Il y a du Pagnol dans Albi, membre de l’élite du football féminin. A la croisée d’une droite qui irait de Castres à Cahors, coupée par une seconde tirée entre Toulouse et Rodez, vous trouverez la Ville d’Albi dont le voisin Gaillac a obligé, les féminines « en jaune et rouge », a élimé ce ballon ovale pour le rendre rond !

Albi est un club à part dans l’univers du sport de l’élite. D’abord avec son double statut, fff et ASPTT, auquel son président tient précisément. Ensuite avec sa dimension de club multi-sport qui est à l’origine de ce qu’est le sport amateur et enfin, avec ce caractère de trublion qui avait fait dire à son Président, Bernard Espié, lors de sa première venue aux présentations des équipes de la D1F : « Albi, nous sommes les OVNI de la D1F ».

L’OVNI est resté et bien resté. Les voilà qui entament leur 4è saison au plus haut niveau. Sang et caractère de Cathare. Abnégation totale quelque soit l’adversaire et quelques belles performances en D1F avec notamment une victoire sur le célèbre  Montpellier en 2015, le voisin sudiste à la galéjade facile.

Après trois années en D1F, le club n’a pas renouvelé avec Adolphe Ogouyon (deux ans de contrat) et s’est tourné ver un duo pour assurer les prochaines saisons.

Theodore GENOUX, après avoir quitté les Girondins de Bordeaux qu’il avait fait monter la saison dernière (2016), trouve une belle promotion en assurant avec Patrice Garrigues, le duo de coach qui va prendre en charge les destinées d’Albi Asptt, qui a réussi à se maintenir depuis 3 saisons consécutives, au plus haut niveau de l’élite féminine avec Adolphe Ogouyon (2015-2017) et David Welferinger (2014).

Il était intéressant de discuter avec le jeune coach de la région parisienne qui a participé, cette saison, à la formation des jeunes du Val d’Orge de l’Essonne, club montant de en D1F avec le Losc.

Bonjour Théodore, qu’avez-vous fait la saison dernière ?

Cette année, j’ai passé un diplôme et j’ai réalisé un travail avec les jeunes cette année dans le cadre de cette formation après avoir fait monter les Girondins de Bordeaux en D1F l’année dernière.

C’est une belle promotion ?

Oui, ce qui est intéressant c’est de faire un duo en D1F et on va être les seuls à le faire cette année. J’ai d’ailleurs postulé avec cette idée là de proposer un coaching à deux avec une décision collégiale. On a avancé avec Patrice Garrigues et on a eu un bon feeling avec une répartition des rôles distincte de la préparation physique, dans le domaine de la gestion de groupe, tactique et technique. On va avoir des entretiens individuels dès la semaine prochaine et on prendre des décisions sur la base de la concertation.

L’ambition c’est le maintien avec néanmoins le plus petit budget de la D1F

Je ne connais pas le budget de Bordeaux et l’idée reste de se maintenir un peu plus tôt. l’équipe s’est maintenue trois fois d’affilée à la 9è place, c’est une belle performance. Ce qui serait bien, cela serait de faire dans les 7è et cela signifierait que le travail est bon dans cette seconde partie de championnat qui est le nôtre et de gravir les échelons.

On a identifié nos points faibles pour les améliorer et grandir au classement.

Vous pensez que les clubs qui montent vont être un danger pour les clubs de D1F ou vous pensez qu’il y a une petite marge ?

J’ai beaucoup suivi les matches de D1F et de D2F et on peut s’apercevoir que le niveau s’est beaucoup resserré en étant bien plus homogène. On voit qu’une équipe comme Metz, que j’ai vu joué plusieurs fois, était une équipe très cohérente alors qu’elle finit dernière de la D1F. Je pense donc que toutes les équipes promues vont être des clients sérieux.

