Si Alex Morgan a de bonnes raisons de tenter un « deal sportif » en France, et que l’on peut penser qu’elle n’est pas venue pour les beaux yeux du Président lyonnais bien qu’il serait logique que ce dernier se soit, lui fait « ensorceler » par ceux de la joueuse américaine ; qu’en est-il des conséquences pour l’Olympique Lyonnais qui va intégrer une joueuse mondiale pendant une période de six mois ?

Trop de concurrence tue la concurrence. 

La phrase est facile mais elle a le mérite d’être claire. Gérard Prêcheur m’avait dit en début de saison qu’il possédait de quoi faire deux équipes de très grande qualité. Déjà, la concurrence était à son plus haut niveau et les joueuses qui ont réussi à gagner des places méritent le respect de la performance.

Sur le plan offensif, voici les joueuses qui portent le maillot lyonnais cette saison : Camille Abily, Claire Lavogez, Dzsenifer Marozsan, Amel Majri, Pauline Bremer, Delphine Cascarino, Ada Hegerberg, Eugénie Le Sommer, Mylaine Tarrieu, Elodie Thomis pour au mieux cinq places suivant la tactique utilisée (deux attaquantes, trois milieux, deux récupérateurs, trois defenseurs).

A cela il faut rajouter Kenza Dali et Aurélie Kaci bien qu’elle soit plus amenée à jouer sur les côtés, en défense.

Enfin vient Alex Morgan. Toujours pour cinq places.

L’enjeu de l’Euro 2017 pour l’équipe de France.

Dans l’effectif lyonnais, il y a de nombreuses joueuses, jeunes, qui ont l’objectif de l’Euro présent dans leurs esprits. On pense à celles qui ont gagné des médailles dans les jeunes (U19, U20), que ce soit en 2014 ou en 2016.

S’il est vrai qu’Olivier Echouafni peut sélectionner des lyonnaises qui ont perdu du temps de jeu dans cette seconde partie de saison en partant de l’idée raisonnable que la qualité et le niveau de l’entraînement lui offrent des certitudes ; il reste que rien ne vaut la compétition pour aiguiser le sens offensif des joueuses, notamment dans la configuration présente, où pour la première fois depuis longtemps, l’Olympique Lyonnais se trouve à la seconde place du classement, obligé à maintenir une performance.

Si des joueuses ont un parcours connu et maitrisé qui leur garantit une place du simple fait que l’interrogation possède immédiatement sa réponse, certaines jeunes joueuses n’ont pas cette antériorité et elles risquent de perdre du temps de jeu qui aurait pu leur être profitable pour une possible sélection dans le groupe, voire mieux. On peut penser à la plus prometteuse Delphine Cascarino, mais il peut y en avoir d’autres.

La non-adaptation de la joueuse américaine. 

J’ai été frappé par les problèmes de décision de la joueuse américaine qu’elle a exposé lors de ses interviews. Souvent liés à son environnement habituel. Son cocon. Puis, les Etats-Unis. On ne parlait pourtant que d’une pige de six mois. S’ils étaient véridiques, on peut s’interroger sur l’adaptation de l »internationale aux conditions hivernales qui l’attendent en comparaison de celles qui existent en Floride.

De plus, si on rajoute le problème de la langue et celui de la distance avec son mari ; il n’est pas évident qu’elle puisse s’adapter aussi rapidement que cela et tous les clubs de D1F qui ont reçu des joueuses étrangères se sont aperçus, à l’usage, qu’une courte durée n’est pas une garantie de réussite. Même l’Ol avec le départ négocié de Megan Rapinoe en 2012-2013.

La solitude et l’indépendance sont des arts difficiles à maitriser, notamment quand ils sont confrontés à la performance, si trop d’émotions ressurgissent.

Le choix de Gérard Prêcheur. 

Si on considère les propos de Jean Michel Aulas qui fait un lien direct entre la venue de l’américaine et le « business » de la marque Olympique Lyonnais aux Etats-Unis -choix stratégique compréhensible- ; il reste qu’en France les rôles sont bien répartis. Et celui du choix des joueuses sur le terrain est du domaine du technicien.

Qui a vu Gérard Prêcheur sortir en trombe des vestiaires du Camp des Loges ne peut qu’agréer à cette interrogation que je propose. La situation n’a pas dû être calme dans les vestiaires de l’Olympique Lyonnais ce Samedi 17 Décembre, après la défaite 1-0 face au PSG leur faisant perdre la première place du classement.

Le choix présidentiel sera-t-il le choix du coach ? C’est une question au quelle Alex Morgan est la première à pouvoir répondre en fonction de la qualité de ses entraînements mais à niveau proche avec d’autres joueuses, quel sera le choix du technicien français ? C’est une question qui mérite d’être posée pour attendre la réponse.

L’idéal : Alex Morgan gagne sa place et fait gagner l’OL pour le titre et la Champion’s League.

C’est ce qu’attendent les fans de l’Olympique Lyonnais et c’est la raison qu’accepteraient les autres. C’est simple et efficace. C’est pourtant, en quelque sorte, le problème de l’Olympique Lyonnais. D’un idéal, cela devient un objectif. Pas si facile. il faudra vraiment des championnes et des déterminants de dynamique de groupe pour l’atteindre.

La dernière finale s’est jouée aux tirs au but face à Wolfsburg (1-1) bien qu’avec une domination lyonnaise constante.

Jean-Michel Aulas joue un quitte ou double.

Ce Président a du Didier Deschamps en lui. Il ne lâche rien. Sauf qu’il a besoin d’autres joueurs pour marquer les buts qui lui permettront d’atteindre la victoire. Et là, il met tout son groupe de l’Olympique Lyonnais en pression.

Réussira ? Réussira pas ? Le pire, ce ne serait pas l’élimination face à Wolfsburg, mais une finale de Women’s Champions League entre l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain. Gagnée par le PSG. Le bénéfice outre-atlantique en reviendrait au club de la capitale. Gratuit. Sans rien investir.

Le mieux, car on fait les choses pour qu’elles réussissent : la victoire européenne de Lyon et le titre national. Et alors, l’Olympique Lyonnais serait sur le toit du monde féminin avec une notoriété incroyable aux Etats-Unis.

Je vous le dis. Jean-Michel Aulas joue un coup. Quitte ou Double. Le challenge en vaut le coup.

William Commegrain lesfeminines.fr

Jean Michel Aulas et l'olympique Lyonnais. Crédit Rmc. Lesfeminines.fr

Jean Michel Aulas et l’olympique Lyonnais. Crédit Rmc. Lesfeminines.fr