Faut-il être un peu fou pour écrire un tel titre quand la Mannschaft au féminin possède, à son compteur, 8 titres de championnes d’Europe sur les onze de disponible avec une série de six couronnes successives de 1995 à 2013. Pas loin d’une vingtaine d’années, tout en haut de l’affiche européenne. Qu’a-t-elle donc à prouver ?

1- L’Allemagne des clubs ne domine plus l’Europe.

Dans la compétition européenne reine des club, la Women Champion’s league, les clubs allemands ont vu arriver l’Olympique Lyonnais français.

Six fois finaliste de la compétition de 2010 à 2017 avec quatre titres de remportés quand l’édition commencée en 2001 ne voyait qu’en 2002 et 2007, l’absence d’un club allemand en finale européenne, avec 9 titres remportés.

Outre le club de jean-Michel Aulas, le Paris Saint Germain s’est engouffré dans la brèche avec, aux manettes Farid Benstiti, l’ex-coach lyonnais.

Il s’est mis à construire une équipe européenne très rapidement, pour en 2015, trois ans après le lancement du projet de professionnalisation, faire une finale européenne.

Olympique Lyonnais, 4è titre européen. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Olympique Lyonnais, 4è titre européen. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Cela aurait pu être un feu de paille mais Patrice Lair, venu aux commandes du PSG féminin a continué dans la même veine pour atteindre la finale européenne en 2017 face à l’Olympique Lyonnais.

Quid des clubs allemands ? L’Ol reprend la barre europenne sous la houlette de Gérard Prêcheur, avec son second titre consecutif européen en 2017 pour un quatrième sacre , égalant le record du club féminin du FFC Frankfurt.

Au bilan, sur les huit dernières éditions, l’Allemagne et la France sont à égalité avec quatre titres quand la France a le vent en poupe en ayant les deux derniers titres et, quatre finalistes pour deux allemands sur les trois dernières éditions.

2- L’Allemagne des clubs a un passif face aux clubs français.

La dernière défaite française remonte à mai 2015 quand Frankfurt (Allemagne, triple champion) a remporté à la dernière minute de jeu (2-1) le titre européen face au PSG (2-1). Sinon, lors des doubles confrontations récentes, que ce soit contre Wolfsburg ou le Bayern de Munich, avec des matches serrés certes (sauf face au Bayern pour le PSG) qui ont cependant donné la victoire à l’OL ou au PSG.

  • 1/8è de finale WCL 2014 (Novembre 2013). Potsdam (0-1) (2-1) Olympique Lyonnais.
  • 1/2 finale WCL 2015 (Avril 2015). Paris Saint Germain (2-0, 0-1) Wolfsburg (champion d’Europe 2013 et 2014)
  • Finale WCL 2015 (Mai 2015). Paris Saint Germain (1-2) FFc Frankfurt (quatrième titre européen).
  • Finale WCL 2016 (mai 2016). Olympique Lyonnais (1-1) Wolfsburg.
  • 1/4 de finale WCL (Mars 2017). Olympique Lyonnais (2-0; 0-1) Wolfsburg.
  • 1/4 de finale WCL (mars 2017). Paris Saint Germain (4-0 ; 0-1) Bayern de Munich.
PSG-BAYERN de MUNICH. Quart de finale Women's Champions League 2017. Match retour (0-1).

PSG-BAYERN de MUNICH. Quart de finale Women’s Champions League 2017. Match retour (0-1).

Certes on se trouve dans une petite série gagnante française mais si vous intégrez l’idée que la domination allemande était telle en football féminin que cela relevait de l’exploit d’arriver à un match nul, alors vous commencez à donner un peu plus d’importance à ces premiers résultats défavorables aux équipes allemandes.

3- Tout est à prouver pour Steffi Jones.

Juste après les JO de Rio que l’Allemagne a terminé sur une note en Or, prenant le métal jaune Olympique en sacralisant quasiment Silvia Neid, à la tête des Aigles blanches depuis 2007, avec un titre qui s’échappait à l’Allemagne depuis la nuit des temps et prenant en 2013 un championnat d’Europe qui était loin de lui être acquis, puisqu’en finale, la Norvège avait eu deux pénalties arrêtées par Nadine Angerer, qui de fait et de droit, sera la première gardienne à obtenir le titre de meilleure joueuse UEFA et FIFA de l’année 2013.

Silvia Neid. Sélectionneuse de l'équipe d'Allemagne. Crédit FIFA. les féminines.fr

Silvia Neid. Sélectionneuse de l’équipe d’Allemagne. Crédit FIFA. les féminines.fr

Aujourd’hui, Steffi Jones, ex-internationale, a pris les commandes du devenir de l’Histoire Allemande et il s’agit pour Elle, de sa première compétition en ayant le poids de huit titres dans l’escarcelle, dont 6 consécutifs et une dernière compétition remportée avec l’Or Olympique.

4- Une nouvelle Allemagne pour un nouveau résultat ?

L’Allemagne repart donc, neuve et sans passé, pour s’en créer un nouveau en espérant ne pas connaître les affres de 2011 où, après deux titres mondiaux (2003 et 2007) elles étaient prédestinées à en obtenir un troisième à la maison, pour buter contre les futures championnes du monde japonaise et voir, du coup, les Jeux Olympiques de Londres s’éloigner (2012), dépassée par la Suède, la France et le Royaume-Uni (organisateur).

Steffi Jones, nouvelle sélectionneuse de la Mannschaft. Crédit dfb. William Commegrain

Steffi Jones, nouvelle sélectionneuse de la Mannschaft. Crédit dfb. William Commegrain

Le football féminin est plus homogène dans les championnats de l’élite même si les clubs phares ont une vraie différence. A l’opposé, toutes les internationales travaillent dans des clubs de l’élite et elles sont toutes très proches en terme athlétiques, techniques et tactiques. Il y a une vraie homogénéité dans le Top 5 mondial et européen. Le succès dépend de la forme du moment, de celle de l’adversaire et de sa volonté à renverser un résultat négatif.

L’Allemagne avait cette possibilité dans le passé. Et on a vu des joueuses comme Nadine Kessler renverser des situations incroyables sur sa simple détermination à s’imposer en à emmener les autres (finale WCl en 2014 face à Tyresö). On a pu constater le même phénomène avec Amandine Henry pour la France lors de la Coupe du Monde 2015 (Ballon d’Argent).

L’Allemagne aura-t-elle cette joueuse qui sortira de la partition jouée au plus haut niveau par la Mannschaft ? C’est à ce prix que se gagnera le titre européen. Sera-t-elle Dszenifer Marozsan, lyonnaise depuis 2017 et qui a fait le triplé avec l’OL (Coupe, Championnat, Championnat d’Europe). Le football féminin a maintenant besoin d’un Messi pour enflammer à nouveau les foules ; les partitions bien maitrisées de 2016 de Silvia Neid et de Pia Sundhage ont fait perdre le goût du spectacle féminin, redonnant le sens de la vérité du football féminin : une différence notable de spectacle comparée au football masculin.

Le football féminin a besoin de Messi et de Ronaldo. Seront-elles en Allemagne ?

William Commegrain lesfeminines.fr

Résultats de l’équipe d’Allemagne après les JO.

  • . 20/09/2016 Hongrie (0-1) Allemagne
  • . 22/10/2016 Allemagne (4-2) Autriche
  • . 25/10/2016 Allemagne (4-2) Pays-Bas
  • . 29/11/2016 Allemagne (1-1) Norvège
  • . 02/03/2016 Etats-Unis (1-0) Allemagne
  • . 04/03/2017 France (0-0) Allemagne.
  • . 07/03/2017 Allemagne (1-0) Angleterre
  • . 09/04/2017 Allemagne (2-1) Canada.
Bilan de l'Euro de football féminin depuis sa création. Crédit lesfeminines.fr. William Commegrain

Bilan de l’Euro de football féminin depuis sa création. Crédit lesfeminines.fr. William Commegrain