Paris Saint Germain – Fcf Juvisy Essonne. Samedi 10 Décembre 2016. En direct sur Eurosport. 15h00. Je ne sais pas pour quelles raisons logiques autre que celles d’une rencontre ; j’ai le sentiment que l’on va voir un des meilleurs matches de leur saison entre ces deux équipes et peut-être une surprise !?

Il faut dire qu’un PSG Juvisy ne peut pas laisser indifférent le petit monde du football féminin. Elles sont innombrables les joueuses ayant porté les deux couleurs en partant de Brigitte Henriquès (N°2 de la fff), Julie Soyer, Elise Bussaglia, Karima Benameur, … sans rappeler celles qui ont porté le maillot de l’un des deux clubs.

Patrice Lair, le coach du Paris Saint Germain met son équipe aux abois. Le message est clair : « Attention danger ! ». Il faut dire que l’ex-coach lyonnais a toujours craint les essonniennes. Pourtant, le site du PSG féminines rappelle que les deux équipes resteront éloignées en terme de points (24 pour le PSG, 12 pour Juvisy) quelque soit le résultat, même si elles n’ont pas le même nombre de matches (8 pour le PSG, 7 pour Juvisy).

Il reste que dans la région parisienne, les deux équipes sont leadeurs depuis que Saint Maur leur a laissé l’étendard francilien (fin des années 1999). Et si le PSG voit venir Montpellier sur ses talons après quatre années européennes de suite, il lui faut impérativement s’imposer pour maintenir sa différence quand pour Juvisy, l’expérience leur fait dire que rien n’est jamais perdu d’autant plus que j’observe, que les matches sont de plus en plus serrés et les surprises pourraient poindre assez rapidement à l’horizon, à l’image du foorball allemand avec un Vfl Wolfsburg, à la cinquième place alors que vice champion d’europe 2016.

Si les points ne sont donc pas l’objet direct du match. L’esprit, l’Histoire et l’orgueil sont au coeur de ce match.

Le mot Derby a toute sa valeur dans cette rencontre.

2011-2012. Juvisy s’impose devant le PSG et lui prend la place européenne. 

Je me souviens très bien d’un premier match que j’ai vu entre Juvisy et le PSG où s’était intégré Cyrille Eldin, l’inattendu journaliste de Canal+ qui en était à ses débuts et on avait assisté à une conférence d’après match, en zone mixte, sur des bancs « d’école » du stade Michel Hidalgo de Saint Gratien, dans une salle improvisée, avec une victoire de Juvisy (1-3) non discutable bien que facilitée par un corner direct de Virginie Mendès, mal capté par Véronique Pons qui quelques matches auparavant (30 novembre 2011), avait réussi l’exploit de garder ses cages inviolées, à Dominique Duvauchelle contre l’Olympique Lyonnais.

Les stars étaient Allie Long et Ella Masar, américaines et le PSG avait connu son heure de gloire face à Frankfurt en 8è de finale de la Womens Champions League à Charlety.

A cette période, la balle était dans le camp de Juvisy. A la suite de cette saison, Juvisy avait pris le relais européen après un dernier match à Bondoufle pour jouer le titre face à l’OL, qui fera ainsi son premier triplé (coupe, championnat, Coupe d’Europe).

La saison 2012-2013, la balle est dans le camp parisien. 

La saison 2012-2013 est la saison où les parisiennes se mettent à chanter « les sardines » à Maquin sous la baguette de Sabrina Delannoy, sa capitaine emblématique trop heureuse de voir un kop parisien venu les supporter pour cette première année de professionnalisme (deux victoires pour le PSG) sous la houlette du projet de Farid Benstiti. Les parisiennes commencent à enclencher les sélections et le PSG se fait référencer comme un des nouveaux fournisseurs de l’équipe de France qui ira à l’Euro 2013. Juvisy n’est pas loin mais doit passer le relais à un PSG tendance allemand et américain.

2013.2014. Juvisy arrive à s’imposer mais le PSG reste second.

La saison suivante, les filles savent que la seconde place se joue dans cette rencontre, Montpellier n’étant pas encore au niveau de pouvoir y postuler. Nous sommes en Novembre 2013 et les essoniennes avaient réussi à l’emporter à Charlety sur la plus petite des différences (0-1) avec une tête retournée de Sandrine Bretigny servie par Gaetane Thiney, sur un coup franc déposé dans la surface.

Le but de Sandrine Bretigny face au PSG. Saison 2013-2014. crédit lesfeminines.fr

Le but de Sandrine Bretigny face au PSG. Saison 2013-2014. crédit lesfeminines.fr

Je me souviens d’avoir vu Nelly Guilbert et Julie Soyer entamer quelques pas de danse dans la zone mixte. Elles voyaient Juvisy prendre le billet européen. Sauf que, le PSG était déjà lancé dans une phase lyonnaise, c’est à dire sans erreur (deux défaites) en faisant l’exploit de gagner contre l’OL (18 janvier 2014), quand Juvisy dû laisser des points inattendus face à Soyaux (1-2).

Paris se construisait, Juvisy s’opposait. On était toujours au coeur d’un enjeu sportif important.

Dans cette saison, les filles se battront jusqu’au dernier souffle

Pourtant il reste une chance pour les essonniennes. L’avant dernier match se jouera à Bondoufle et décidera de la place européenne. Il suffit de gagner à domicile pour Juvisy, un match nul et l’Europe sera pour le PSG. Quelques temps auparavant, en Coupe de France, pour une demi-finale, le PSG donnera la leçon à JUvisy en s’imposant 0-6 à Bondoufle.

Mais cette saison a été la plus belle saison de Gaetane Thiney. Elle récoltera d’ailleurs le titre de « Meilleure joueuse de la D1F féminine » délivré par l’UNFP, qui sera corroboré par la reconnaissance de ses pairs avec celui de la meilleure joueuse de D1F donné par la fédération. Le tout avec un titre de meilleure buteuse qui se sera disputé jusqu’au huit dernières minutes du championnat de France entre Marie Laure Delie (PSG, 24 buts) et Gaetane Thiney (Juvisy, 25 buts).

Une vraie saison de performances pour le football feminin sans twitter, sans facebook, sans fake, sans Coupe du Monde et sans artifice excessif. Du pur talent.

Gaetane Thiney fera un match unique et extraordinaire pour « cette revanche ». D’abord en interceptant une erreur incroyable de Kiedrzynek Katarzyna (5′) qui fait sa première saison et vient tout juste de gagner sa place face à Karima Benameur, alors en équipe de France. Mais Marie-Laure Delie ne l’entend pas de cette oreille et elle fait jouer toute sa puissance pour égaliser dans la foulée (16′) en s’imposant devant Nelly Guilbert ! C’est la jeune américaine Lindsey Horan qui plante un but sur une erreur d’appréciation d’Annaig Butel et de Céline Deville quand Nelly Guilbert (85′) fait trembler Bondoufle en égalisant sur un de ses rares et là, magnifique but ! Tout est fini à 2-2.

Sauf que l’arbitre Séverine Craipeau accorde un coup franc à la dernière minute à Juvisy, excentré sur la gauche du terrain quand on attaque.

Gaetane Thiney prend le ballon. Le pose et envoie une balle montante qui descend comme la flèche de Guillaume Tell dans la lucarne parisienne ! Tout le monde se lève ! Un vrai silence et soudain, venu du fin fond de la performance sportive, l’inconnue gardienne polonaise, arrivée pour être 3ème, Katarzyna Kriedrzynek fait une superbe horizontale pour déposer la balle sur la transversale, sous les yeux ébahis des 22 joueuses qui voyaient là, et vivaient là, ce que le sport fait de mieux.

kiedrzynek (katarzyna). les qualités de détente de la gardienne parisienne. crédit PSG. lesfeminines.fr

kiedrzynek (katarzyna). les qualités de détente de la gardienne parisienne. crédit PSG. lesfeminines.fr

L’authenticité de la performance. Je revois encore Philippe Bondrieux, responsable de la section féminine du PSG, s’asseoir et souffler.

Je ne suis pas convaincu de revoir, un jour, dans le championnat de France, un tel match avec un tel enjeu, finir de la sorte. Gaetane Thiney, nous confiera, lors d’un repas : « ce coup franc, je l’ai rêvé la veille ! C’est pour cela que j’étais aussi sûr quand je l’ai tiré ». 

A l’écriture, je comprends pourquoi j’ai suivi le football féminin quand tant d’autres ont tout fait pour que j’arrête.

Derby 2016-2017. Respecter l’Histoire.

Le match de demain après-midi se jouera à 15 heures. Il reste des joueuses de ces histoires. De nouvelles sont arrivées. D’autres viendront. Des jeunes se sont insérées, re-visitant les derbys vécus en U19. Certes le Paris Saint Germain est devant. Depuis deux, trois saisons, les féminines ont imposé leur victoire.

Mais les derbys n’existent que parce qu’il y a des Histoires, qui font partie de l’histoire des clubs. De leurs ADN.

Pour moi, le Paris Saint Germain reçoit Juvisy en position intermédiaire. Les juvisiennes viennent au Camp des Loges sans contrainte et avec une habitude de travail qui leur donnent les clés du match quand pour les parisiennes, chamboulées à l’intersaison, partie rêver en Papouasie Nouvelle Guinée, cherchant encore leur place dans un effectif d’internationales, ayant beaucoup donné pour tenir cette seconde place, le besoin de repos pourrait se faire sentir.

