Le tapis rouge médiatique est dressé et Cannes peut sans problème se rhabiller avec, pour le premier match de poule, l’écran immense de France 2 en prime time à 20h45, au lieu et place d’une série de suspense qui la semaine prochaine sera Blindspot.

Le football féminin a joué des talons et de l’argumentation pour se trouver sur l’écran public roi quand, pour un début de compétition et un premier match, la cousine France 4 aurait dû être le témoin de la performance des troupes de la fff. On a mis les petits plats dans les grands au niveau du service public sachant qu’en 2019, c’est TF1 qui aura la charge de répartir sur ses différents réseaux les matches de la Coupe du Monde 2019.

Jamais, au grand jamais, un sport féminin collectif sans titre ni médaille n’aura eu autant de médiatisation et le hand (5 JO Argent à Rio ; 12 championnat du monde 0r en 2003 3 fois Argent ; 9 euro et 3 fois 3ème), le basket (Championnat du monde ; Argent olympique à Rio ; 2 fois championnes d’Europe et 6 fois médaille d’argent) ne se trouvent sur cette plus avenue médiatique qu’au stade de la finale voire de la demi-finale pour le suspense qui en découle.

La France, sans aucun titre avec l’équipe nationale, ne veut pas du rôle de favori que sa seconde place européenne derrière l’Allemagne lui impose, et que le gain du dernier tournoi amical de mars 2017 contre les meilleures nations mondiales a renforcé (Allemagne, Etats-Unis, Angleterre et France) qui s’est finalisé sur une victoire 0-3 face aux américaines !

Si la France ne veut pas de ce titre, les autres équipes n’ont aucun état d’âme à lui confiner et encore moins les médias. Coincés entre les souhaits fédéraux et la réalité des choses, les voilà qui ont tourné la chose de la pire des manières : « l’Equipe de France va-t-elle enfin remporter quelque chose ! ».

20 minutes titre : « Euro féminin: Sept raisons qui nous font penser que cette fois, les Bleues ne vont pas se louper ! ». L’UEFA propose « Bleues, l’élixir gagnant ! ». L’Equipe, la bible sportive française affirme : « Il est temps de gagner ».

C’est que le contenu français est récent. 2011 et 2012 pour la phase de croissance avec deux quatrième places qui pouvaient en valoir une troisième. 2013, 2015 et 2016 avec des quarts de finale à l’Euro, au Mondial et aux JO. Un potentiel de demi serait plus objectif …

Sauf que l’équipe de France porte comme un fardeau les succèes européens de l’Olympique Lyonnais (finaliste en 2010 et 2013, vainqueurs en 2011, 2012, 2016 et 2017) et maintenant ceux du Paris Saint Germain (finales 2015 et 2017).

Comment être sur le toit de l’Europe en Clubs et ne rien gagner en équipe nationale !

Difficile de faire pire comme pression. La défaite et c’est la déception affective voire la curée médiatique.

Ce serait mal vue à quelques encablures de recevoir le Monde avec une équipe qui va devoir se forger une nouvelle Histoire en raison de joueuses qui pourraient quitter la sélection. Non pas tant d’ailleurs pour des critères de performance, mais aussi de stratégies fédérales.

Si la Coupe du Monde est là pour obtenir un titre, elle est aussi là pour augmenter le nombre de très jeunes licenciés. Et au delà de 30 ans, les joueuses feront moins rêver que des jeunes femmes de plus de 20 ans.

Et oui, le football féminin est sorti du « sport pur » et comme tous les produits médiatiques, il est soumis à l’obligation de changement qui correspond à une cible marketing particulière.

Le dire ou le penser n’est pas condamner le football féminin français. De partout les jeunes filles qui ne jouaient pas, au plus jeune âge, se mettent à jouer et d’autres fédérations ont une augmentation plus conséquente de leurs licenciées au féminin.

Cela procède d’une évolution de la vie sociale. Pour la France, on est passée de 54.000 à un peu moins de 130.000 licenciées.

L’équipe de France féminine est le phare du football en général. Sa performance est importante, tant auprès des jeunes filles que des parents, de plus en plus regardants sur les choix de loisirs de leurs progénitures. Avec un sens sociétal futur.

L’équipe féminine, comme pour d’autres nations, va intégrer très rapidement tous ses paramètres car on ne voit pas pour quelles raisons, prenant le même chemin que celui masculin, elle aurait une autre règle de développement médiatique.

William Commegrain lesfeminines.fr

La Une du magazine de l'Equipe. Crédit lesfeminines.fr

La Une du magazine de l’Equipe. Crédit lesfeminines.fr