La photo de « PhootoRafettes » est, à mon sens, la plus belle émotion de cette année 2016 car elle parle à tous, sportifs comme non sportifs en ce sens qu’elle est la Madeleine de Proust de « l’esprit d’équipe » quand on pratique un sport collectif : le bonheur d’une délivrance.

Dans le noir qui représente l’interrogation, les joueuses de Rodez crient leur bonheur d’en être sorties comme le tableau de Géricault aurait pu nous le faire imaginer, balloté par une houle marine que l’on ne maitrise pas pour trouver, enfin, la stabilité de la vérité : les trois points de la victoire qui les font s’éloigner de la 11è place pour les ancrer à une bien meilleure septième place.

Le cri de la délivrance !

Ce cri collectif et cette envie de montrer l’exubérance de son émotion après une série de défaites prévisibles mais qui faisaient toucher aux ruthénoises la ligne rouge de la relégation montre à quel point, il faut du courage et de la détermination, après avoir subi les orages du Top Four, pour reprendre une route victorieuse qui ne l’est avec certitude, qu’après le match, pour être avant, aussi sinueuse que peut nous laisser les dessiner, le doute et l’interrogation quand ils nous envahissent.

Rodez subi le Cap Horn du football féminin

Juvisy, Montpellier, Paris Saint Germain, Olympique Lyonnais sont Le Cap Horn du football féminin et Rodez l’a passé dans la douleur (1 but marqué – 23 buts encaissés) sans souffler, quatre matches en cinq journées. En commençant par un 0-10 à Paul Lignon (4è J) subi face au Fcf Juvisy puis un 4-0 à Charléty reçu contre le PSG (5è J) ; suivi d’un 0-5 de l’Olympique Lyonnais (7è J) à domicile et la tornade s’est terminée par un 4-1 à l’extérieur contre Montpellier (8è J).

Les ruthénoises comme sur le Radeau de la Méduse

Alors, ce dernier match de fin décembre (11è journée, 17 décembre 2016) est donc essentiel pour le reste du parcours et on ne doute pas que chaque joueuse connaît l’importance de ce match, calé comme un autre dans le calendrier du championnat, en plein Centre de la France, et qui devient, à ce moment, pour Elles, le centre du monde.

En effet, Rodez reçoit Albi après des résultats en dents de scie face aux prétendants du maintien avec un nul face à l’OM à domicile (6è J, 2-2) ; une défaite face à Guingamp toujours à domicile (9è J, 0-3) pour enfin une seconde victoire à l’extérieur , après Metz, face aux Girondins de Bordeaux, deux clubs montants (10è J, 0-2).

A la veille du match, le bilan est ainsi fait : 2V, 3N, 5D. Mal placé sans être éliminées, les Rafettes savent que beaucoup de choses dépendront de ce match. Pour un des plus petits budgets du championnat, il n’y a qu’une seule solution : le courage, l’esprit d’équipe et la détermination pour affronter les Albigeoises, voisines.

De son côté, Albi Asptt a reporté plusieurs matches et se trouve collé à la première place du relégable sans pour autant avoir de certitudes d’y être au décompte final, ayant décalé trois matches (J7-Montpellier, J8-Soyaux, J9-Marseille) et sortant d’un 0-0 à domicile face à Saint-Etienne la semaine précédente (J10). En sachant que l’autre club amateur a des signatures dans son effectif et qu’il faudra bien que cela se manifeste dans les résultats ; Albi vient en ayant ses chances d’en sortir vainqueur, et autant besoin que les filles de Rodez.

La délivrance ! 

C’est avec ces deux enjeux distincts que les deux clubs s’opposent et le match donne raison aux inquiétudes des locales  avec une domination albigeoise rendant le futur parcours de Rodez difficile pour la reprise de Janvier. Pourtant, c’est sur un pénalty de Flavie Lemaître (71′ 1-0) qui sortira Rodez vainqueur alors qu’il n’aurait pas été scandaleux que ce soit les albigeoises qui prennent les trois points de la victoire.

Cette photo montre toute la délivrance des joueuses après cette nouvelle tempête dont elles sortent vainqueurs.

Enfin, le sort et le Dieu du Football avait choisi Rodez et son budget, petit poucet amateur qui doit jongler avec une élite féminine, confinée dans le centre de la France où les premières passions se font plus avec un ballon ovale que rond et une équipe masculine, qui normalement, devrait lui prendre les lumières des médias, à une encablure de l’élite nationale (National, D3 masculine), puisque premier et champion d’Automne en CFA du groupe D, fort de trois points d’avance.

Dans cette photo, les filles crient leur bonheur et leur joie. En plus, elles manifestent leur présence. Elles sont là et bien là !

Un vrai tableau de vérité qui retranscrit la vérité humaine du sport collectif quand on sort enfin d’une tempête pour arriver sur une accalmie, éloignant l’interrogation pour laisser la place à la bonne émotion : celle de la vérité des points attribués.

Belle photo de sport.

William Commegrain lesfeminines.fr