sur un contre mené tambour battant par White et Kirby, buteuse. Puis une défense le reste du temps. Un but à la 85′ de Taylor avec 5 minutes de domination dans le camp espagnol ; et le tour est joué. L’Espagne a tenu le ballon pendant 75% du temps sans jamais inquiéter la gardienne anglaise, Bardsley qui ne peut pas être qualifiée de dernier rempart dans cette partie, mais plutôt d’arrière-garde.

Mark Sampson a toujours été un compétiteur et un pragmatique. Lors du Mondial 2015, il avait pris le meilleur chemin pour son équipe (défaite 1-0 contre la France) ce qui lui avait permis de prendre la moitié de tableau accessible en quart (2è du groupe) et de finir sur le podium avec une médaille (Bronze), bien gagnée, contre l’Allemagne (1-0).

Là, pour l’Euro, en augmentant le nombre de qualifiés, l’UEFA a changé la donne. En 2013, pour se qualifier en quart il fallait être parmi les deux meilleurs de chaque groupe (3 groupes) pour ensuite repêcher les deux meilleurs troisième afin de faire le compte. Sur douze équipes, huit étaient qualifiées. Le niveau étant moins homogène, il était plus aisé de se qualifier et moins d’équipes venues, repartaient (4).

Aujourd’hui pour l’Euro 2017, le compte est bon. Quatre groupes de quatre. Les deux meilleurs passent. Cela fait toujours huit équipes qualifiées en quart, mais huit autres seront appelées vers la sortie. On double les sortants. Inévitablement, les sélectionneurs réfléchissent à cette contrainte.

Alors l’Angleterre a défendu et contrée. Cinquième mondial qui laisse le jeu à la 13è mondiale. Impensable et vu pour la première fois. Si une équipe supérieur le fait. Ce n’est plus une tendance, c’est un ras de marée. D’autant plus que ce système donne une réelle chance aux petites nations et maintenant aux grandes, d’envisager une qualification en quart. La Belgique (23è) pour le groupe A, la Russie (25è) pour le groupe B, la Suisse (17è) pour le groupe C et la surprenante Portugal (38è) pour le groupe D.

Tout est possible avec un match fermé car les féminines n’ont pas encore la clé pour déjouer, de manière certaine cette tactique qui n’a plus lieu d’être dans le football masculin.

Si vous rajoutez à cela, l’homogénéité de compétences des joueuses ; la formation des coachs avec le BEPF pour la France ; leur origine de compétences tirés souvent du football masculin, habitué à cette stratégie ; la médiatisation exceptionnelle tous pays confondus pour des équipes et des joueuses qui ne dépassent pas le territoire national habituellement et qui en connaissent les fruits potentiels avec le football masculin ; vous vous trouvez face à des matches fermés dont l’objectif et la performance sont de se qualifier en quart.

Le petit qui a réussi cela, a trouvé son graal. Le grand qui n’y arrive pas, se prépare au départ.

Dans ce troisième tour, tous les petits peuvent le réussir. Tous les Grands peuvent partir. L’illustration la plus assassine du contre reste pour moi la Coupe du Monde 2002 où la France planait sur le monde (1ère mondial) et s’est faite contrer bas pendant trois matches, sur l’idée du regretté Bruno Metsu qui avait qualifié le Sénégal. Une stat incroyable avec aucun but français pour l’Equipe Championne du Monde (1998) et d’Europe en titre (2000). Pire, la dernière place. Le contre, c’est mortel et faire déjouer une équipe qui contre, c’est loin d’être facile.

En football féminin, Farid Benstiti l’avait très bien réussi face à l’Olympique Lyonnais en 2014, en championnat une première fois (Janvier 2014), en Coupe d’Europe, une seconde (1/8è, Novembre 2014).

Dans cet Euro, les équipes contrent pour se qualifier en quart. Après les quarts, le jeu va totalement changer. A mon avis, il reste d’être vraiment bon. « Les chevaux » et les équipes auront besoin de se lâcher.

William Commegrain lesfeminines.fr

PORTUGAL (2-1) ECOSSE : le Portugal crée l’exploit en contrant l’Ecosse sur le score de (2-1) pour faire, avec sa première participation, sa première victoire. Exploit de la 38è nation mondiale face à la 21ème. Contre gagnant.

ANGLETERRE (2-0) ESPAGNE. Un but à la 2′ de Kirby sur un contre foudroyant. Une superbe tête de Bright refusée pour HJ à la 5′. Un pénalty sifflé pour l’Espagne et annulé par une arbitre sur une décision inexplicable et inexpliquée avec une Espagne ayant 75% de la possession sans aucune occasion. Un second but de Taylor à la 85′ dans les cinq minutes de domination anglaise qui se prépare au Soulier d’Or de la compétition et six points dans la gamelle anglaise.