PARIS n’est plus une capitale européenne.

Pour toute personne qui vient au football féminin de temps en temps, la surprise de cette saison 2016-2017 réside dans la non-qualification européenne du Paris Saint Germain pour la Women Champion’s League que les parisiennes n’avaient pas quitté depuis leur professionnalisation : c’est à dire 2013, 2014, 2015 et 2016.

Elles peuvent obtenir le ticket européen en cas de victoire en Women Champion’s League à Cardiff face à l’Olympique Lyonnais comme Frankfurt l’avait obtenu en 2015 pour se présenter en 2016, bien que troisième du championnat de la bundesliga 2015.

Les amateurs descendent de niveau mais sont encore là

La seconde observation à faire est la confirmation des clubs dits amateurs dans l’élite de la D1F féminine puisqu’aucun des quatre clubs concernés n’est appelé à descendre : le Fcf Juvisy-Essonne, Soyaux-Charente, Rodez-Aveyron et Albi Asptt.

Les professionnelles ont crée un gouffre

Il faut faire la différence entre les joueuses professionnelles et les clubs masculins professionnels qui intègrent une section féminine où la créée.

Le troisième constat se trouve dans l’augmentation du « gap » entre maintenant les trois premiers du championnat, dont toutes les filles sont exclusivement professionnelles. Il en existe trois en France que sont l’Olympique Lyonnais, le Paris Saint Germain et Montpellier qui ont totalement distancé les autres équipes dans lesquelles se situent maintenant le Fcf Juvisy-Essonne (5è).

On trouve 20 points d’écart entre eux avec un grupetto qui réunit cinq équipes en 10 points.

Les clubs professionnels masculins ne sont pas la garantie d’un maintien

Le quatrième constat doit être fait en observant que les clubs masculins dits professionnels qui montent dans l’élite féminine sont souvent renvoyés, la saison suivante, dans la D2F tel que cette année : le FC Metz (promu pour la seconde fois) qui sera rejoint soit par les Girondins de Bordeaux (promu), soit par Saint-Etienne.

les filles sont très sensibles à l’environnement

Le cinquième constat impose, comme premier axiome de performance, l’esprit d’équipe positif dans un cadre clair, transparent, structuré et hiérarchisé avec des règles précises qui sont liées à la performance sportive. Dans lesquels les rôles et postes sont clairement définis avec des sanctions prévues et prévisibles.

C’est dans cet ensemble que les féminines s’épanouissent et donnent le meilleur d’elles-même. Même si l’état d’esprit est essentiel, le reste est le ciment fondateur qui permet de tenir face aux mouvances d’une saison.

Montpellier a pris cette seconde place ainsi, le Paris Saint Germain a pu être premier à la fin des matches aller de cette manière, les Girondins de Bordeaux reviennent d’une situation d’enfer avec ce modèle et le FC Metz a retrouvé des couleurs selon ce principe.

Le contraire, et l’équipe a des difficultés. Je pense à Saint-Etienne qui plonge de manière incroyable avec la démission annoncée de son coach Hervé Didier. Je pense à l’Olympique Lyonnais qui a connu des contre performances avec des rapports difficiles entre Jean-Michel Aulas et son coach (3 défaites). Je pense à Juvisy qui a connu des bouleversements internes pendant deux saisons (2016 et 2017).

Le micro et le macro sont des acteurs d’échecs ou de réussites

La conclusion, c’est que la D1F est une approche difficile. Que le football féminin est particulier et qu’il ne suffit pas de claquer des doigts pour l’apprivoiser. Il faut de la compétence, de l’expérience, du temps, de la chance et une excellente protection entre l’environnement interne et externe de son micro-environnement (les éléments sur lesquels le club peut agir)

Tout en ayant à l’esprit que le macro-environnement (les éléments sur lesquels le club ne peut pas agir) est excessivement demandeur sans être finançeur.

L’Olympique de Marseille aurait pu s’y brûler les ailes. L’oiseau olympien a décollé un lendemain d’une sévère défaite en score et en contenu (4-0) à Guingamp et au début d’une nouvelle histoire symbolique, face à Juvisy.

Aujourd’hui, elles sont quatrième après avoir été avant-dernière. Belle performance. Comment vont-ils construire Demain ? Ce sera leur challenge.

La D1F est très concurrentielle

Du fait d’un nombre de joueuses insuffisantes pour créer une concurrence sur un banc et du fait que les meilleures sont toutes dans les clubs professionnels, titulaires ou non afin de pouvoir vivre de ce football ou d’avoir le statut « psychologique » de professionnelles ; les équipes montantes ont très peu de ressources à intégrer en nombre suffisants pour tenir une saison au regard des besoins qui pourraient s’exprimer (blessures et baisse de forme).

Le maintien se joue sur des détails où l’expérience et le mental jouent son rôle ce qui permet à des équipes « dites amateurs » de se sauver de la descente, ayant plus que d’autres, dans le temps court d’un match, cet instinct de la gagne qu’elles ont été obligées d’acquérir pour « être en vie » les saisons précédentes.

S’il y avait plus de joueuses affirmées de disponibles, les équipes montantes se maintiendraient.

La règle pour une équipe montante est la suivante.

Pour se maintenir, il faut jouer avec des joueuses qui ont connu la guerre de la D1F.

Le football féminin en tant que vecteur d’images. 

Le football féminin est porteur d’une image positive, auprès de certains décideurs mais plus encore auprès du grand public. C’est une image « bon enfant », avec des valeurs positives notamment « la vérité dans la douleur », « le positivisme dans le jeu », elles représente « la beauté symbolique d’un football imagé, imaginé, voire rêvé » qui n’existe plus au masculin.

Elles peuvent enchanter une grande partie de la population mais ponctuellement. Rarement continuellement, et beaucoup moins les passionnés du football masculin. Il arrive cependant à intéresser les groupes de supporters et les performances européennes de l’Olympique Lyonnais sont aussi connues dans le Rhône que celles masculines. Voire plus.

Le club de Jean-Michel Aulas est l’exemple d’une réussite totale. Il en a fallu des ingrédients mais sa qualité première est la juste anticipation associée à une volonté forte de rester la place forte du football féminin, dans une stratégie de différenciation qu’il a fixé : le football offensif.

Le Paris Saint Germain a ses velléités mais doit jouer avec des joueuses jeunes qui doivent acquérir le plus haut niveau. Un niveau très exigeant avec l’OL dans son championnat.

Sa finale de la Coupe de France et sa finale de la Women Champion’s League 2017 sont à regarder comme des performances et récompenses à valider et qu’elles méritent quand la précédente était le fruit d’un travail de long haleine.

Il faudra les revoir la saison prochaine.

Le football féminin pourrait descendre au Sud

Avec la réussite de l’Olympique de Marseille, si elle est confirmée l’année prochaine. Avec la seconde place européenne de Montpellier, après ses deux finales de la Coupe de France. Le football féminin de l’élite pourrait descendre dans le Sud de la France avec l’Olympique Lyonnais comme point « au plus haut ».

Pour la région parisienne, après la VGA Saint Maur, Issy FF, Juvisy et le PSG. Cela fait pas mal comme dégâts en deux ans (2016 et 2017). Comme prévu et on peut penser que d’autres vont s’y coller, notamment dans le macro-environnement.

Le football féminin a encore ce défaut. Il vit avec les risques de l’entreprise mais n’est pas conseillé. C’est sa problématique de développement.

William Commegrain lesfeminines.fr