Le Val d’Orge a une forte cohésion. c’est un club très familial. Ils vont se rapprocher de Fleury avec des capacités financières. C’est un club à prendre au sérieux car en plus, ils ont un vivier en région parisienne avec Juvisy à côté. Ils peuvent récupérer de bonnes joueuses. Et avec le parc universitaire de la région parisienne, on peut faire venir n’importe quelle étudiante.

Je pense qu’il faut être humble et ne sous-estimer personne. Cela s’est resserré. La descente va être compliqué sans parler de Lille qui va augmenter son budget et qui pourrait finir dans la première moitié du championnat.

A l’exemple de Marseille ?

Marseille était dans une série très négative et il a réussi à garder son groupe avec lui. C’est une sacré performance car en football, quand la série est négative c’est très difficile de conserver son groupe. Il mérite amplement le titre de meilleur entraîneur de D1F de cette année. Il a fait du très bon travail car finir devant Juvisy, c’est une sacré performance.

Que pensez-vous des 12 clubs de la D1F ?

On a vu que Paris a fait une très bonne première partie de saison en étant très proche de Lyon. J’étais à Vannes avec un écart très serré et pour moi, Paris va être un candidat sérieux au titre d’autant plus que Paris n’aura pas de Ligue des Champions. Au niveau de la fraîcheur physique, cela va jouer. Montpellier a une bonne profondeur de banc au niveau offensif, même si ils ont perdu Sofia Jakobsson, ils ont encore Lindsey Thomas et Valérie Gauvin.

C’est une équipe qui va être très dangereuse avec l’Olympique de Marseille s’ ils recrutent bien. Marseille va être intéressant à observer. La seconde saison va être importante mais attention, les niveaux sont proches et tout peut arriver (lesfeminines.fr). C’est exact, on a vu que Montpellier a eu des difficultés face à Albi comme face aux Girondins de Bordeaux et je pense qu’il y a de réels progrès physiques et tactiques avec une préparation de bien meilleures qualités. C’est ce qui fait que les matches vont être plus fermés avec des résultats de (1-0) et (2-0) entre des équipes de même niveau (lesfeminines.fr). Il y a aussi une progression tactique à souligner avec davantage de vidéos, de matches filmés. Et c’est interessant.

Quelles sont les forces d’Albi ?

Une forte cohésion, une équipe et un groupe qui vit bien et maintenant, avec une quatrième saison de rang, cela peut aussi être l’expérience. Se maintenir depuis trois ans et aussi un gage de compétences. Cette année, elles étaient mal parties et pourtant elles ont réussi à se sortir de là. C’est quelque chose qui sera intéressant pour gérer les moments difficiles ; ce qui ne sera pas le cas de certains promues qui en D2f avaient pris l’habitude de gagner.

En plus, il y a une intensité forte en D1F que les promues ont dû mal à produire. Il leur faut trois mois pour s’habituer.

Votre recrutement s’organise sur quelles bases à Albi.

On a une université à Toulouse et on a ciblé certaines joueuses avec des contrats fédéraux à proposer et des contrats aidés et on peut trouver du travail avec des partenaires et des sponsors. On va recruter de façon pragmatique avec une structure qui s’en occupe. On peut aussi attirer une étrangère car je considère que l’on a le championnat le plus relevé d’Europe et cela peut intéresser beaucoup de monde. La France est attractive et Albi avait deux serbes l’an dernier.

On travaille avec notre réseau et des filles qui connaissent des joueuses, et avec les matches qui sont filmés on peut travailler. On peut préparer à l’avance, alors qu’avant ce n’était pas le cas.

Mais pour Albi, c’est l’état d’esprit qui prime. Les filles talentueuses qui n’ont pas l’état d’esprit qui suit, sont difficiles à gérer sur le long terme. Pour nous, on a besoin de joueuses qui savent se faire mal car la D1F est dure mentalement. Il faut savoir prendre beaucoup de buts contre les monstres (Lyon) et être efficace, le dimanche suivant, face à une équipe concurrente au maintien.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : l’ITW de Théodore Genoux lors de la montée avec les Girondins de Bordeaux (ici)