Souvenez-vous, c’était en 1998 et soudain, après le Paraguay, la France s’est envolée avec l’équipe de France « Black, Blanc, Beur » jusqu’à l’apothéose d’une finale qui a donné du sens aux trois mots « Liberté, Egalité, Fraternité » envoyant sur les Champs Elysées plus d’un million de personnes à fêter et chanter un bonheur et plaisir partagés.

Souvenez-vous, c’était en 1976, et pour les passionné-es du sport, l’Equipe avait écrit, dans ses colonnes, que Saint-Etienne allait descendre les Champs-Elysées malgré une défaite lourde d’émotions que plus d’un avait vu en noir et blanc, et quelques uns en couleurs. Depuis, le coeur des plus anciens a toujours une couleur verte. Quarante et un après.

Souvenez-vous, c’était en 1993 et l’Olympique de Marseille avait réussi à faire briller la France en allant chercher une tête de Basile Boli à la 44′ face au grand, à l’immense AC Milan qui avait dans son sein, la star olympienne et française : Jean-Pierre Papin pour décrocher le 1er titre de Champion d’Europe d’un club français.

Si vous vous souvenez de ces moments, alors vous vous souviendrez de la première finale franco-française de la 16è édition de la Women Champion’s league entre l’Olympique Lyonnais, trois titres (2011, 2012, 2016), deux finales (2010, 2013) et le Paris Saint Germain, une finale (2015).

L’Olympique Lyonnais est favori, mais le Paris Saint Germain est un challenger qui peut renverser ce favori.

Graduellement, les filles de Patrice Lair (deux coupes d’europe, un finale) ont remonté la pente du handicap (défaite lourde en championnat lors de la 21è journée au Parc OL 0-3) avec une finale de Coupe de France perdue aux tirs au but, après une seconde série (7 tab à 6) sur un arrêt de Méline Gérard et après avoir mené (0-1) à Vannes avec un superbe but de Cristiane quand l’égalisation sur pénalty de Saki Kumagai s’est faite en deux fois … ratant ensuite le dernier pénalty vainqueur de la série de cinq. Ce qui n’était jamais arrivé à la capitaine de la sélection japonaise, habituée des derniers tirs qui avaient donné le titre de Championne du Monde aux japonaises en 2011 et le titre de Championne d’Europe aux lyonnaises en 2016 face à Wolfsburg.

Graduellement, les filles du PSG ont mis la barre des pronostics en faveur du 50-50 qui ouvre tout à l’inconnue et donnera tant de forces aux gagnantes pour à l’inverse, faire ressortir l’amertume à celles qui seront perdantes. Si près, sans rien. Que ses yeux pour pleurer.

Elles ont déjà pleuré les parisiennes. Laure Boulleau, lors de la première « nouvelle saison » du PSG en 2013 contre le club de Tyresö, futur finaliste de l’édition 2014 et qui avait laissé ses larmes couler avec ce match nul à Charlety (0-0) quand elles avaient tutoyé l’exploit en menant (0-1) en Suède pour finir par un (2-1) qui les condamnera.

Elles ont déjà senti l’injustice du jeu en 2015, en finale, à domicile pour le FFC Frankfurt qui relevait la tête pour le record d’un quatrième sacre en revenant au score avec une superbe tête de Marie-Laure Delie (40′) répondant au pénalty de Célia Sasic (32′) pour tomber à la 90′ sur un lob excellemment maitrisé de Mandy Islacker, entrée à la 66′.

Alors, aujourd’hui, si rien ne peut les mettre en situation de favori. Rien ne peut leur retirer la force du challenger qui a ses raisons d’y croire et de faire croire aux autres qu’elles pourront prendre à pleine mains, cette Coupe féminine pour la soulever, droite et tendue, en direction du ciel avec une pensée pour la jeune fan partie si tôt au coeur PSG féminin et un regard pour Sabrina Delannoy, la joueuse qui a le plus joué en championnat de France et qui jouera sa dernière version, aujourd’hui, avec une armoire pleine de souvenirs mais sans trophée suprême.

L’envie est une chose. La capacité à la réaliser en est une autre. 

le PSG possède des armes. L’expérience des titres avec Shirley Cruz (2011), Laura Georges (2011 et 2012) et Véronica Boquete (2015). Le talent et l’expérience des brésiliennes (Top 5) Cristiane (meilleure buteuse JO 2004 et 2008) et Formiga (38 ans, seule joueuse au monde à avoir fait 6 JO et 6 CM) et l’inconscience justifiée des jeunes de talents qui ne demandent qu’à exploser dans les très grands matches internationaux : Eve Perisset, Ashley Lawrence, Grace Geyoro.

