C’est une équipe de France (3è FIFA) qui a fait un magnifique voyage à la Réunion et qui l’a terminé en remportant une nette victoire sur l’Afrique du Sud (51è FIFA) sans produire un jeu qui restera dans les mémoires.

L’Afrique du Sud, décevante.

L’Afrique du Sud a déçu au regard des prestations faites aux JO de Rio face à des équipes du Top 10 (Brésil et Suède) et on en est à déduire que la présence et la stratégie d’un coach (Vera Pauw a été remplacée après les JO), tant dans son analyse des forces et faiblesses de son équipe que de sa vision de la partie sont des éléments clés d’une prestation.

A se demander d’ailleurs, si la critique ne doit pas être tournée vers la prestation africaine, sans contenu autre que quelques contres et très vite soumises à l’envie « d’envoyer des balles devant » dans des situations qui n’étaient pas spécialement chaudes, autrement qu’avoir à subir un jeu français qui essayait de passer dans leur surface.

Elle est loin la qualité défensive et de construction des « Bayana Bayana » d’Août 2016. Le spectre de l’ex-coach néerlandaise Vera Pauw se profilait à l’horizon pour une équipe qui visiblement se reconstruit et a terminé quatrième de la dernière CAN, remportée par le Nigéria face au Cameroun.

Griedge M’Bock fait du Lilian Thuram

L’équipe de France a fait le travail, sans excès, puisque les deux buts sont venus de la défenseure centrale lyonnaise Griegde M’Bock qui signe là, d’abord un exploit puisque cela doit être la première fois que l’équipe de France remporte un match avec seulement, des buts (au moins deux) signés de la défense ; et une performance individuelle pour ses deux premiers buts en Equipe de France, après plus de 26 sélections.

En cela, elle a été proche de la performance de Lilian Thuram, défenseur, lorsqu’en demi-finale de la Coupe du Monde 1998, il avait libéré les espoirs français avec deux buts contre la Croatie, pour une victoire 2-0.

On peut noter que la jeune lyonnaise doit être la seule jeune joueuse de la génération des U20 2014 à être passée, sans discontinuité, de la médaille de bronze des U20 à tous les appels de sélections en A avec une quasi-certitude maintenant, de prendre la place de titulaire, notamment du fait de la blessure aux Jeux de Laura Georges, après l’Euro.

Elle est suivie de près par Kadidiatou Diani (20 sélections) et Claire Lavogez (27 sélections).

L’avenir de la jeunesse française.

La très mauvaise nouvelle vient de Delphine Cascarino qui a quitté l’équipe de France, sur une déchirure du ligament croisé antérieur du genou pour une indisponibilité de six mois au minimum. La talentueuse attaquante, actuellement sous les couleurs de l’Olympique Lyonnais, a certainement réalisé trop de matches. C’est ce que rappelle, avec réalité et forces, le communiqué de l’Olympique Lyonnais.

La bonne nouvelle vient de l’entrée de Grace Geyoro, attendue par tous ses supporters et peut-être trop. En effet, son jeu reste à se construire et elle doit chercher à apporter plus que de la régularité au sein d’une équipe qui se trouve au 3è rang FIFA. Les compliments excessifs d’aujourd’hui pour une entrée en A, pourraient se retrouver comme des critiques, lorsqu’elle aura « les clés du camion ».

Elle est donc en phase de construction de son jeu (19 ans) et il faut lui laisser le temps de l’application et de l’auto-amélioration. La différence de niveau et d’influence sont importantes entre les U20 et le plus haut niveau français.

Une observation : d’un jeu de rêves, la France est passée à un jeu de réalités.

Le jeu de l’Equipe de France ne s’impose plus comme étant flamboyant ce qui avait fait sa renommée. On le voit avec une rencontre face à l’Afrique du Sud qui n’a pas donné beaucoup d’occasions au regard de la différence de niveau. D’ailleurs, les deux buts français viennent sur des coups de pieds arrêtés qui ont abouti, sous la baguette de Sandi Toletti, dans la surface africaine.

On peut y trouver quatre raisons :

  • Le niveau tactique des adversaires s’est amélioré.
  • Les joueuses qui ont quitté l’équipe de France (Louisa Nécib maintenant Cadamuro, Elodie Thomis, Gaetane Thiney pendant un an), donnaient de la vitesse au jeu des « Bleues » et les « centenaires » du milieu de terrain ont pris un peu plus en âge.
  • Les jeunes pousses françaises à moins de 30 sélections n’ont pas encore pris le rôle de leadeur du football féminin et ne sont pas spécialement craintes par leurs adversaires.
  • Le jeu placé de l’équipe de France n’a pas les attaquantes pour déborder et assurer une passe décisive reprise au bon moment par les attaquantes. Cette action qui doit être idéale, n’arrive que trop rarement à se finaliser comme un but ou une occasion.

C’est avec ces réalités que l’Equipe de France doit aller vers une médaille et un titre. Pourquoi pas. Cela mettrait fin à l’idée du « rêve ». L’Allemagne, la Suède nous ont montré que l’on peut être « médaillé » avec l’application, et la rigueur de la réalité. Est-ce une expression française ?

Ce qui est certain, c’est que notre assise défensive est certainement au niveau mondial et la rentrée de Méline Gérard est un enjeu important qui doit aussi valider cela.

A cet égard, le tournoi SheBelievesCup de la prochaine semaine FIFA en début mars, qui regroupera les meilleures mondiaux (France, Allemagne, Etats-Unis, Angleterre) et auquel la France participera sera très important pour envisager l’avenir.

William Commegrain lesfeminines.

Résumé du match.