C’est certainement « le transfert » le plus significatif de l’Olympique Lyonnais que « l’entreprise de spectacle OL » vient de prendre en nommant Nathalie Dechy, ex-joueuse professionnelle de tennis, d’une part responsable de quelque chose d’assez vague et large dans lequel s’insère l’événementiel du Parc OL mais surtout en la portant au Conseil d’Administration de l’Olympique Lyonnais, lui donnant là un statut, une capacité d’écoute et bientôt un pouvoir dès son arrivée.

Si on part du postulat que les fonctions dans un club de football sont bien déterminées et la plupart du temps remplies. Nul doute qu’il en est ainsi à l’Olympique Lyonnais et on ne voit l’arrivée de nouveaux managers qu’en remplacement de départ d’un autre, pour des raisons de « fin de cycle » le plus souvent.

Alors, à l’analyse, l’arrivée de Nathalie Dechy semble être une création de poste et son introduction au Conseil d’Administration, une création de pouvoirs potentiels qui iraient alors bien au-delà de la sphère du football féminin dont les besoins actuels sont remplis en terme de compétences.

Aulas et ses coups de Maître envoie un message : « Soyez précurseurs. »

Jean-Michel Aulas étant un précurseur, il faut voir avec lui aujourd’hui et, – non pas demain- mais « après-demain ». C’est, à mon sens, son lieu d’action. Il a toujours montré que l’ambition d’agir en tant que « précurseur » est la clé pour conserver la première place et, pour les autres, s’ils avaient à s’y employer, la capacité à conserver de la performance.

Pour l’Olympique Lyonnais, cela lui a réussi dans le football masculin avec le premier transfert à 120 millions de francs de Sonny Anderson (2000) pour avoir sept titres masculins (2002 à 2008) et il est celui à avoir initié les contrats fédéraux pour le football féminin où il est le leadeur européen de ces six dernières années avec trois titres et deux finales européennes associés à dix titres nationaux consécutifs ainsi que cinq coupes consécutives (série en cours) sur six.

Jean-Michel Aulas organise la valorisation variée de son avantage concurrentiel : le Parc OL.

L’homme de 67 ans est le seul (*) à pouvoir utiliser un outil qu’il a initié et développé avec le Parc OL, qui lui permet d’ouvrir le nom de l’Olympique Lyonnais à d’autres événements que le football. En incorporant Nathalie Dechy et ses compétences dans le milieu du tennis professionnel féminin, il ouvre une seconde « ligne de produits » qu’il est le seul à pouvoir faire en France avec la meilleure des légitimités, de par le succès des lyonnaises dans le football féminin.

Ce faisant, il donne une réalité au mot « entreprise » pour l’Olympique Lyonnais, tout en ne perdant pas celui que la masse comprend et réclame : c’est à dire « le club Olympique Lyonnais » lui assurant la capacité de remplir son stade.

Cet équilibre est un travail d’orfèvre tant l’argent et l’ambition peuvent être, auprès du plus grand nombre, l’antithèse de la passion, dès lors qu’on lui donne le sens de la raison.

Le tennis, une voie économique déjà bien installée.

Il nous conforte aussi sur les limites du « football féminin ». Soit dans sa globalité, l’idée ayant atteint sa première phase de maturité ; soit pour l’Olympique Lyonnais, le nombre d’acteurs augmentant, se partageant la même ressource rendant le produit trop cher par rapport à son rendement et intègre un produit nouveau « le tennis féminin » qui lui, dispose d’un cadre économique bien plus éclairé, porteur, mature sur une nouvelle cible marketing « CSP+ » et qui génère moins de coûts quand on doit les comparer à la gestion d’une équipe professionnelle de football de l’élite mondiale et à ses nombreuses et diverses identités.

