« Les 3 points, les 3 points, les 3 points ! » Voilà ce que les joueuses ont du avoir à l’esprit dans les vestiaires de l’équipe de France, rincés par l’entêtement des islandaises qui les amenaient réellement au match nul (1 point), tellement ils ont été acquit (85′) à un moment où l’équipe de France butait pour les avoir sans aucune garantie, en si peu de minutes à rester, qu’elles puissent les obtenir.

Voir l’Autriche en tête du groupe avec la France 3è FIFA derrière. Qu’on le veuille ou non, cela aura fait mal aux yeux.

L’arbitre italienne Carina Vitulano n’aura pas fait un grand match en donnant ce pénalty litigieux à la France, plus dû à l’expérience d’Amandine Henry qu’à la faute de la jeune Elín Mette Jensen qui venait juste de rentrer (82′). Plus une technique qu’on vous apprend dans toutes les équipes et qui, à défaut de ne pas être pratiquée, vous envoie rapidement sur le banc de touche plutôt que sur le terrain. La milieu de terrain française a fort justement usé de son expérience américaine.

Non l’arbitre n’a pas fait un grand match quand elle refuse deux autres pénalties aux françaises qui ont du faire bondir Shirley Cruz (auteure de la faute qui donne pénalty à l’OL en finale de la WCL), pour des accrochages similaires bien plus conséquents, de Wendie Renard, d’Amandine Henry ou d’Eugènie Le Sommer qui auraient justifié de l’application de la règle bien plus tôt. Mais l’arbitre est l’arbitre.

La France a démontré une force mentale.

Les françaises, physiquement se sont faites bouger comme jamais et les islandaises, dont la population n’est que de 300.000, et dont on peut imaginer que sur une tranche d’âge, elles doivent être 10.000, ont joué comme si elles étaient le fruit de la meilleure sélection chinoise forte d’une population d’1 milliard six cent millions.

Il y a chez ce peuple, une force mentale incroyable et on comprend pourquoi l’hymne national des supporters est le « clapping ». C’est à dire mettre des claques aux adversaires. Même le Président de la République s’y met ! Vous pourriez y voir de l’humour. Détrompez-vous. L’Islande a montré plus d’une fois que ces gens avaient un mental à part.

En 2008, suite à la crise mondiale, la Bourse islandaise avait chuté de 90%. Or, le système de retraite islandais est un système individuel fait d’épargne placée en Bourse. Le pays était au bord de l’explosion, les gens n’avaient plus rien. La monnaie ne valait plus rien. Pire comme c’est une île et donc avec beaucoup d’importations, tous les produits importés avaient considérablement augmenté du fait du change et les produits exportés ne valaient plus rien. Tout le monde au poisson, ressource nationale.

Huit ans après, « tutti va benne » ! L’Islande dit non à l’Europe et tranquillement assis sur ses volcans, nous envoie un SMS économique pour vous dire « tutti va bene ! ». Huit ans, en économie, c’est un TGV ou l’ancien Concorde.

Les filles, quand elles jouent, elles sont nées de cela. C’est dans les gènes. Et physiquement, vous avez vu leur configuration athlétique ! Jambonneau à droite, jambonneau à gauche. Epaule qui dépasse l’écran à droite et qui arrive tout juste à tenir à gauche. Gros plan sur le visage rond. Equipe type de rugby ou de foot américaine qui se prépare ?!! Avec si peu de population, je suis sûr que là-bas, on demande aux filles de pratiquer plusieurs sports ! ET la numéro 23, fille de (Dottir ..), Fanndís Friðriksdóttir, quelle vitesse balle aux pieds. Seule la 10 semble sortie d’ailleurs. Longiligne. Fine. Dagný Brynjarsdóttir. Bon, elle joue à Portland. Peut-être une explication.

Oui l’équipe de France a démontré une force mentale car les islandaises ont montré une très grande force mentale.

Et Eugènie Le Sommer est pour moi la joueuse du match pour en avoir pris « grave ». En avoir mis autant comme une bonne bretonne. Pour finir par mettre un pénalty, bien tapé au fond des filets et finir par s’asseoir, dans les vestiaires. Rincée. Avec une seule pensée : « On a eu ses trois points ! ».

La France a montré une faiblesse technique incroyable.

Honnêtement, il faut arrêter de faire la promotion du football féminin. Sérieusement. Je ne connais aucune personne qui, non suiveur du football féminin, soit restée devant le match diffusé par France 2, en prime time. La plupart ont zappé. Et quand ils sont restés, cela s’est terminé : « aucun intérêt ». Il y avait 3, 3 millions de personnes devant l’écran, mesure de l’audimat. Cela fait beaucoup de gens qui l’ont potentiellement découvert. Pas sous le meilleur angle.

