Elle aurait dû en être. Il a fallu un tacle trop prononcé face à Montpellier sur la magnifique pelouse du Camp des Loges pour que le rêve de ce superbe voyage en Papouasie Nouvelle Guinée passe du côté « passif » pour cette jeune joueuse de 17 ans, star de sa catégorie d’âge, meilleure buteuse de l’Euro U19 2016 et titulaire au Paris Saint Germain avec déjà cinq buts au compteur.

L’occasion était trop belle de lui donner la parole pour qu’elle envoie, de France, des ondes positives à ses coéquipières qu’elle a quitté sur le perron de Clairefontaine, billet pourtant poche.

La jeune fille, mature, montre dans ses réponses ce qu’est une sportive de haut niveau. Le gain de la dernière marche et on comprend mieux pourquoi, il y a ceux et celles qui travaillent pour y arriver et d’autres qui ont la certitude qu’elle leur est due n’ayant plus qu’à travailler pour l’obtenir.

Marie-Antoinette Katoto met son sixième but de la compétition et met la France en orbite pour le titre. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Marie-Antoinette Katoto met son sixième but de la compétition et met la France en orbite pour le titre. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Marie Antoinette Katoto, j’imagine que tu as suivi le parcours des U20 ? 

« Bien sûr que je les ai suivi. C’est un beau parcours pour le moment. Il reste Samedi à 10h30 pour le finir. » Dans cette phrase, vous avez la réponse aux quelques lignes écrites au-dessus. Pas un mot sur l’adversaire, pas un mot sur le match. Juste, le résultat.

Qui peut mieux qu’elle sentir que les choses allaient prendre une telle tournure pour l’équipe de France ? 

« Après le match face au Ghana (NDLR 2-2, égalisation à la 95′ de Clara Matéo qui pour moi, à ce moment, a offert le titre à l’équipe de France) je savais que tout allait se débloquer. Il y’a eu la déception, la frustration, ce qui est normal mais maintenant tout va mieux ! J’espère vraiment que Samedi le match se terminera par la victoire. »

Ce qui est appréciable dans le sport de haut niveau, c’est le niveau de confiance. Souvent en France, on a condamné la confiance avant-match, de peur de la conséquence. En cas de résultat défavorable. Et alors ? On supporte l’échec. A l’inverse, je ne crois pas que l’on puisse gagner un match de haute compétition sans un maximum de confiance.

Avez-vous eu des émotions particulières tout au long de ce parcours des U20 ?

« Oui, le quart de finale contre l’Allemagne (1-0) était magnifique. La demi-finale (face au Japon 2-1) aussi. J’attends la finale avec impatience. Mais aussi, tout ces moments avec les enfants à Port Moresby sont fabuleux. »

Le sport de haut niveau quand vous êtes sélectionnée dans une équipe nationale vous fait voyager au bout du monde pour vivre des émotions sportives et humaines incroyables.

J’en profite pour revenir à cette victoire lors de l’Euro 2016, totalement dantesque au niveau des conditions météo et de la fin du match qui s’était terminé au-delà de minuit. Que s’est-il passé à cet Euro ? 

« À l’euro, le groupe était très soudé. Il y’avait une grosse force de caractère sur tous les matches, même le premier que l’on perd. Au moment de la finale, la longue attente de deux heures .. on a rien vu passé ! On était trop excité ! On aurait pu rester là toute la nuit. On attendait tellement cette coupe ! »

Ni passé, ni futur. Seulement le match quelque soit les conditions.

Et là, comment sentez-vous l’équipe ? 

« Je la sens de mieux en mieux, match après match mais j’ai l’impression qu’elles n’ont pas encore tout lâchés ! » Je suis de tout cœur avec elles, quoi qu’il arrive je suis fière d’elles ! Un beau parcours pas facile. Tout donner pour le dernier match comme d’habitude ! puis la petite note d’humour et de sourires dont on a toujours besoin à cet âge pour terminer une idée ou un message et « surtout de profiter de la chaleur parce qu’ici il fait très très froid, » « que j’ai hâte de les revoir », « sauf Hawa et Grace  ! » (ses deux « soeurs » parisiennes).

Vous risquez de les voir souvent ! 

« Oui, elles me manquent ! On va se voir souvent ! souvent ! »

Je termine en lui demandant si elle connaît leur cri de guerre, tout en sachant que c’est très personnel. La vie d’un groupe. Alors la jeune joueuse s’amuse de ma demande. « Je ne sais pas ..« . « Nous c’était l’Euro« . « Je sais plus ..« 

Elle le garde pour elle. Elle a raison. C’est son lien avec le groupe.

A l’écriture, je suis certain qu’elle le criera, chez elle, dans sa maison quand elle verra les filles dans le couloir qui mène au carré vert. Dans ce couloir où rien n’est écrit mais où beaucoup de choses s’écrivent à l’avance.

Comment être calme quand on a 20 ans, dans un couloir qui vous mène au titre mondial ?

C’est là toute la force du drapeau pour s’unir. C’est là toute la force de l’hymne pour s’unir. C’est là toute la force de l’équipe et c’est là que commence le bonheur de toucher sa première balle, pour la réussir et pour combattre.

Quoi qu’on en dit, le sport de Haut niveau n’est pas idéal. Il est juste à part. Pour qui le comprend, c’est un plaisir et un bonheur de voir une performance.

Alors, je n’imagine même pas pour celui ou celle qui la fait.

William Commegrain lesfeminines.fr

Marie Antoinette Katoto. Confiance avec Ouleymata Saar. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

Marie Antoinette Katoto. Confiance avec Ouleymata Saar. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr