Il y a le football féminin de l’élite international et il y a le football féminin qui se construit. La Belgique, 22è FIFA, fait partie de ce second monde et les jeunes joueuses belges doivent chercher leur solution individuelle pour trouver les conditions d’une progression. Janice Cayman, d’abord diplômée aux Etats-Unis est venue jouer à Juvisy. Dans sa dernière saison, elle a explosé en latérale et est repartie tenter sa chance aux USA. L’aventure n’a pas été positive et elle est revenue à mi-saison à Montpellier pour finir par être qualifiée en Women Champion’s league en prenant une seconde place qui était la propriété du PSG.

L’autre star belge, attaquante comme elle, Tessa Wullaert, a choisi un autre chemin. Actuellement à Wolfsburg, elle est Championne d’Allemagne 2017 et vainqueur de la Coupe dans un club qui est considéré comme le pendant de l’Olympique Lyonnais,  un peu comme on pourrait distinguer le Réal de Madrid et le FC Barcelone.

L’interview fait le 29 Mai 2017 nous montre son chemin et ses attentes et nous fait comprendre que la Belgique peut prendre un 7-0 (30 Juin 2017) en amical face à l’Espagne mais pour autant être redoutable Vendredi face à la France, comme elle l’a été face au Japon (1-1, 13 Juin 2017) à domicile.

Et Montpellier, pour Janice Cayman sa teammate ou coéquipière, c’est aussi son domicile.

Lesfeminines.fr Tessa Wullaert, avant de venir en Allemagne, vous avez joué pour le Standard de Liège. Qu’est-ce qui vous a amené de quitter la Belgique et d‘évoluer pour le VFL Wolfsburg?

Pour moi c’était un moment idéal, parce que j’avais fini mes études. J’ai passé un bachelor en tourisme après quatre ans d‘études. À cette période on a aussi mis fin à la BeNe-League. Le championnat en Belgique, où actuellement évoluent huit clubs, ce qui signifie qu‘on joue quatre fois contre l‘autre, je ne trouve pas que c’est une bonne chose.

Le championnat n’a plus un si bon niveau. Lors de ma formation je travaillais de neuf à 17 heures et après je devais encore aller a l‘entraînement. J’ai que je ne pouvais pas continuer ainsi. Je ne peux pas me concentrer à 100 % sur mon travail et j’étais trop fatiguée pour le foot, et inversement. Alors j’ai pris la décision de devenir professionnel. A ce moment Wolfsburg m’a contacté, je n’ai plus hésité longtemps !

Lesfeminines.fr Le VFL Wolfsburg a été couronné de succès, il a gagne le doublé, le championnat et la Coupe. En Ligue des Champions vous avez perdu contre l’Olympique Lyonnais. Comment avez-vous vécu la saison passée?

Le mois de mars a été un mois très dur. Nous avons joué deux fois contre le Bayern München et deux fois contre l’Olympique Lyonnais. Nous sommes très heureuses d’avoir gagné le championnat et la Coupe. Contre Lyon lors du match ici à Wolfsburg nous avons relâché un peu et au retour, à Lyon nous avons gagné.

Malheureusement seulement 1 : 0, mais je crois que nous sommes à la hauteur de Lyon. Je trouve que nous sommes encore un peu plus technique et je pense que nous sommes aussi forts que Lyon. C’est vraiment dommage que nous ayons perdu en Ligue des Champions.

Arrivée très cool des joueuses belges à leur hôtel de Montpellier. Crédit RedFlames. Lesfeminines.fr

Arrivée très cool des joueuses belges à leur hôtel de Montpellier. Crédit RedFlames. Lesfeminines.fr

Lesfeminines.fr L’équipe nationale de la Belgique commençe sa préparation pour l’Euro. Le 7 juillet vous aurez à Montpellier un match amical contre la France. Comment voyez-vous les deux équipes ?

Avant l’Euro et son premier match face à la Norvège, la Belgique aura trois matches amicaux. Il nous reste du temps pour la préparation. A vrai dire, nous n’avons pas de stress. L‘équipe de France est vraiment une très bonne équipe. Elles ont de supers joueuses. Je ne dirais pas que nous allons gagner, cela sera un match très difficile, mais c’est toujours bien pour nous de jouer contre de telles équipes.

Nous devons encore apprendre beaucoup et nous pouvons apprendre pas mal de choses d’un match contre la France. Je suis particulièrement heureuse de pouvoir jouer contre Elise Bussaglia (ex-Wolfsburg).

Lesfeminines.fr Est-ce que Elise Bussaglia vous a dit, quels sont les points faibles de l’équipe française ?

Non, nous n’en avons pas parlé mais je crois qu’elles n’ont presque pas de points faibles. Mais je ne pense pas encore à ce match, notre préparation réellement ne commence que maintenant.

Lesfeminines.fr Où voyez-vous votre rôle au sein de l’équipe belge ?

C’est très différent de mon rôle ici dans le club. En Belgique je joue parfois au 10 et j’ai une grande liberté dans le match. C’est complètement différent de Wolfsburg. Ici nous savons exactement ce que nous devons faire quand nous possédons le ballon ou comment jouer contre le ballon, en défendant ou en contre pressing. J’essaie toujours d’emmener de Wolfsburg ce que nous faisons ici et ce que je trouve aussi vraiment bien. Le contre pressing et les automatismes, etc., pour que nous aussi, avec l’équipe belge, nous soyons plus fortes.

Lesfeminines.fr Est-ce que vous allez recommander à d’autres jeunes joueuses belges d’aller à l’étranger pour se développer ou croyez-vous qu’en Belgique il soit aussi possible d’atteindre un bon niveau footballistique ?

Il y a deux ans nous étions, je crois, trois joueuses évoluant à l’étranger et la saison dernière nous étions 10. Cela s’est amélioré. Et déjà nous voyons que nous sommes capables de maîtriser l’intensité de l’entraînement.

Oui, le niveau monte, mais je crois qu’il est toujours important pour les joueuses de faire une formation ou de finir les études. Je voudrais recommander de choisir un championnat fort, mais il faut aussi penser à ce qui vient après le foot.

Je suis allée à l’étranger quand j’avais 22 ans et le ferais aussi à nouveau. On devrait d’abord avoir un diplôme et ne pas aller dans un autre pays quand on n’a que 18 ans. C’est assez difficile. On est seule, la famille est loin, il faut de nouveau trouver des amis, il faut tout organiser soi-même. Je ne crois pas que chacune en soit capable à l’âge de 18 ans. Quand on change de club à un jeune âge et que cela ne va plus bien. Cela se détériore sur le plan footballistique plus vite et plus fort que si on a 21 ou 22 ans.

Lesfeminines.fr. Comment voyez-vous les chances de la Belgique lors de l‘Euro?

Nous n’avons vraiment pas de pression.C’est la première fois que nous participons à un championnat d’Europe. J’espère que les autres joueuses n’éprouvent pas de pression, parce que je crois qu’on aura une vraie ambiance avec toutes les spectatrices et spectateurs. Cela me fait plaisir et nous ne devons rien prouver. Prendre les choses comme elles viennent et donner 100% dans chaque match, jouer selon nos capacités et après voir, comment cela se développe.

Gerd Weidemann pour Les feminines.fr