Alors, si c’est le cas, Juvisy les croqueront sans coup férir.

Patrice Lair a raison de mettre tout le monde en éveil. Juvisy, c’est comme un crocodile. Elles peuvent être immobiles, vivre cent ans, et tout d’un coup, sortir le coup de dents qui renverse les pronostics.

Visiblement, le calme est dans l’air. J’ai toujours vu Juvisy comme des motardes en Harley Davidson. Pétaradantes. Je pense que ce match va faire du bruit.

Bon match aux deux équipes.

William Commegrain lesfeminines.fr

Les joueuses des derbys évoqués ci-dessus (source footofeminin.fr)

Pour le Paris Saint Germain :

PSG – 2011-2012 (1-3) : 30-Véronique Pons, 7-Julie Soyer, 2-Delphine Blanc, 5-Sabrina Delannoy ©, 8-Nonna Debonne, 15-Elise Bussaglia, 22-Kenza Dali, 20-Caroline Pizzala, 28-Alexandra Long (10-Nora Coton-Pelagie 76′), 11-Jessica Houara d’Hommeaux (14-Candice Prévost 82′), 27-Ella Masar (12-Cindy Thomas 63′), Entr.: Camillo VAZ. Non utilisées : 24-Elodie Bayle, 16-Nelly Mutnik

PSG (0-1) : 16-Karima Benameur, 3-Laure Boulleau, 4-Laura Georges, 13-Annike Krahn, 11-Jessica Houara d’Hommeaux, 20-Caroline Pizzala, 17-Aurélie Kaci (12-Léa Declercq 61′), 2-Kenza Dali (5-Sabrina Delannoy 61′), 10-Linda Bresonik © (14-Kheira Hamraoui78′), 29-Kosovare Asllani, 18-Marie-Laure Delie, Entr.: Farid Benstiti. Non utilisées : 30-Véronique Pons, 24-Ghoutia Karchouni

PSG (2014, 2-2) : 1-Katarzyna Kiedrzynek, 11-Jessica Houara d’Hommeaux, 4-Laura Georges, 5-Sabrina Delannoy ©, 3-Laure Boulleau, 2-Kenza Dali, 20-Caroline Pizzala, 14-Kheira Hamraoui, 27-Tobin Heath (10-Linda Bresonik 65′), 18-Marie-Laure Delie, 7-Lindsey Horan, Entr.: Farid Benstiti. Non utilisées : 13-Annike Krahn, 16-Karima Benameur, 17-Aurélie Kaci, 29-Kosovare Asllani

Pour le Fcf Juvisy-Essonne.

Juvisy (2011-2012, 3-1) : 16-Marion Mancion, 7-Emilie Trimoreau, 2-Nelly Guilbert, 10-Annaig Butel, 3-Gwenaëlle Butel, 19-Inès Dhaou (8-Virginie Bourdille-Mendes 46′), 6-Sandrine Soubeyrand ©, 17-Gaëtane Thiney, 4-Amélie Coquet, 9-Laetitia Tonazzi, 22-Janice Cayman (11-Julie Machart 70′), Entr.: Sandrine MATHIVET. Non utilisées : 1-Audrey Malet, 15-Nadia Benmokhtar, 20-Charlotte Fernandes

Juvisy (2012, 1-3) : 16-Marion Mancion, 7-Emilie Trimoreau, 2-Nelly Guilbert, 10-Annaig Butel, 3-Gwenaëlle Butel, 19-Inès Dhaou (8-Virginie Bourdille-Mendes 46′), 6-Sandrine Soubeyrand ©, 17-Gaëtane Thiney, 4-Amélie Coquet, 9-Laetitia Tonazzi, 22-Janice Cayman (11-Julie Machart 70′), Entr.: Sandrine MATHIVET. Non utilisées : 1-Audrey Malet, 15-Nadia Benmokhtar, 20-Charlotte Fernandes.

Juvisy (2014, mai, 2-2) : 1-Céline Deville, 22-Janice Cayman, 2-Nelly Guilbert, 10-Annaig Butel, 27-Julie Soyer, 4-Amélie Coquet, 6-Sandrine Soubeyrand ©, 8-Inès Jaurena (11-Julie Machart 78′), 28-Camille Catala, 13-Kadidiatou Diani (9-Sandrine Brétigny 66′), 17-Gaëtane Thiney, Entr.: Pascal Gouzènes. Non utilisées : 14-Aïssatou Tounkara, 16-Marion Mancion, 23-Sandrine Dusang. 

Pour ma part, j’avais un collègue qui avait une fille de 10 ans malade. Il voulait lui faire découvrir le football féminin avec ses copines. D’où ma demande de quatre places. Sans jugement, juste pour explications.