Autrefois le jeu était flamboyant et les adversaires le permettaient. Et on voyait des occasions et des buts. Aujourd’hui, le jeu est fermé. Les adversaires dans les 20 premiers FIFA sont capables athlètiquement de tenir. Ils ne peuvent craquer que tactiquement. Cela donne des matches fermés à souhaits. Et la difficulté du football féminin rejaillit auprès de tous, de ceux auxquels notamment on recherche de la sympathie. On obtient un effet contraire.

Arrêtez avec ce féminisme du football féminin. Régardez les islandaises. Elle finissent toutes en « ..dottir », ce qui veut dire fille de … et c’est le nom de leur père qui précède leur nom ! On ne pas être plus macho. Et l’Islande a été la première démocratie à nommer Jóhanna Sigurðardóttir, femme, premier ministre en étant mariée à une autre femme. Aucune ne voudrait changer cela. Elles s’occupent des faits et seulement des faits.

C’est quand même incroyable que l’on voit sur twitter des commentaires nombreux et même virulents sur l’évolution du football féminin avec le nombre de licenciées alors qu’on est en train de faire une compétition. Quel est le lien ? Jamais entendu cela avec le hand ou le basket féminin. Encore moins dans le sport individuel féminin. On s’attache à la performance ! Demander la première page de l’équipe alors que le tournoi démarre en disant que si on ne le fait pas, c’est mépriser le football féminin ? J’ai vraiment le sentiment que l’on pousse de trop ce football féminin. Qu’il porte d’autres intentions et le poids risque d’être trop lourd. Attention à ne s’en apercevoir que lorsqu’il craquera.

Le football féminin gagnera ses galons par de la performance. Laissons les filles la développer à leur manière. Avec leurs difficultés mais aussi avec leurs volontés car elles n’en manquent pas et rejoignons les, sur l’écran cathodique du prime-time, d’une chaîne nationale quand l’enjeu est tel que chacun reste, pour voir si, là, à un instant, la victoire se prononce. Souvent en 10 secondes.

Mais ces 10 secondes, dans une finale ou une demi-finale, emporte tous les coeurs quand dans un premier tour, pour un premier match, elles ne donnent que 85 minutes d’ennui et de déconsidération.

La France prend ses trois points pour s’être superbement battu face à une équipe islandaise vaillante.

J’ai particulièrement apprécié la vaillance d’Eugènie le Sommer. Surpris de la défaillance d’Elodie Thomis qui d’habitude est superbement servie par Camille Abily, côté droit quand cette dernière a donné plus de ballons au centre. Les jeunes, Clarisse Le Bihan et Sakina Karchaoui doivent impérativement s’imposer plus pour être des titulaires incontestables en Equipe de France, non pas à l’annonce des 23, mais dans les matches. C’est une marche à grimper.

La défense s’est faite déborder de temps à autre mais sans risque majeur. Elle a très bien coulissé et compensé les défaillances individuelles ponctuelles à l’image de la sortie de Sarah Bouhaddi qui bloque un contre.

Pour moi, le défaut prononcé de ce match ont été les tirs non cadrés ! Beaucoup trop importants même si la pression qu’avait fait subir les adversaires pouvait justifier de ce déchet bien trop prononcé.

Du côté islandais, j’ai apprécié le bloc mental et physique des joueuses avec notamment, au centre, « la talonneuse » centrale Sif Atladóttir mais j’ai adoré l’envie et la determination de Fanndís Friðriksdóttir qui a tout « d’un trois-quart centre » en me demandant si la longiligne Dagný Brynjarsdóttir (10) n’aurait pas fait plaisir à quelques clubs de D1F tout en sachant, qu’à part une occasion de la tête, elles n’ont pas été réellement dangereuse pour Sarah Bouhaddi et que le seul danger qu’elles étaient en train réellement de proposer, c’était le point du match nul quand l’Autriche avait déjà pris la mer avec 3 points dans son escarcelle.

La conclusion qui s’impose, c’est de féliciter l’équipe de France car il fallait être sur le terrain face aux islandaises pour cette victoire. De constater que le jeu est moins flamboyant qu’auparavant, c’est une évidence tout en n’oubliant pas que les adversaires ne sont plus les mêmes et que les françaises entrent dans la compétition en entamant leur bagage physique avec deux autres matches qui s’annoncent dans la même veine.

Si elles sont dans la même difficulté face à l’Autriche et la Suisse, alors il faudra un super banc et un excellent mental pour passer le reste ce dont elles sont capables. Si elles démontent l’Autriche et la Suisse avec deux 3-0 ; alors elles auront un mental d’enfer pour le reste de la compétition.

Mais, please, globalement, arrêtons de faire la promotion « excessive » du football féminin. C’est une compétition et ce sont des compétitrices.

William Commegrain lesfeminines.fr

VIDEOS / les moments forts du match source fff.fr (YT).

https://youtu.be/SnhhgelxLc4