Le girlpower est le grill de l’échec économique

Enfin, il sort et n’y est jamais réellement entré, dans ce choix du féminisme chevillé au « football féminin » pour justifier d’une compétence managériale, ne tombant pas dans le piège d’une décision justifiée par « un penchant freudien » des « girlspowers », trouvant dans le drapeau des LGBT, le ticket d’entrée pour une expression décisionnaire et un rôle dans le sport féminin, avec un soupir de satisfaction proche de celui de la jouissance sportive. A « tuer l’autre » comme à gagner.

La question féminine devenant un avantage et pas une clé d’entrée. Un peu à l’image d’une Anne-Sophie de Kristoffy qui est certainement, une femme professionnelle avant d’être, comme toute femme, une féministe.

Jean-Michel Aulas fait le choix de la jeunesse et de la compétence. 

Il offre, à une compétence validée par l’Essec (Master de marketing sportif), dans le cadre d’une reconversion en alternance de SHN (Sportive de Haut Niveau), une première expérience professionnelle dans un des meilleurs clubs mondiaux de l’élite du sport féminin, pour assurer la réalité d’un projet de développement et partager des capacités décisionnaires au plus haut niveau.

C’est que la rencontre entre ces deux personnages a donné un sens au mot « talent ». C’est à dire à cette capacité de voir avant les autres et de mettre en oeuvre, auprès d’une variété d’acteurs, non pas un ballon ou une idée, mais un projet d’entreprise qui doit avoir une finalité économique pérenne.

Qui a demandé ? Qui a sollicité ? Difficile de savoir. Ce qui est certain, c’est qu’il faut suivre la Dame. Elle peut être appelée à un « grand pouvoir », pour initier un modèle – voire plus si affinités- qui pourrait se présenter comme celui de la Compagnie des Alpes, parti de la gestion des remontées de stations de ski déficitaires (La Plagne, Tignes, Val d’Isère, ..), aux Parcs de Loisirs extérieurs (Parc Astérix) européens et aux Loisirs Indoor (Les Musées Grevin) pour devenir un leadeur européen valorisé en Bourse à 18 € 31 l’action (cours au 27 décembre 2016).

Pour ma part, j’ai hâte de voir les nouveaux chemins marketing qui vont être initiés.

Au final, il montre à tout le monde que c’est le choix des compétences qui est essentiel dans le sport. La première étant de ne jamais s’éloigner de collaborateurs associés à la performance. Le confort, c’est déjà la mort. A défaut, les gens comme les structures disparaissent dans la « machine à laver » de la concurrence.

Souvent, pour toujours ou pour longtemps.

William Commegrain lesfeminines.fr

(*) l’AC Ajaccio et l’AJ Auxerre sont les deux autres clubs propriétaires de leur stade en France quand en Angleterre, 18 clubs sur 20 de Première League le sont ; en Allemagne 8 sur 18 (le Bayern de Munich, le Borussia Dortmund et Schalke04) ; en Espagne 11 sur 20 (le Real de Madrid, le FC Barcelone, l’Atletico de Madrid et le FC Valence) alors qu’en Italie, ils ne sont que 2 sur 20 (Inter Milan et Milan AC).

PS : Nathalie Dechy, 37 ans, mariée, 3 enfants, ex-joueuse de tennis professionnel, finaliste Fed Cup 2004-2005. Sept titres de gagnés et sept finales perdues. Gains tournois 4.281.064 $ pour une activité professionnelle de 1994 à 2009 avec un meilleur classement de 7è mondial (source wikipedia).

Professionnellement, après avoir été consultante tennis sur Canal +, depuis novembre 2011, et consultante à la FFT. Elle a été co-directrice du Tournoi de Biarritz après le décès de Patrice Dominguez offrant un plateau de la 50è à la 150è place mondiale pour un prize de 100.000 $ (source Sud Radio) et s’est intégrée à l’équipe dirigeante de Roland Garros (source Le Parisien) en s’occupant des relations avec les joueuses et des relations institutionnelles avec la WTA.