Cette équipe est soudée pour aller vers l’objectif final. Gagner le titre. Cela sera « être sur le toit de l’Europe ». La décision se fera avec un groupe. Aucune ne passera au travers et Kiedrzynek (gardienne) comme Irène Paredes (défenseur central) et Sabrina Delannoy (défenseur) iront au bout du bout de leur souffle pour donner une chance à leurs couleurs et je parie sur l’efficacité de Marie-Laure Delie (meilleure buteuse de l’EDF) qui a toujours été là dans les grands matches du PSG.

Ce match sera plus fort que plus fort. Une finale de Coupe du Monde franco-française.

Lyon est la mesure « papale » du football féminin.

Il y la Bible. Il y a le Coran en cette période de ramadan et d’autres livres sacrés. En football féminin, il y a Lyon et les lyonnaises.

La religion est une certitude pour ceux qui la suive. En football féminin, pour les lyonnaises, il y a une certitude. C’est que Lyon est la référence de ce sport. Comme l’était Bubka à la perche, Moses au 400 mètres haies, Carl Lewis et Usain Bolt aux 100 mètres. Laura Flessel à l’escrime, Yelena Isinbayeva à la perche. Cannes au Volley.

11 titres de champions de France de suite, 15 au total. Six titres de Coupes de France de suite, 9 au total. Trois Coupes d’Europe, deux finales ; le tout entre 2010 et 2016. La meilleure équipe du Monde, pas loin d’être la meilleure équipe du Monde. L’Everest du football féminin.

Ne pas perdre face au Paris Saint Germain

Elles sont six à pouvoir raconter l’aventure européenne de l’Olympique Lyonnais depuis 2010 avec Sarah Bouhaddi (gardienne), Wendie Renard (capitaine de l’équipe de France et des fenottes), Camille Abily, Saki Kumagai, Eugènie Le Sommer (meilleure buteuse 2017) et Elodie Thomis. De trois coupes, elles veulent passer à quatre mais surtout ne pas perdre face au Paris Saint Germain.

Goûter à nouveau à l’exploit

Elles étaient là en 2016 et ont connu le bonheur d’être à l’Olympique Lyonnais. Soit, gagner des titres. Le plus beau est tombé en 2016 face à Wolfsburg, l’autre géant européen. Amel Majri (meilleure joueuse 2016), Griedge MBock (meilleure jeune 2016), Claire Lavogez, Pauline Bremer, Ada Hegerberg (meilleure joueuse UEFA et FIFA 2016, meilleure joueuse BBC 2017).

Venues pour avoir ce titre.

Elles sont quelques unes à être venues cette saison pour espérer avoir ce titre et surtout le bonheur d’écrire des lignes sur un palmarès qui ne peut souvent qu’être vierge, si vous ne faîtes pas partie de l’Olympique Lyonnais. D’abord du PSG avec Jessica Houara d’Hommeaux (maintenant championne de France et Coupe de France), Joséphine Henning (internationale allemande, ex-PSG et Arsenal), Caroline Seger (capitaine de la sélection suédoise, ex PSG qui a buté avec Tyresö en finale 2014), Dzsenifer Marozsan (capitaine allemande, vainqueur 2015) et les deux « américaines » Buchanan, la canadienne, meilleure jeune de la CM 2015 et médaille de bronze aux JO 2016 et Alex Morgan, la star américaine dont le groupe médical lyonnais a réussi l’exploit de remettre sur pied en quinze jours de temps ! Si cela gagne, Lyon et JM Aulas seront dans le coeur de la star américaine pour longtemps.

Voilà la force lyonnaise. Des capitaines de sélection qui font partie des meilleures équipes du Monde. Des titres à foison. Des expériences de folie et une culture de la victoire en finale.

Un Everest. Dire le contraire serait mentir.

En sport, sur le terrain. On ne ment pas. Et c’est pourquoi ce match sera du 50-50.

Car aucune des deux équipes ne voudra mentir. Et elles ont une conviction. Laquelle ?

Ce sont Elles qui méritent de soulever la Coupe.

Combat de femmes. A regarder, sans s’en mêler.

William Commegrain lesfeminines.fr

EN direct sur FRANCE 2 et EUROSPORT. Partout sur tous les médias. Jeudi 1er juin. On s’en souviendra.

Le groupe lyonnais. Gardiennes : Bouhaddi, Gerard Défenseures : Buchanan, Henning, Houara, Majri, Mbock, Renard Milieux de terrain : Abily, Kumagai, Lavogez, Marozsan, Seger. Attaquantes : Bremer, Hegerberg, Le Sommer, Morgan, Thomis

le groupe parisien : BOQUETE Veronica, BOULLEAU Laure, BOUSSAHA Lina, CRISTIANE, CRUZ Shirley, DAOUDI Sana, DELANNOY Sabrina, DELIE Marie-Laure, DIALLO Aminata, FORMIGA, GEORGES Laura, GEURTS Loes, GEYORO Grace, KIEDRZYNEK Katarzyna, LAWRENCE Ashley, MORRONI Perle, PAREDES Irene, PERISSET Eve