Retour sur le match du PSG à Barcelone. Le résultat « net et sans bavure » du Paris Saint Germain face à Barcelone n’a pas soulevé autant de louanges que cette affiche symbolique pouvait faire espérer.

Une petite appréhension 

Il faut dire que le (1-3) qui aurait pu être (0-3) si les barcelonaises n’avaient pas réduit le score à la 88′, laisse une porte ouverte « théorique » au retournement de situation. Un premier but et l’espoir commence en Espagne. Un second but et la terre tremble à Paris. Un troisième but et le Parc des Princes est définitivement interdit à toutes personnes catalanes.

Scénario catastrophe, d’autant plus craint que le PSG masculin avait remporté son match aller sur un score de 4-0 et un contenu d’une qualité incroyable, pour finir par ce que l’on sait.

Au vue du match aller, cela n’arrivera pas car Paris a des armes. Notamment une, qui monte de matches en matches et qui pourrait s’avérer essentielle pour les matches qui s’annoncent face à l’Olympique Lyonnais : Miraildes Maciel Mota dite Formiga, soit la fourmi. 

Formiga, Formi .. Formi .. Formidable ! ou Fourmi, Fourmi, Fourmidable !

Une expérience exceptionnelle

La joueuse brésilienne au record incroyable de six participations aux six épreuves de JO de l’histoire du football féminin, a survolé ce match dans son rôle de sentinelle.

La quadra (39 ans) d’1m62, connue et respectée à travers le Monde et dont les récents adieux internationaux ont été salués dans tous les langues du globe s’est imposée face à des jeunes qui lui rendaient un peu plus de la moitié de son âge, rivées peut-être devant leur poste de télévision quand la brésilienne jouait pour une Coupe du Monde (finale 2007) où un titre Olympique (Finale 2008).

La remplaçante d’Amandine Henry

Déjà, face à Saint-Etienne, elle avait changé son style de jeu et commençait à trouver ses marques en se promenant de gauche à droite du terrain, jamais beaucoup plus de vingt mètres devant son poste, jamais beaucoup moins de vingt mètres à reculer. Une zone large, précise, défendue et maitrisée.

Sur le troisième but parisien qui coupe les ailes aux stéphanoises et envoie le PSG en finale face à l’Olympique Lyonnais, elle anticipe totalement le contre qui va se réaliser et se place à toute vitesse en position d’ailière pour être servie immédiatement par Cristiane, venue en relais. Les deux brésiliennes se sont vues et comprises sans se parler. Immédiatement.

Elle pousse son action sur vingt mètres pas plus, sachant très bien qu’elle ne pourra pas conserver plus longtemps sa différence avec un adversaire qu’elle sent revenir et avec une application de professionnelle, elle glisse un ballon qui fera, après un contrôle défectueux stéphanois, le troisième but parisien marqué par Andonova.

Dix secondes avant, le PSG était sous la contrainte d’un corner et les stéphanoises pouvaient légitimement réclamer un pénalty pour une main dans la surface d’Aminata Diallo.

Patrice Lair disait qu’il perdait gros avec Amandine Henry de retour à Portland. Il avait besoin d’expérience au milieu et il regrettait amèrement la blessure d’Erika, son autre brésilienne. En prenant Formiga, en pouvant la prendre grâce à la rupture de contrat d’Erika, les brésiliennes ont montré que leur coeur est parisien. Faut-il encore qu’elles soient la force parisienne.

Le match de Formiga face à Barcelone a été parfait.

La tactique parisienne a été flagrante. Mettre la balle dans le camp barcelonais puis la récupérer immédiatement dès la première relance, pour si l’adversaire arrivait à tenir son ballon, la récupérer à la seconde passe comptant sur une défaillance de qualité dans leurs communications dès lors que la pression parisienne se faisait forte.

La pression n’a pas été forte, elle a été très forte. 

A ce jeu, Formiga, s’est promenée pour harceler la porteuse du ballon et aller la chercher « au plus près ». Plus près n’étant pas possible. Voire même interdit.

Récupérer est une chose. Conserver en est une autre.

Il faut une grande habitude du jeu pour savoir qu’il est aussi important de se démarquer comme une fusée, dans le seul but d’être un appui, et de faire ressentir, avec le temps, à l’adversaire qu’il n’est en train que de subir, subir. Loin de l’action, toujours dans la réaction, en retard, puis au fil des minutes, loin trop loin pour agir et être acteur.

Sans action, au football. Tu n’existes pas.

Je crois que dans les quinze premières minutes de jeu, la brésilienne a touché à elle seule, vingt ballons quand Aminata Diallo, l’autre milieu, qui sera très importante dans un autre registre, n’en aura touché que deux !

Les barcelonaises, avec cet impact de l’équipe, avec cette récupération et cette vitesse de transmission parisienne ont été incapables de réussir plus de trois passes. A un moment donné, l’une d’elle craquait et il ne leur restait plus que la solution individuelle.

Formiga, par son travail de fourmi a permis aux parisiennes de pratiquer ce jeu de domination pendant quatre vingt dix minutes et parfaitement durant les quarante cinq premières minutes (0-2).

Je ne vois pas comment Barcelone au féminin peut mettre en danger le Paris Saint Germain, en étant si loin de la balle et des joueuses.

Elles ne pourront mettre à mal le PSG qu’en laissant leurs coeurs sur la Pelouse du Parc des Princes. Avec une joueuse comme Formiga dans ce rôle de régulation, à part la vitesse individuelle et collective du côté barcelonais et pour les parisiennes, une défaillance mentale de l’équipe ; vous ne pourrez pas passer sans avoir des joueuses du plus haut niveau international.

Ces joueuses sont à l’OL, Wolfsburg, aux Etats-Unis mais elles ne sont pas encore à Barcelone. Paris Saint Germain va certainement se qualifier car c’est une meilleure équipe que Barcelone. Tout simplement.

Formiga pourrait commencer à comprendre qu’elle peut partir de France avec plus que des finales. Pour une brésilienne, c’est loin d’être rien. Combien de fois se sont-elles arrêtées sur la dernière marche. Trop à leurs goûts. C’est certainement une évidence.

William Commegrain lesfeminines.fr